Vendredi 29 Mars 2024
NINO
Jeudi, 21 Octobre 2021
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Rencontre avec Nino Julián, le plus Salmantino des élèves du Centre Français de Tauromachie…
 
Depuis quelques années, il fait partie du paysage au CFT, au milieu de cette joyeuse bande qui fréquente les courses de la région, allant de la capea à la novillada non piquée, ce qui correspond aux premières phases de l’apprentissage chez ceux qui espèrent embrasser sérieusement la carrière de toreo.
 
C’est la période du passage dans une école taurine et pour Nino, depuis quelques temps, on va dire qu’il fait coup double car outre son adhésion depuis quelques années au CFT, il a décidé de s’expatrier vers le Campo Charro en s’inscrivant aussi à celle de Salamanca. Bref, on va dire que Nino en veut, et que s’il ne fallait qu’une preuve de son aficion, cette double casquette tomberait à point nommé !
 
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Cette dernière temporada a vu le Nino franchir un palier, même s’il a connu des périodes difficiles, notamment avec cette blessure au coude subie à Alès le 15 août qui a nécessité une récupération freinant quelque peu son carnet de rendez-vous. Mais récemment, on a retrouvé à Bouillargues un novillero très combattif qui a séduit le public, notamment dans son combat face à un bon exemplaire d’Alain Tardieu.
 
Avant qu’il ne rejoigne les terres salmantines, j’ai pu m’entretenir avec lui samedi dernier lors de la tarde de présentation du CFT à Garons, histoire de faire le point sur sa saison et sur ses objectifs pour la prochaine temporada…
 
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« En ce qui concerne mon nom sur les affiches, c’est vrai qu’on lit un peu de tout. En fait, mon prénom est Nino, et non pas Niño, quant à mon patronyme, c’est Julien, mais pour les toros, je souhaite que l’on m’appelle Nino Julián !
 
Ma passion pour les toros est venue avant tout de quelques relations, notamment avec Solal, au début en dehors des toros puis c’est lui qui m’a fait découvrir un peu ce milieu, ça m’avait alors intrigué. Ensuite, ma mère m’a emmené voir une corrida aux arènes de Nîmes en 2012 et j’en suis sorti en lui disant que c’était ce que je voulais faire ! Comme une révélation…
 
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A partir de là, alors que j’allais sur mes neuf ans, j’ai été inscrit au Centre Français de Tauromachie, donc il y a dix ans (NDLR : Nino a fêté ses 19 ans dimanche dernier). En fait, j’ai décidé d’aller en Espagne pour tenter de me faciliter la voie là-bas, et ça se passe d’ailleurs bien, mais je suis en bons termes avec les responsables du CFT et Christian Le Sur m’a bien dit qu’il me faciliterait les choses ici. D’ailleurs, j’étais présent ce jour à Garons et ça va continuer ainsi.
 
A Salamanque, j’ai été très bien accueilli. Au début, ça a été très dur pour moi, je parlais un espagnol scolaire, mais je me suis ensuite amélioré. Ensuite, tout est allé mieux, dans mes rapports avec les élèves, ainsi qu’avec le directeur, José Ignacio Sánchez, et José Ramón, notre professeur. Je vis chez El Flecos, David Sánchez, qui n’est autre que le frère de Juan del Álamo, là où vivait Rafi quand il était à Salamanque. 
 
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Je vis en colocation chez David avec deux élèves de l’école et l’on s’entend bien, tout comme avec David, ce qui a évidemment facilité mon intégration. Il m’a montré tous les coins de Salamanque. Concernant mon entrainement, il se passe dans un parc de la ville car depuis le Covid, on n’a plus le droit d’entrer dans les arènes. Avec l’école, on va dans un « recinto ferial » qui comprend un grand gymnase dans lequel on peut s’entrainer. 
 
J’ai aussi l’occasion de participer à des tentaderos, car ici, les toros sont partout dans le campo. L’école taurine a beaucoup de moyens en termes de préparation l’hiver et après, j’ai pu m’initier à ce que l’on ne connait pas trop ici, à savoir la tapia, qui consiste à attendre son tour assis sur le mur de la placita. Pour moi, ça a représenté une expérience très positive.
 
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A côté de ça, ça m’a aussi apporté quelques courses. J’étais notamment inscrit au bolsín de Ciudad Rodrigo, ils m’ont aussi donné trois courses et une classe pratique, mais ma blessure d’Alès a contrarié mon programme. Cette année, j’ai toréé en début de saison une novillada compliquée à Plaisance qui m’a beaucoup apporté. Puis je suis allé à Villaseca où j’ai marqué pas mal de points, et même si je n’ai pas réussi avec l’épée, ça a tout de même constitué pour moi un excellent souvenir. 
 
Ensuite, il y a eu Alès et cette blessure qui a été relativement longue à soigner car j’avais totalement perdu la mobilité de mon coude gauche. J’ai donc perdu quelques courses, comme le Bolsín de Nîmes Métropole, mais aussi à Salamanque et une autre à Tyrosse. Je suis tout de même content car en fin de compte, j’ai pu reprendre à Bouillargues où j’ai été déclaré meilleur novillero. 
 
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Je n’avais pas vu de toros depuis, j’y suis allé avec beaucoup d’envie et avec les six courses que j’avais loupées, je m’étais dit que je ne pouvais pas passer à côté pour la dernière de la saison ! Même si j’ai été un peu secoué, j’en suis ressorti content car c’était pour moi la meilleure façon de conclure ma saison. 
 
Je retiens ma seconde faena avec un très bon toro, j’ai montré pas mal d’entrega et en définitive, j’ai senti que le public était avec moi… jusqu’à la vuelta en compagnie d’Alain Tardieu qui a sorti deux novillos de bonne catégorie. C’est pourquoi j’ai pensé qu’il était normal de l’inviter à partager ma vuelta. C’est avec ce genre de toros que l’on avance…
 
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A présent, il me reste une fiesta campera dans le Sud-Ouest, chez Malabat, avant de repartir sur Salamanque et je retourne avec encore plus d’envie que lorsque je suis arrivé ! Plus ça avance, plus je sens que le passage à l’échelon supérieur, à savoir la novillada piquée, est proche. Maintenant, quant à savoir quand, où, comment, rien n’est déterminé. On va voir comment les choses vont évoluer en début de saison et si c’est dans le bon sens, alors il sera temps d’avancer encore plus… Bouillargues m’a fait beaucoup de bien, j’ai franchi un palier mais je pense qu’il me manque encore cette course qui me dira qu’il est temps de franchir le cap !
 
J’ai la chance de travailler avec beaucoup de professionnels, notamment Patrick et aussi Rafi. Il faut que je développe mon sentiment de la tauromachie pour pouvoir me démarquer des autres car l’on sait que beaucoup toréent bien, mais ce qui fait la différence, c’est d’apporter quelque chose de plus. C’est pourquoi je tiens encore à affirmer davantage ma personnalité et ma vision du toreo. 
 
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Quant au Qwan Ki Do, un art martial que j’ai pratiqué et qui m’a rapporté un titre de Champion de France, j’ai à présent totalement arrêté pour ne me consacrer qu’au toreo. 
 
Rafi ? C’est un exemple, une forte amitié, des liens très forts  en rapport aux toros et bien plus. J’ai la chance de m’entrainer très souvent avec lui et de profiter de ses conseils. D’ailleurs, il était présent à Bouillargues et sa présence m’a beaucoup servi. Mentalement comme physiquement, il m’apporte beaucoup… »
 
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Que ce soit chez nous ou de l’autre côté des Pyrénées, il est indéniable que Nino a trouvé ses marques. On le sent à l’aise dans ce qu’il vit et entreprend, et à ce sujet, on lui souhaite bien entendu une bonne préparation en vue des prochaines échéances pour la saison prochaine. Enhorabuena y Suerte, Nino !!!