A La Chassagne, tentadero pour la novillera Raquel Martín, récente triomphatrice de la non piquée d’Arles, venue avec son apoderada Cristina Sánchez...

On a encore en mémoire la brillante prestation de la novillera salmantina le 6 juin dernier, en prologue matinal de l’alternative de Rafi... Et pour un coup d’essai, car c’était une première pour elle, Raquel a convaincu l’auditoire par un potentiel prometteur, mis en exergue face aux bons erales des frères Gallon.

Aussi, retrouver la novillera en compagnie de son mentor ravivait bien sûr le souvenir et s’il avait fallu une preuve supplémentaire de ses capacités toreras, cette tienta tombait à point nommé.

En effet, devant trois vaches estampillées Jalabert d’inégal comportement, Raquel, bien téléguidée depuis un burladero par Cristina, la brega étant assurée par son éooux Alejandro, a fait les efforts nécessaires avec chacune d’entre elles, notamment la seconde, de meilleur son, pour imposer par son entrega et sa décision une personnalité qui est en train d’éclore. Malgré la gêne occasionnée par un vent assez violent par moments qui l'a obligé à trouver des terrains plus propices, mais ça aussi, ça fait partie de l'apprentissage...

N’oublions pas que Raquel n’en est qu’à ses débuts, qu’à Arles elle a signé en amont un bel exploit pour sa première course en traje de luces et qu’elle n’en est encore qu’à son apprentissage, en aucun cas un produit fini. Mais on a pu s’apercevoir qu’en de telles mains, la progression de la Salmantina ne peut que prendre des contours positifs qui devraient d’ailleurs augurer d’une suite favorable pour son épanouissement et l’entrainer assez rapidement vers la novillada piquée. On n’en est pas encore là, mais certaines séquences réalisées ce dimanche dans la placita des Jalabert sont venues en témoigner.

A l’issue du tentadero, on a pu dialoguer lors d’un moment très convivial avec les différents protagonistes, histoire notamment d’un peu mieux connaitre Raquel et d’en savoir un peu plus sur son futur proche... Concernant son triomphe d’Arles et ses éventuelles répercussions, Raquel a confié qu’elles ont été plus nombreuses que ce qu’elle aurait pu penser. « J’étais très heureuse de ce succès et en fait, j’ai reçu beaucoup de sollicitations de la part des médias, bien plus que ce à quoi je m’attendais. Et ça m’a vraiment surpris »...

Ensuite, elle a toréé une novillada dans un pueblo de Salamanque où ça s’est aussi bien passé et au cours de cet été, elle devrait participer à une dizaine dans son pays. En ce qui concerne la France, elle compte bien y revenir l’an prochain... mais en novillada piquée ! Pour l’heure, elle continue de fréquenter l’école taurine de Salamanca, c’est là où elle a appris les rudiments du toreo depuis ses débuts en 2014. Elle ne savait alors encore rien, puis tout cela est devenu plus sérieux depuis deux ans.

« A la maison, ils sont tous aficionados et à l’origine, c’est mon frère qui voulait devenir torero ! Quant à moi, je dois dire qu’au début, mes parents ne souhaitaient pas me voir toréer, surtout mon père. Mais les choses ont évolué et à présent, ils sont à fond derrière moi. »

Le Campo Charro comprend de nombreuses ganaderías et je dois dire que le soutien des éleveurs est très important. J’en bénéficie avec l’école, avec laquelle les occasions de toréer ne manquent pas. Outre les tentaderos que me trouve Cristina, c’est aussi une chance d’être soutenu par la Diputación. »

Cristina est ensuite revenue sur les circonstances de sa rencontre avec Raquel qui est passée par son professeur José Ignacio Sánchez, en outre directeur de l’école, qui lui avait suggéré de la voir à l’œuvre lors d’un tentadero. « Il me l’a présentée, et au début, elle m’a fait impression parce que j’ai vu en elle quelque chose de différent, dans sa manière de toréer, bien que l’ai trouvée très verte. En vérité, Raquel m’a quelque part ramenée à ma propre situation à l’époque de mes débuts, quand je tientais souvent avec El Juli. Peu à peu, j’ai noté une progression qui m’a fait penser qu’elle avait un futur dans les toros et c’est pour moi une expérience passionnante... Dans ce chemin qui sera très long et difficile, je tiens à remercier Juan Bautista pour nous avoir ouvert les portes de son arène et de sa ganadería car ainsi, nous avons pu faire un grand pas en avant. »

Jean-Baptiste a répondu en rappelant que l’engagement de Raquel était une sorte de pari, avec la curiosité qu’il générait de voir toréer une fille dans la plaza arlésienne. Il savait qu’il pouvait s’y produire quelque chose d’important et ça a constitué une chance d’avoir pu organiser ses débuts. Il a eu l’opportunité de la voir à l’œuvre au campo à côté de Marcos (son jeune protégé Marcos Pérez) et il pense que c’est une bonne chose pour l’avenir. Quant au fait d’avoir engagé une fille, il a déclaré que ça a éveillé de la curiosité chez les aficionados. Il a confié que le nouveau maire Patrice de Carolis l’a appelé à l’issue de la course pour lui dire notamment sa satisfaction d’avoir vu en elle la triomphatrice de la temporada ! Pour ajouter une note d’humour, Jean-Baptiste a tout de même ajouté qu’en réalité, il n’y avait pas eu alors encore beaucoup de courses...

Cristina a ensuite confié qu’elle n’avait pas l’intention d’apodérer quelqu’un d’autre, qu’elle comptait bien poursuivre ce qu’elle fait depuis des années dans le domaine de la communication, mais avec Raquel, c’est un réel challenge, compte tenu de la situation actuelle, autant dans le registre taurin que social. En ce qui concerne les « certamens », compétitions organisées pour les élèves des écoles taurines, Raquel n’y participe pas dans la mesure où sa préparation prend d’autres formes, par le toreo de salon comme par les tentaderos. Pour Cristina, Raquel est un diamant brut qu’il faut polir par le travail, un projet motivant pour bien réparer son passage à l’étage supérieur.

A la question de savoir si elle serait répétée à Arles, Jean-Baptiste a rappelé qu’elle a débuté et aussi fêté l’anniversaire de sa majorité chez nous. « Tout arrive à son moment » a-t-il ajouté. Alors, wait and see ! 

Pour l’heure, on va souhaiter à cette « pareja » une bonne temporada 2021, que Raquel continue à progresser et à surprendre, et qu’elle nous revienne encore plus forte. Suerte !!!