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PATRICE
Mercredi, 13 Octobre 2021
 
 
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Bis repetita placent :  La poêle de 32… (1)
 
Ce vieux souvenir tauromachico-culinaire de Serge Navel, ami de toda la vida et de Joël, mon petit frère.
 
C’est arrivé le samedi 26/04/2008, au 18 rue d’Essin, 57500, Saint-Avold, sitio où les impératifs de ma profession me faisaient séjourner.
 
Serge Navel, dit « Le Rubio », ainsi nommé et reconnu dans toute la géographie vineuse, taurino-culino-boulistique, officiait en cuisine.
 
Il était 19h42 à la pendule.
 
Je vous le décris, le Rubio :
 
Roux comme Rita Hayworth, charpenté comme un quarter back des « Lions de Minneapolis », minutieux comme Ortega Cano, vêtu d’un jean de bonne facture et d’une camisa du même acabit de chez « C§A », sastre en Montpellier, fajin y zapatos de mismo color, il faisait sa présentation de cocinero en Moselle.
 
Cette présentation en terre lointaine n’avait pu se faire qu’après de très difficiles tractations.
 
Car ses actuaciones hors région LR sont confidentielles et tout déplacement fuera de la zone d’influence du grand Frêchou soumis à des jalousies dont on ne peut imaginer la perversité.
 
Ainsi, sa récente faena à Langogne devant un encierro de cochon noir ne put se faire que grâce à la complicité de Jacques Blanc et à son amitié pour Pierrot Castagnié.
 
Mais pour le reste …
 
On dit que Casas - qui lui aurait fait un pont d’or pour faire goûter à Pepin Liria le jour de sa despedida à Nîmes, les fameux « rognons blancs à la fournésane accommodés façon Victorino » -, avait difficilement accepté le refus poli que « El Rubio » lui avait fait signifier par Lulu Bodrero.
 
On prétend qu’Enrique et « El Juli », qui avaient sollicité sa présence et ses conseils pour le choix idoine des vins de l’apéro fruits de mer à « L’Oustal del Mar », comme Castella et le petit Jalabert qui voulaient se faire un ventre de sa « Bourride de petit gris » n’auraient pas apprécié sa défection et auraient décidé de ne plus toréer ou même de quitter l’arène si « El Rubio » avait l’insolence d’être dans les gradins lors de l’une de leur prestation.
 
Quant à Jean Paul Fournier, qui l’aurait sommé de prendre contact dans les meilleurs délais avec Michel Renoulleau pour redonner une nouvelle jeunesse à « L’aïoli de l’Aficion Cheminote » que le maire voulait faire revivre le vendredi matin de la Féria à 11h à l’Esplanade, il se serait entendu répondre : « Omnes sibi malunt melius esse quam alter » ce qui veut dire in french : « Chacun préfère son intérêt à celui du prochain. »
 
Je ne vous dis pas la colère de l’alcalde.
 
La presse spécialisée avait pourtant évoqué des sommes colossales : « Tres kilos de euros, señores, tres !!!! » aurait été la dernière parole audible murmurée sur son lit de mort par Rafael Campos d’España et le sueldo proposé pour s’assurer de sa présence ; en outre, la classe politique fait sur lui des pressions de tout ordre.
 
Mais, rien, rien, rien n’y avait fait.
 
La décision définitive fut annoncée par «  Le Quotidien de Pékin » le 10 avril :
 
« Fournésan 主廚« El Rubio »參觀 2008 年在尼姆舉行的 Féria de Pentecôte,專供天才表演者參加 4 月 26 日 dans l’Est de la France。出於這個特殊的事件及其在 Vidourle 沼澤地的服務,“Sorcier de la rue Baudin”和周年紀念將在節日期間舉行»
 
« Le cocinero fournésan « El Rubio » ne toréera pas la Féria de Pentecôte 2008 à Nîmes réservant ses talents pour sa présentation du samedi 26 avril dans l’Est de la France.
 
Outre cet acontecimiento exceptionnel et ses prestations chez lui dans la marisma du Vidourle, le « Sorcier de la rue Baudin » ne devrait cette année se produire qu’en festival. »
 
Incroyable mais vrai !
 
Suite à ce scoop sensationnel, trois corridas des « Farolillos » furent annulées, Morante confirma que, lui aussi, zapperait le cycle pentecostal nîmois et Hermoso de Mendoza renonça à se faire teindre en roux.
 
Mais ainsi va la vie et, de toute manière, comme disait El Gallo : "Lo que no pué sé no pué sé, y, además, es imposible".
 
Aussi, pour son unique prestation en terre minière, « El Rubio » avait choisi la difficile facilité :
 
« Pas de doblete, pas de redondance qui faussent l’analyse et dispersent l’impression », avait-il dit à « Terre de Vin » ; « A la répétition de faenas culinaires multiples, je préfère l’exercice unique » avait-t-il confié à Jacques Durand en sortant des cabinets de la cabane.
 
Il ne confectionnerait donc qu’un seul repas.
 
Mentalisé à bloc, il avait cependant en grand professionnel, mis tous les atouts de son côté.
 
Cuadrilla de toujours, inchangée depuis sa première omelette en 1967 dans la cuisine de sa mère à la rue Villars.
 
Lidiando : P. Quiot, « El Cojo » y de secundo : J. Quiot « El Hermano » qui met aussi la puntilla si besoun.
 
Au cartel :
 
De primero : Millefeuille de morcilla, pissenlits blancs et vinaigrette de pejeril ;
De segundo : Côte de bœuf à la moelle, asperges rôties, fricassée de pepinos y berenjenas ;
De queso : Un munster déjà toréé, mais de rama fenomenal ;
De postre : Frutas del tiempo.
Iba de vino : Coteaux du Languedoc.
 
Cependant, deux jours avant l’acto, le chat noir de la mala suerte avait failli tout faire annuler...
 
A Besançon, plaza de segunda où la cuadrilla faisait étape, «El Hermano», mal placé au quite à la sortie du coche de cuadrilla, n’avait pu prévenir « El Rubio » d’un hachazo du coffre arrière qui lui avait infligé por la cara une cornada descendante de sept centimètres.
 
«El Rubio» arriva en Moselle, le stigmate encore frais…
 
A suivre…
 
Patrice Quiot