Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
serv29ph 
 
La servilleta de papel…
 
Elle est légère.
 
Comme un papillon.
 
Et blême.
 
Comme une plante troglodyte.
 
 
Elle est le complément indispensable
 
Du calmar.
 
Noyé de sauce tomate.
 
Ou du beignet de morue ruisselant de graisse.
 
 
Sa précarité rappelle.
 
Qu’en aucun cas.
 
Elle ne saurait se substituer.
 
A la prédominance du linge familial et domestique.
 
 
Elle est discrète.
 
Réservée.
 
Volatile.
 
Ephémère.
 
 
Comme l’apéritif.
 
Qui précède le retour à la maison.
 
Comme un instant agréable.
 
Qu’on peut chiffonner.
 
 
Qui tombe.
 
Et demeure.
 
Mêlée aux têtes de crevettes.
 
Au pied des comptoirs de bois.
 
 
Avec parfois.
 
La trace d’un rouge à lèvres.
 
Qui promet une autre vie.
 
Loin de la table de la salle à manger.
 
 
Humble.
 
Mais nullement roturière.
 
Elle fréquente les pisos de serin.
 
Mais a ses entrées au Palacio de la Zarzuela.
 
 
Elle essuie les doigts des gitanos.
 
A l’allure de gouapes.
 
Voleurs de passes au clair de lune.
 
En camisa de lunares.
 
 
Comme ceux des marquis.
 
Au nez aquilin des Bourbons.
 
Qui défilent aux rênes de leurs enganches.
 
Dans le recinto ferial sevillano.
 
 
Et torera.
 
Dans ses quites aux resplous de gras
 
Comme dans ses toques tendres.
 
Aux lèvres parfumées de l’anis de Chinchón.
 
 
De Tarifa.
 
A Bolanos de Calatrava.
 
Et de Huelva.
 
A Torremocha.
 
 
Intemporelle.
 
Incontournable.
 
Petite mais immense.
 
Amiguete de toda la vida.
 
 
Magnifiquement espagnole.
 
C’est
 
La servilleta de papel.
 
 
Datos :
 
Du « Serranito » C. Alfonso XII, 9, 41001 Sevilla, Espagne.
 
Où la servilleta de papel.
 
Vit sévillanissimement sa féria de San Miguel.
 
Le «Rubio» nous commente la novillada du jour.
 
Je vous livre son pregón.
 
A palo seco...
 
« Novillos de Rocío de la Cámara Ysern, Cortijo de la Sierra y S.L. para Juan Pedro García Calerito, Manuel Diosleguarde, Jorge Martínez.
 
Devant un novillo fuyard, sans aucun gramme de sangre brava, soso, le sévillan fait le boulot. On aperçoit quelques qualités difficiles à évaluer compte-tenu de l'inconsistance et du matériel.
 
Une entière au deuxième voyage.
 
Devant un novillo faible mais très noble, le salmantin montre de grandes qualités de douceur avec la muleta à droite. Une sorte de temple du nord froid et chaleureux si on peut se permettre cet oxymore d'omelette norvégienne. Le taureau de droite refuse la gauche et transmet peu. Diosleguarde le remonte à droite le foudroie d'une entière au deuxième voyage. Palmas.
 
3e novillo sans race, totalement bouchonné, qui met quand même un gros bouchon au Murciano.
 
Du courage, l'art étant impossible.
 
Encore un novillo noble et faible, le Sévillan sans atteindre les sommets trouve la bonne hauteur de muleta et lui sert une faena de bon goût, templée, conclue par une estocade entière et un descabello. Très forte pétition.
 
Devant un carretón épuisé, Diosleguarde montre sans doute les meilleures qualités de temple et de placement.
 
Une entière aguantando au deuxième voyage. 
 
Le murciano Martínez est encore très vert, mais ne mûrira certainement jamais.
 
Devant un novillo lecteur de Derrida totalement déconstruit, il montre ses limites et son incompétence.
 
Un grand coup d'épée pour se venger. »
 
Patrice Quiot