Jeudi 28 Mars 2024
REYES
Lundi, 23 Août 2021
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Retour sur l’alternative mouvementée face aux toros de Miura de Cristóbal Reyes à Sanlúcar…
 
Les images saisissantes de l’entrée a matar sans muleta effectuée par Cristóbal Reyes à son second toro ont fait le tour du Web et ce qui a caractérisé cette miurada d’une façon plus générale, c’est bien un concept d’un autre temps, ce que l’on a l’habitude d’appeler « corrida à l’ancienne ». Une expression dans laquelle on peut glisser pas mal de choses, à commencer par l’inclusion de quelques mastodontes réservée en temps normal pour des arènes bien ciblées, à caractère plus torista.
 
Pour résumer, disons que si les trois diestros ont eu leurs mérites, la palme est allée à Octavio Chacón qui a montré une nouvelle fois ses capacités dans les batailles les plus improbables… 
 
Pour se faire une idée plus précise, ci-dessous la reseña de Pierre Vidal, du site corridasi :
 
Sanlúcar, dans l’enfer des Miura
 
Plaza de toros de ‘El Pino’ de Sanlúcar de Barrameda. Samedi. IIIème Corrida Magallánica. Lleno de no hay billetes. Coso décoré en l’honneur du grand navigateur Magellan qui est parti pour son tour du monde du Port de Sanlúcar, Bonanza.
 
6 Toros de Hijos de Eduardo Miura Fdez.
 
RAFAELILLO : saluts au tiers et oreille et silence à celui tué pour Reyes.
 
OCTAVIO CHACÓN :  oreille et oreille.
 
CRISTÓBAL REYES qui prenait l’alternative : saluts au tiers et blessure.
 
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Cristóbal Reyes a pris l’alternative avec « Itinerante », numéro 28, de 596 kg.
 
Il a été pris par le sixième toro alors qu’il le tuait sans muleta. Il a été transporté à l’hôpital de Sanlúcar sans connaissance.
 
Ce fut une vraie corrida de Miura: poignante, terrifiante parfois, sournoise et émouvante de bout en bout. Il faut d’abord insister sur la présentation inédite dans ce coso, somme toute réduit. Deux de ces Miura pesaient plus de 700 kilos et les autres dépassaient les 550 kilos. Tous étaient armés jusqu’aux dents et longs comme un jour sans pain. Hauts aussi et bien dans ce type zootechnique si particulier. Un lot cinqueño prévu pour Pampelune qui sur la piste réduite faisait un effet extraordinaire. Ils furent tous applaudis. Ils prirent tous trois piques, parfois plus, et se comportèrent avec le vice qui fait la légende de Zahariche: coupant les terrains, se réservant sur les leurres, sans jamais répéter naïvement leurs charges et ajustant leurs coups, obligeant les hommes à ne jamais se découvrir.
 
Rafaelillo a été une fois encore à la peine, mais il faut souligner son courage et son honnêteté. Il ne put construire, dans cette tourmente, aucune faena véritablement cohérente et prit rapidement l’épée. Mais lors de ses deux passages, parfois débordé par le vice des adversaires, il ne renonça jamais, montrant ainsi à un public averti le danger qui se manifestait dans ces situations périlleuses qu’il affrontait. Un estoconazo d’école lui permit justement de couper l’oreille de son second Miura, criminel putatif. Parfait chef de lidia, il ne cessa d’encourager et de diriger dans ces conditions infernales l’ensemble des cuadrillas et eut la charge ingrate de tuer le sixième après la blessure de Cristóbal. Respect au Murciano qui poursuit une carrière méritoire d’où les douceurs réservées à quelques élus trop gâtés, sont exemptes.
 
Grande tarde d’Octavio Chacón dont c’était la première corrida en Espagne. Il a trouvé refuge dans le cœur des aficionados du Sud-ouest : on l’a vu à Vic comme à Orthez où il a coupé une oreille de poids. Le gaditano eut en partage le Miura le plus maniable du lot, le second, qu’il passa avec profondeur à la cape. La faena fut ensuite bien construite des deux côtés avec un engagement qui porta sur les gradins. Il montra qu’à l’oficio qu’on lui connait, il pouvait ajouter désormais une note de torería qui pourrait faire a différence. Son échec à l’épée ne l’empêcha pas de couper un premier trophée. Nouvelle récompense par la suite à l’issue d’un travail moins cohérent, mais tout aussi engagé et surtout bien conclu à l’épée.
 
C’était un pari très risqué pour Cristóbal Reyes que de prendre l’alternative face à une telle opposition. Un pari qu’il paiera comptant puisque se jetant sur le dernier toro sans muleta, il se fit jeter à terre, repris par l’animal à plusieurs reprises. Cristóbal, qui compte tant d’amis dans le Sud-ouest, poulain de Christian Lamoulie, a un caractère bien trempé et refuse les échecs. Il a donc joué le tout pour le tout, sentant peut-être le succès lui échapper. Ce geste courageux mérite d’être souligné et il faut l’apprécier positivement. Il fut par ailleurs à la hauteur de cette dure opposition tout au long de la soirée. Il pratiqua essentiellement un toreo de défense, sans jamais plier et ne pâlit pas de la comparaison avec ses deux compagnons. Il connut néanmoins des déboires à la mise à mort du toro de son alternative. Si son ultime coup de poker final avait réussi, il aurait été le héros de cette infernale soirée. Son geste néanmoins montre son courage et son ambition: deux qualités essentielles dans cette amère profession.
 
C’est donc une tarde qui fera date. Trois heures de spectacle d’un corte torista qui n’aurait pas déparé dans les plus grandes arènes spécialisées dans ce genre de tauromachie. Un mot pour terminer sur la magnifique décoration en sel venu des salines de Bonanza. Ce lieu magique où Magellan s’élança, il y a six cents ans pour accomplir son tour du monde, affamé de gloire et bravant les intempéries de tout genre, image suggestive de ce que vécurent nos trois héros du jour.
 
Pierre Vidal
 
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Suite à un entretien téléphonique ce lundi soir avec Christian Lamoule, il ressort que Cristóbal n’a pas eu de blessure par corne, mais de nombreuses contusions. Evacué vers l’hôpital de Jerez, il y est resté jusqu’à la mi-journée de dimanche avant de recevoir le feu vert pour regagner son domicile où il lui a été conseillé d’observer quelques jours de repos. On lui souhaite bien entendu une prompte et complète récupération…