Samedi 20 Avril 2024
RAFI
Vendredi, 05 Novembre 2021
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Rencontre avec le matador El Rafi avec qui nous sommes revenus sur sa temporada d’alternative et le cours de sa saison…
 
En ce moment, les feuilles mortes tombent comme les dernières images d’une temporada qui s’achève et qui après le désastre sanitaire de 2020, a été marquée par un début de reprise, certes encore timide, mais bien réel. Pour certains toreros, elle a toutefois marqué un tournant étayé par le passage dans la cour des grands. Chez nous, ça a été le cas pour plusieurs d’entre eux, dont Rafi.
 
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Ce jeudi matin, sous un soleil éclatant, je l’ai retrouvé au pied des arènes de Nîmes, et ensemble, nous avons évoqué ce qu’a été sa saison qui sans être exceptionnelle en termes de contrats, compte tenu de la conjoncture, a tout de même compris des épisodes laissant augurer un futur prometteur…
 
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« 2021 a représenté l’année de mon alternative, elle a été forcément différente avec le passage à l’échelon supérieur. Pour mémoire, j’ai terminé ma trajectoire en novillada à Cordoue où j’ai remporté le trophée du meilleur novillero. En suivant, j’ai toréé en cours d’année cinq corridas, dont quatre dans des arènes de 1ère catégorie, deux à Nîmes, une à Arles et une à Béziers… une autre se déroulant à Saint-Gilles.
 
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Pour moi, ça a représenté cinq rendez-vous importants pour une temporada qui n’a pas été très longue, certes, mais intense. Je n’ai pas pu débuter en Espagne à cause du Covid car plusieurs corridas auxquelles je devais participer ont été annulées, mais il m’a fallu relever plusieurs challenges, à commencer par celui de l’alternative.
 
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Le problème des changements de dates, entrainant aussi quelques remous au sujet de mon alternative, ne m’a pas réellement perturbé car j’étais très bien entouré, les choses étaient claires dans ma tête, et ce qui comptait surtout, c’était de pouvoir la prendre. C’est vrai que j’aurais aimé la prendre à Nîmes, mais sans revenir là-dessus, j’avais un contrat avec Arles et je l’ai respecté. Et les deux se sont bien passés. Ce que j’ai alors dit, c’est qu’en quelque sorte, j’ai pris deux alternatives !
 
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Brindis à Papy Guy
 
II est évident que prendre les Pedraza pour l’alternative, c’est peu commun, mais on a commencé avec un toro de 600 kg pour le second et quelque part, avec une ganadería  à la réputation plutôt torista. Avec un excellent torero, Daniel Luque, comme parrain, et Adrien, un très grand compétiteur qui fonctionne bien en ce moment, la partie n’était pas facile, mais j’ai relevé le gant. 
 
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On peut toujours mieux faire, mais je pense avoir fait une faena importante à mon second. Quand tu passes d’un novillo de trois ans à un toro de cinq, dans une arène de première catégorie et un adversaire de plus de 600 kg, je peux te dire que la différence, tu la sens ! Je pense que je me suis bien adapté, preuve en est que la semaine suivante à Nîmes, j’ai pris une corrida de cinq ans où j’ai coupé trois oreilles…
 
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A Nîmes, c’était comme si c’était encore mon alternative. J’avais fait faire pour l’occasion un capote de paseo à Claude Viallat pour marquer le coup, j’avais revêtu mon costume d’alternative et j’ai été accueilli comme l’enfant du pays ! Avec au final, une grande porte et quatre oreilles en deux corridas dans des arènes de première. C’est là où je pense avoir bien relevé le défi avec ces deux courses qui ont marqué mes débuts de matador de toros de la meilleure façon possible.
 
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Ensuite, il y a eu Béziers pour la Feria d’Août. Pour une autre corrida de Victoriano où j’ai connu selon moi mon meilleur moment de torería de la saison. C’était un toro brave et enracé qui te demandait les papiers. Il fallait être devant et je pense avoir montré aux aficionados ce que je valais. J’ai l’ambition de porter les couleurs de ma ville au plus haut, en outre avec la première figura actuelle qui est Roca Rey. Il y a eu de la competencia, on est allé au quite tous les deux et on ne s’est pas laissé manger le terrain. Ce qui compte pour moi, c’est de me mesurer avec les plus grands, pas par prétention de vouloir être meilleur qu’eux, parce que pour le moment ils sont au-dessus de moi, mais parce que j’ai l’ambition de parvenir à soutenir la comparaison avec eux. 
 
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A Saint-Gilles, avec une corrida de José Cruz pour un mano a mano avec Juan Leal, ça n’a pas fonctionné avec l’épée. Elle était plus lourde que les autres et moins enracée, mais en définitive, compte tenu du peu de corridas alors toréées, celle de Saint-Gilles m’a finalement pas mal apporté au niveau de mon apprentissage et de mon évolution. 
 
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La dernière a de nouveau eu lieu à Nîmes pour les Vendanges et c’est là que je pense qu’on a vu que l’on pouvait arriver à arracher des oreilles sans forcément avoir de conditions favorables, avec beaucoup de vent et des toros plus compliqués. Mon premier était manso, il partait aux tablas, sans cette chispa qui aurait pu faire prendre la faena, même si je pense m’en être bien tiré. 
 
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Avec mon second, plus âpre et dangereux, qui m’a poussé à aller dans les pitons à la fin, je me suis dirigé vers le toril, là où je pensais qu’il y aurait moins de vent. Mais il tournait, ça soufflait dans tous les sens, j’ai fait un gros effort et arraché une oreille qui me mettait à égalité avec Roca Rey, ce qui n’’avait rien de facile. Ce jour-là, je crois que les gens ont vu que je pouvais m’adapter à tout type de toros et que j’étais aussi capable de leur couper des oreilles. Je n’ai pas envie que l’on me catalogue dans un créneau particulier et je fais le maximum pour m’adapter au mieux au bétail proposé.
 
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Trois corridas de Victoriano del Río sur cinq ? C’est malgré moi, cela dit, j’aime bien ce genre de toros. Quand tu te mets devant une corrida de ce fer, ce sont des toros qui ont de la race, mais ça ne veut pas dire que ça va être plus facile parce que le toro qui est brave et enracé, il faut aussi s’y mettre devant ! 
 
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En définitive, je suis très heureux d’avoir commencé mon parcours de matador comme ça, les gens ont vu que j’avais quelque chose à dire et que je pouvais être en compétition avec les plus grands. Mais je le répète, ce ne sont pas des corridas faciles car les gens te pardonnent davantage avec les corridas dures, mais quand tu as affaire à un toro brave qui sort avec du moteur, ils t’exigent beaucoup plus. Comme avec ce toro de Béziers, mais bien sûr, je suis enchanté de pouvoir toréer ce genre de corridas. 
 
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Pour 2022, il y aura toujours Patrick Varin et Alberto García à mes côtés. Dans un futur très proche, je vais redescendre à Sanlúcar de Barrameda pour m’entrainer avec notamment le banderillero Membrú, qui était avec Padilla et actuellement avec Manzanares, mais aussi avec notamment mes amis Hugo et Nino et quelques autres professionnels. Il y a là-bas une excellente ambiance taurine qui me plait beaucoup. 
 
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Dans mes projets, j’espère étendre ma zone d’influence, limitée pour le moment au Sud-Est, dans les arènes qui m’ont fait confiance. En effet, il reste bien entendu que j’aimerais être engagé sur l’ensemble de la zone taurine, ainsi que l’Espagne. Il reste bien entendu que c’est à moi de prouver que je peux aller partout et je vais évidemment m’y employer. Mais au risque de me répéter, le Sud-Ouest et l’Espagne sont deux zones que j’aimerais bien conquérir. J’ai beaucoup travaillé et progressé et je crois maintenant que j’ai quelque chose à faire et à dire dans ces endroits… Il va sans dire qu’au chapitre des découvertes, l’Amérique centrale et du Sud me tente aussi !
 
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Le projet de la commémoration de la Levée des Tridents est révélateur de la nécessité de défendre la corrida, mais surtout de l’enseigner. Sans révolte, mais avec ferveur autour de la tauromachie. On défend notre culture, nos racines,  une manière d’éduquer nos enfants, des manières de vivre, de s’alimenter… Face à certaines dérives et menaces, il faut que les gens du Sud se lèvent - d’où la levée des tridents -, et viennent manifester le 14 dans la joie et la bonne humeur pour dire que l’on est heureux d’être ce que l’on est. Il y a beaucoup de choses à faire, une identité à défendre, taurine certes, mais aussi rurale, culturelle… En outre, il faut que les jeunes reprennent le flambeau, c’est pourquoi je suis tout à fait solidaire de cette importante initiative… »
 
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Le temps d’avant… avec le CFT… Petit Rafi est devenu grand !
 
Après avoir balayé son actualité à tous les temps, et même si ce n’est pas encore tout à fait la période des vœux, Torofiesta souhaite le meilleur à Rafi qui est entré de plain pied dans la catégorie de nos toreros nationaux surmontant au mieux les difficultés générées par la période et notre société. Les combats s’ajoutent aux combats ! Suerte, Rafi…
 
(Un grand merci à Daniel Chicot qui suite à un problème technique de dernière heure m’a dépanné avec ses clichés d’Arles et Nîmes pour alternative et confirmation…)