Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Lundi, 19 Juillet 2021

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Madrid : Jeudi 20 mai 1964 - Confirmation d’alternative de Manuel Benítez Pérez « El Cordobés »...

Ambiance...

Foule

« C’est pour arracher l’un des 2600 précieux billets - correspondant à la quotité règlementaire de billets à mettre en vente le jour même de la course - dont la vente va débuter que la foule a envahi la calle Victoria. La ruée a commencé la veille au soir et seule une nuit de couronnement dans les rues de Londres peut se comparer à celle que vient de vivre le vieux et pauvre quartier de Madrid. Vers 22 heures, des gosses vêtus d’uniformes à boutons dorés se sont répandus dans la ruelle. De la corrida, les petits grooms des grands hôtels de Madrid ne verront au mieux qu’un morceau de papier : le billet qu’ils auront la chance d’obtenir au bout d’une longue nuit d’attente et qu’ils revendront aussitôt à quelque riche touriste. Des hommes d’affaires, des aristocrates, des généraux et même des ministres ont envoyé leur garçon de courses, leur chauffeur, leur ordonnance. Le petit peuple de Madrid est là, lui aussi, avec ses ménagères en cheveux, ses employés aux costumes élimés, ses ouvriers en pantalon de velours . Un même élan d’afición unit cette foule disparate que guettent les revendeurs du marché noir et les spéculateurs de toutes sortes pour qui cette exceptionnelle corrida va être l’occasion d’un énorme bénéfice. »   -

Puerta del Sol

« Nulle part l’excitation n’atteint une telle intensité qu’aux abords de la Puerta del Sol, cœur historique et populaire de la capitale. Là, non loin de la modeste maison où San Isidro, patron de Madrid, avait été domestique, derrière le palais dont les murs avaient, cent cinquante ans plus tôt, servi de décor aux massacres napoléoniens immortalisés par Goya, commence une rue étroite et minuscule, la calle Victoria. Elle traverse un pâté de vieilles maisons aux façades délabrées que d’antiques volets craquelés par le soleil éclairent d’un vert délavé. Mais plus que son aspect, c’est une certaine odeur qui donne à la ruelle son caractère particulier. Odeur âcre et pénétrante de friture de poisson et d’huile rance qu’exhalent une multitude de cafés et de tavernes dont certains sont si étroits qu’il faut y consommer debout. Au-dessus des portes, de noirs tuyaux rejettent la fumée grise des poêles sur lesquels bouillonnent les bassines d’huile, tandis que, barbouillé en lettres blanches sur les carreaux graisseux des fenêtres, apparaît le nom des multiples spécialités proposées par cet étrange paradis gastronomique : calmars frits du Sol y Sombra, alevins et anguilles de l’Oreja de Oro, boudin et chorizo andalous de la Taberna Eritana, tripes mauresques du Generalife, crevettes fumées et vin doux du Café Alcantina. »  

Las Ventas

  "En los alrededores de la plaza se habían tomado las oportunas precauciones para evitar que la sicosis del pueblo despeinase al ídolo antes de que se presentase en el ruedo. El coche que lo llevó desde el hotel Wellington atravesó la muralla humana que lo esperaba en la calle, penetró hasta el patio de caballos y aparcó junto a la puerta de la capilla de la plaza. El torero entró a rezar y, para evitar aglomeraciones, pasó a la enfermería por la puerta interior".   Acteurs   - Don Livinio   « Un soir de l’hiver 1941, deux amis lui avaient offert la direction des arènes de Las Ventas alors au bord de la faillite. Stuyck, qui détestait voir couler le sang des bêtes, avait longuement hésité avant d’accepter. En organisant ses premiers spectacles, il avait découvert quelle alchimie compliquée est une corrida et combien imprévisible en est l’issue. Servi par son esprit méthodique de juriste, Stuyck s’était cependant acharné à réduire la part du hasard en réalisant des combinaisons qui puissent permettre à un homme et à un animal d’offrir, un certain jour et presque à coup sûr, l’assurance d’un beau combat. Il échouait souvent. Mais souvent aussi, à cause de lui, le souffle magique de la grâce était passé sur le sable des arènes de Madrid. »   -

José Ramos  

« Au rez-de-chaussée de l’immeuble où Livinio Stuyck savoure sa joie, derrière le volet de bois qui protège son guichet, un homme écoute la rumeur de la foule impatiente.

Il s’appelle José Ramos. Depuis trente-quatre ans il exerce méthodiquement et ponctuellement la même profession. Il est le vendeur officiel des billets pour les arènes de Las Ventas. Sur une table de bois blanc se trouve soigneusement rangé en plusieurs piles l’inestimable trésor qu’il a extrait une heure plus tôt d’un coffre-fort à double sécurité. Un par un, il a compté les 2600 billets. Or, pour la première fois de sa carrière, cette opération s’accompagne d’une cruelle humiliation. Il partage ce matin-là avec un étranger le petit réduit qui lui sert à la fois de caisse et de bureau. Cet étranger occupe des fonctions qui n’ont aucun rapport avec la tauromachie. Il est l’inspecteur que la Direction générale de la Sécurité a envoyé calle Victoria pour surveiller la vente des billets. »   -

Capelan  

« Madrid, en cette matinée de corrida, n’est qu’un immense frémissement. Au loin, vers le nord, le vieux curé peut apercevoir les cimes neigeuses de la sierra de Guadarrama, ultimes contreforts granitiques avant l’orgueilleuse cité sur son plateau castillan. Une brise chaude souffle de ce plateau, s’engouffre dans la ville, brûle les yeux. Don Juan la sent sur son visage et, oubliant un instant le coffret qu’il porte sous le bras, se dit avec satisfaction que le temps promet d’être idéal pour la corrida.

Jamais dans un passé récent, sauf peut-être pendant les convulsions de la Guerre Civile ou à l’occasion du fait divers qui avait bouleversé des millions d’Espagnols, la mort dans l’arène de Manolete, l’Espagne n’a connu pareille fièvre. Aucun matador contemporain, aucun peut-être dans l’histoire tout entière de la fiesta brava n’a suscité autant de passion populaire et de controverses que le jeune homme dégingandé dont le vieux curé de Notre-Dame de Covadonga va, pour la première fois cet après-midi, admirer les prouesses.

Don Juan est l’aumônier de cette arène. Jeune prêtre, il a accepté cette charge sans rien soupçonner de l’extrême complexité des courses de taureaux. Trente années d’assiduité sur les gradins de ciment rugueux où il a usé bien des soutanes ont fait de lui le plus passionné des aficionados. Devant ses lunettes cerclées de métal doré sont passées trois générations de belluaires qui ont conduit l’art de la corrida à ses plus hauts sommets. Mais il n’est pas d’exploit sans malheur et la présence de don Juan sur les gradins de la plaza de Toros n’a jamais cessé d’être un tragique symbole. Douze fois pendant ces trente années, l’huile des oliviers de Grenade consacrée chaque jeudi saint et l’hostie du coffret noir ont été pour un homme en habit de lumières le viatique du dernier voyage.

Son invocation terminée, don Juan Espinosa Carmona, curé de la paroisse de Notre-Dame de Covadonga, prolonge l’office par le rite solitaire qu’il répète chaque jeudi et chaque dimanche de mars à octobre, et chaque jour pendant la dernière quinzaine de mai où Madrid célèbre la feria de son patron San Isidro. »  

Dialogues au patio de caballos

- Toreros :    « El estado de ánimo que traes hoy es el mismo de siempre ?, demande Pedrés : « No. Hoy el ambiente predispone a arrimar el hombro más. »    

« ¿Y a ti, Palmeño, qué te parecen estos escándalos que arma tu tocayo y paisano? »

« ¡Uf...! »  

-  Journalistes :    « Manolo,  ¿Te has fijado cómo llueve? »   « ¡No importa! Que llueva. « ¡Eso es bueno para los olivos! ».   « Aquí estoy yo. 'P'alante' y 'na' más. »  

« ¿Vienes confiado a Madrid, Manolo?  » « Vengo 'sobrao'! Apúntalo. »  

- Livinio Stuyck :     « ¿Están los focos preparados? », demande le torero

« Claro, hombre. »

« Pues si la gente aguanta, yo no me muevo de aquí. »

 « Pero si es el diluvio, Manolo. »

 « Me alegro por el campo. Hoy vamos a triunfar todos. »  

Sources  

« Ou tu porteras mon deuil »/Larry Collins-Dominique Lapierre.

« Aplausos »

« Mundotoro »  

Datos  

6 toros de Benítez Cubero pour « Pedrés, «Palmeño » et « El Cordobés » (confirmation alternative).

Pedro Martínez González  « Pedrés », né le 11 février 1932 à Albacete.

Manuel García «Palmeño» /Palma del Río (1938-16/02/2020).

Patrice Quiot