Jeudi 18 Avril 2024
PATRICE
Mardi, 02 Novembre 2021
pq02ph
 
Halloween : Hue les cornes !
 
Je préfère un humble torero.
Qui méprise le vide d’un sueldo.
A une gamine maquillée en citrouille.
Qui sonne aux portes.
 
Je préfère la soupe de haricots.
Gagnée en trois passes dans une portative.
Aux bonbons sucrés.
Distribués à de faux mendiants bien nourris.
 
Je préfère le vestido.
Loué la veille.
Aux oripeaux.
De la décadence.
 
Je préfère le rictus gris.
D’un mendiant en lumière.
Au sourire béat.
D’un quémandeur en outrance.
 
Je préfère un estoconazo.
Malhabile de peur.
A un merci.
En dents noires.
 
Je préfère voir.
Couler du sang.
Qu’imaginer.
Une ridicule mascarade.
 
Je préfère la vie.
Qui sourd d’une muleta rapiécée.
A la désolation.
D’un chapeau pointu.
 
Je préfère les mains brunes.
Tachées de la boue des  ruedos d’épouvante.
Aux fossettes idiotes.
Des joues pleines de bien-pensance.
 
Je préfère les cicatrices.
Des cornadas d’espejo.
A celles dessinées au charbon.
Sur des faces farinées de blanc.
 
J’aime "Adèle la sorcière", première sorcière brûlée vive en Europe.
Agnès Sampson, étranglée puis brûlée le 28 janvier 1591 à Edimbourg.
J’aime Marie Navart, brûlée vive en novembre 1656 à Templeuve.
Et La Voisin, qui subit le même sort le 22 février 1680 à Paris.
 
J’aime Anna Göldin, décapitée le 13 juin 1782 à Glarus.
Et Marguerite Tiste en 1671 au Pays-Bas espagnol
Les sorcières de Salem en 1692 aux Etats-Unis.
Et celles de Pendle en 1612 en Angleterre.
 
J’aime les toros aux terribles cornes.
Et ceux qui les affrontent avec douceur.
En donnant des passes.
Exemptes de maquillage.
 
J’aime les turpitudes de la vie.
Ses blessures.
Ses remates.
Ses cris de joie.
 
J’aime tout ça.
Et pas ce qui en est l’opposé.
En voulant faire croire.
Que la méchanceté des Sharon ou des Kimberley n’est qu’un déguisement.
 
Patrice Quiot