La dernière journée des Clubs Taurins de Béziers m’a donné l’occasion de rencontrer Cayetano Ortiz qui, curieusement, était de passage sur ses terres…

En effet, le jeune Biterrois a rapidement succombé à l’appel du large et sans renier pour autant ses racines, il partage son temps entre Los Barrios (Algeciras), où il vit, et Béziers, où il a ses attaches familiales et où il revient de temps à autres…

Après avoir fait ses premiers pas en fréquentant les écoles taurines de Nîmes et de Béziers, sa rencontre avec Francisco Ruiz Miguel a été déterminante. Elle l’a poussé à aller fréquenter son école du « Campo de Gibraltar » et parfaire son bagage sur les conseils du maestro.

Le 25 avril 2010, Cayetano est passé en novillada piquée à Talamanca del Jarama, un pueblo du nord de Madrid, pour enchaîner encore quelques courses en Espagne en étant dirigé par Curro et Luis Álvarez, alors qu’il s’était établi à Madrid. Malgré la crise qui a pénalisé pas mal de novilleros dans la mesure où il s’est donné moins de novilladas que par le passé, Cayetano en a néanmoins toréé une demi-douzaine, ce qui lui a certainement permis d’étayer encore un peu plus sa maitrise avant la nouvelle temporada. Après ce tour de chauffe, il est clair que la saison qui démarre sera celle de son véritable lancement, avec à ses côtés, comme apoderados, Jean-Marie Bourret et Serge Alméras…

"La plupart du temps, je suis en Espagne, à Los Barrios, c’est sur la route des toros et il y a une ambiance taurine extraordinaire. Je m’entraîne souvent dans les arènes de cette ville avec mon banderillero, Daniel Duarte, et un novillero de là-bas, David Galán, et de temps en temps, je me rends à la finca du maestro Ruiz Miguel... Là, je suis revenu car j’avais le festival de Rodilhan puis cette course de Béziers, je resterai encore quelques jours pour participer à des tentaderos et la présentation de Vauvert avant de retourner chez moi… pour remonter quand j’aurai des novilladas à toréer ici.

Je pense que c’est en Espagne qu’on se fait torero, je m’y sens bien et j’espère que mes apoderados me trouveront quelques courses dans ce pays. C’est bien de toréer en France, mais l’Espagne, c’est important aussi, et j’aimerais bien toréer sur les deux tableaux… Pour le moment, j’ai sept ou huit courses devant moi, ce qui me donne le moral, mais il est clair que je compte en toréer plus, étant bien conscient que tout va dépendre de mes résultats. Pour enchaîner les courses, il faut couper des oreilles, c’est comme ça qu’on se fait petit à petit un nom et qu’on peut toréer davantage. J’en suis parfaitement conscient. J’ai des cartes en mains et c’est à moi de bien les utiliser…

Aujourd’hui, j’ai toréé dans ma ville, ce qui représente toujours une pression supplémentaire, mais je me suis senti « a gusto », relâché, et ça s’est très bien passé…  Je commence à m’y faire, ça fait plusieurs fois que je torée à Béziers, les gens sont avec moi et ça me pousse à tout donner, comme je l’ai fait tout à l’heure.

Evidemment, j’aimerais prendre l’alternative ici et si on me le proposait un jour, ce serait énorme ! Pour le moment, je pense aux courses qui m’attendent sans trop penser encore à l’échelon supérieur. Chaque chose en son temps… Pas besoin de se presser, ça ne sert à rien de précipiter les choses. Il faut arriver prêt car si on prend l’alternative pour ensuite rester assis, ça ne vaut pas le coup. Il vaut mieux arriver avec de l’élan, de l’ambiance, pour espérer encore bien figurer et se faire une place dans cette catégorie.

Avec Jean-Marie et Serge, ça se passe très bien, ce sont deux personnes formidables et je pense qu’ils vont me permettre de franchir encore un palier. Ils étaient venus me voir l’an passé quand je toréais à Béziers, et ensuite je suis allé à Rodez avec Jean-Marie pour la réception d’un club taurin. On a parlé, il m’a proposé de me donner un coup de mains, j’ai réfléchi, j’en ai parlé à mes parents, et c’est parti de là…

Pour le moment, je dois prendre ce qu’on me donne, je ne suis pas évidemment en mesure de choisir tel ou tel bétail. J’essaie de toréer de forme classique, d’engancher les toros par devant pour les emmener loin derrière par le bas, tout en imprimant ma personnalité. Je regarde beaucoup de vidéos, notamment des deux toreros que je considère comme mes modèles, Manzanares père et Joselito. J’essaie de m’inspirer d’eux, mais pas de les copier parce qu’il faut rester soi-même !

Même le jour où tu te sens bien, si tu revois la vidéo, tu vas t’apercevoir de défauts à corriger. C’est pour ça que je m’entraîne beaucoup pour encore progresser et non pas me dire que c’est arrivé. Il y a toujours des choses à perfectionner, j’aime toréer de salon et avec mon banderillero, qui me conseille bien, nous travaillons certaines phases, comme le capote avec lequel j’ai encore un peu de mal.

A l’épée, ça va mieux, j’ai changé ma technique et j’ai fini par trouver ma distance. Grâce à ce changement, ça devient mon point fort, alors que ça ne l’était pas jusque-là.

Pour la temporada qui arrive, mon souhait est bien sûr de faire le maximum de courses, d’apprendre encore et de progresser pour me faire mieux connaître et pouvoir ainsi me positionner favorablement pour aborder ensuite la dernière marche…"

Gaetan Vidal Ortiz est né le 18 septembre 1990 à Béziers, Cayetano Ortiz est né pour être torero… On lui souhaite bonne chance avec ses nouveaux apoderados et pour l’avoir vu toréer deux fois en peu de temps, je pense qu’il y a réellement là de la graine de torero. De la bonne…

(Petit flash-back avec la vidéo de la fiesta campera d’octobre 2010 dans les arènes de Béziers. Avec Cayetano, bien entendu… Cliquer ICI)

 A noter encore que Cayetano a été invité à toréer par les responsables d’Orthez aux côtés du maestro Frascuelo pour leur journée taurine du samedi 2 avril.