Vendredi 19 Avril 2024
PATRICE
Mercredi, 03 Novembre 2021
nim03ph
 
Nîmes en octobre : Le Square de la Couronne en luces…
 
 
Feuilles jaunes.
Sur le trottoir de l’ancien hôtel du Midi.
Comme un quite végétal d’Apollinaire à Louise de Coligny-Châtillon.
 
Olivier aux hanches larges de Curro.
Et une plaque en pierre de Barutel.
Comme un pauvre brindis à la fraternité.
 
Platanes.
Aux troncs d’écorces arrachées.
Comme de belles blessures.
 
Statue de Daudet.
Manteau jeté sur l’épaule.
Comme un capote de paseo provençal.
 
Micocoulier.
Au tronc brun et lisse.
Comme le torse d’un becerrista gitan.
 
Bassin de plantes aquatiques.
Et vert tendre de la fraîcheur.
Comme une promisa novilleril.
 
Mobilier urbain.
De tables et de chaises.
Comme une entrada gratuite à la lecture.
 
Immeubles bourgeois.
Aux fenêtres closes de secrets.
Comme les faenas incas conservées aux Archives générales des Indes.
 
Œil rond des pigeons.
Qui marchent dans la lenteur.
Comme un paseo sous une pluie de calamine.
 
Papiers abandonnés.
Aux pas des promeneurs solitaires.
Comme les mégots sur le piso des callejones vides.
 
Vieilles dames en cheveux.
Le cabas rempli de cèbes.
Comme le run-run de la vie qui passe.
 
Enseignes de couleurs pâles.
Aux noms sans légende.
Comme apodos de l’insignifiance.
 
Bancs de Doisneau.
Pour y blottir les amoureux de Georges.
Comme le refuge d’un burladero.
 
Jeunesse en trottinettes électriques.
La tête pleine de rêves.
Comme ceux de celui de Palma del Río.
 
Lumière douce.
D’un ciel gris plomb.
Comme le sable de Bilbao.
 
Vent froid.
Du Borgne de Pirón et des peseteros.
Comme celui qui souffle de Guadarrama.
 
Un lieu de promenade dominicale.
De landau et de nurse anglaise.
Comme le modeste Retiro d’une lointaine sous-préfecture.
 
Arlequin d’impressions.
Nostalgie d’un temps arrêté.
Dans l’attente des clarines du printemps.
 
Un recantou en luces.
Le square de la Couronne.
Et Nîmes en octobre.
 
Patrice Quiot