Mardi 23 Avril 2024
BAYONNE
Dimanche, 05 Septembre 2021
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Colombo interpelle…
 
Samedi 4 septembre. Tarde. 3 toros de Conde de Mayalde et trois de Valdefresno, d’une présentation excessive, comme pour Madrid ou Pampelune. Ceux de Mayalde nobles, a menos le premier, fade le second, avec de la classe le dernier. Mauvais et arrêté le premier de Valdefresno, important et avec de la « transmission » le second, le troisième, manso, s’est éteint à la muleta.
 
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Morenito de Aranda : palmas après avis.
 
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Thomas Dufau : oreille.
 
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Tomás Campos :  salut après avis.
 
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Alejandro Marcos : oreille.
 
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Jesús Colombo : oreille et pétition de la seconde.
 
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Diego Carretero ; oreille.
 
Bonne entrée, public populaire et festif.
 
La prestation du Vénézuélien Jesús Colombo a provoqué et provoquera des controverses, mais il a réveillé les gradins. Il a un côté flamboyant, un impact sur la foule et je pressens que c’est aussi un bon torero qui m’avait déjà interpellé en tant que novillero. Il reçut à genoux son toro, son « alegría » enflamma les spectateurs, en particulier aux banderilles. Il initia sa faena avec des statuaires pleines de torería. Mais le toro, manso, chercha les planches et refusa le combat. Le jeune torero s’obstina et parvint parfois à extraire quelques passes. Après une excellente estocade, il coupa une oreille et on lui demanda même les deux avec insistance. A revoir.
 
Morenito de Aranda, qui brinda son toro de Valdefresno à tous ses compagnons de cartel, ne put montrer, que par intermittence, le bon toreo qu’il détient, car le toro ne passait pas, malgré l’insistance du matador. On lui demanda de saluer pour récompenser ses efforts.
 
Thomas Dufau eut une prestation correcte face à un toro faible mais noble. Le Montois ne profita pas pleinement des premières charges que lui offrit le toro, même si par la suite il parsema sa prestation avec quelques passes templées et des circulaires. Après une seconde estocade, il coupa une oreille.
 
Le troisième toro, du Conde Mayalde, était noble, il fut protesté au départ pour sa faiblesse, à la muleta il se montra d’une fadeur grisante. Malgré ce manque total de piquant, Tomás Campos dessina quelques belles passes qui furent récompensées d’une oreille généreuse après une demie estocade.
 
Toro important et sérieux de Valdefresno, celui avec le plus de gaz de la course, qui sortit quatrième. Alejandro Marcos est un torero avec un bon « corte », une belle plastique, mais il se mit rarement au diapason du toro. Faena a menos récompensée d’une oreille généreuse. Tout comme celle au dernier où le jeune Diego Carretero fut confronté à un toro du Conde de Mayalde qui « faisait l’avion ». Diego se montra dubitatif, avec un toreo précautionneux et éloigné. Ce n’est qu’en fin de faena qu’il s’arrima davantage et intéressa le public.
 
(AA - Photos : Bertrand Caritey)
 
SIX
 
C’est le chiffre de la soirée. Six matadors en quête de reconnaissance. C’est le monde d’après : on ne s’en tient plus à trois contre un élevage comme le veut la tradition, mais il y a de plus en plus de un contre six, de deux contre six (mano à mano), de deux contre quatre comme la formule de la vuelta télévisée de l’an dernier, de cinq contre six avec le meilleur en « finale », etc. Bref ce qui semblait immuable change et pourquoi pas. Tout cela existait, mais restait exceptionnel. C’est devenu plus ou moins la norme et c’est ça qui est nouveau.
 
Disons que la formule d’hier soir a le mérite de donner une chance à de bons toreros qui ne rentrent plus dans les férias. Les figuras occupent les postes qui leur étaient réservées (tacitement) compte tenu de la diminution des spectacles. Ils ont peu d’occasion de pouvoir se produire et plus rarement dans une arène importante, de première catégorie, comme c’est le cas à Bayonne. On me dira : ils n’ont qu’une seule cartouche dans le fusil mais n’est-ce pas mieux que de rester à la maison en temps de guerre ?
 
Six contre deux (ou plus deux) puisqu’il y avait hier soir deux élevages différends. Tous les deux avaient envoyé des exemplaires imposants et sérieux. Les Valdefresno n’ont offert que peu d’opportunités, plus doux ont été les toros du Conde de Mayalde le second et le sixième offrant de belles opportunités aux toreros. Un poil de faiblesse néanmoins dans l’envoi de Rafael Finat qui aura limité la classe de ses pensionnaires.
 
Entre les six jeunes gens, on devait se tirer la bourre, en toute fraternité torera bien sûr. Mais nous ne sommes pas ici sur un ring de boxe et l’opportun brindis de Morenito de Aranda à ses compagnons en ouverture des débats le rappela avec l’élégance qui lui est coutumière. Quel fin torero, quel oficio, quelle expérience dont il fit preuve toute la soirée. Le Valdefresno ne lui permit pas de s’exprimer pleinement et on ne put voir de lui que de beaux détails du Moreno qui nous laissent un peu sur notre faim.
 
Chacun voulut faire par la suite le « bon » toreo, le toreo orthodoxe, celui qui plaît aux aficionados. C’est l’ambition de la jeunesse qui s’est conformée aux enseignements des écoles taurines où elle a fait ses classes. De ce point de vue, la prime ira à Thomas Dufau, excellent de bout en bout, maître de lui, réfléchi et calme. Il tomba sur un Mayalde noble avec de la transmission et il construisit un travail élégant, sans heurt, et maîtrisé qui plut au public.  Il tua en deux fois d’un estoconazo au second envoi et coupa une oreille. Le landais, accompagné désormais de Luisito, a montré son esprit de décision. Il devrait confirmer à Dax face aux Pedraza de Yeltes.
 
Tomas Campos, Alejandro Marcos et Diego Carretero eurent chacun leurs mérites s’inscrivant dans cette ligne léchée, d’un toreo BCBG, avec la volonté de bien faire les choses, dans les canons de l’art de Cuchares. Mais à l’applaudimètre, c’est le Vénézuélien Jésus Colombo qui aura gagné la partie en s’inscrivant en dehors de ces chemins tracés et quelque peu impersonnels. Il débuta à genoux, puis remata une belle série de véroniques par une revolera et posa trois paires de banderilles dont une al violín. Alors, les tendidos se levèrent. Il fut inédit à la faena car le toro partit aux planches. Colombo tenta tout pour le retenir, sans résultats, mais termina par un estoconazo aux pieds du public du soleil enthousiaste. Il coupa une oreille avec pétition de seconde. La décision, l’entrega du torero du Nouveau Monde avaient emballé les tendidos de Lachepaillet.
 
Six matadors, six personnalités. Six un bon chiffre somme toute.
 
Pierre Vidal
 
Matinée : Six novillos de Los Maños nobles la plupart.  
 
Les 3 et 4 ont été crédités de la vuelta posthume.
 
Tomás Rufo (saluts puis oreille) et Yon Lamothe (deux oreilles et oreille) sont sortis a hombros en compagnie du mayoral.
 
Adam Samira (silence et saluts) a été plus en retrait, exposant toutefois son courage dans la difficulté, notamment à son second. 
 
Tous les prix sont allés à Yon Lamothe qui a signé une bien belle performance à Lachepaillet…