Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Samedi, 13 Novembre 2021

seq13ph1

 

Sequía…

Mes souvenirs s’épuisent.
Les anecdotes s’assèchent.
Le matériau qui bâtit mes livraisons devient plus rare.

La camada.
De ma mémoire.
S’étiole dans l’aigre de l’automne de l’âge.

Comme un vieil olivier.
Que ses racines.
N’arrivent plus à nourrir.

L’appel.
A des emprunts comme sobresalientes.
Me gêne.

Si je le fais.
C’est.
Par défaut.

Ce tarissement des sources pourrait m’inquiéter.
Mais le vieux fatum latin ou la belle suerte ibère.
Font que ce n’est nullement le cas.

Car.
Par la magie.
De lutins en lumières.

Soudaine.
Imprévue.
Au détour d’un chemin.

L’inspiration.
Jaillit.
Du toril de l’oubli.

Une branche au sol.
Me fait penser.
A un alangui de muleta.

Une aile.
De papillon.
A un envol de capote.

Un feu clignotant de chantier.
Au clin d’œil.
De Carmen à Escamillo.

Une tontería.
De troquet.
A une autre de toros.

Une belle page.
D’un livre.
A une Puerta Grande.

Un oiseau.
Qui sautille.
A Fulano.

Une phrase.
Qui a du sens.
A Mengano.

J’ande.
Avec le quotidien
Des choses.

Je l’observe.
Avec l’acuité des yeux.
Du sorteo.

Je l’imagine.
Dans le ruedo.
De la phrase.

Je le toque.
De loin.
Ou de près.

Et il s’arranque.
Porteur.
Des cornes de l’écriture.

Alors.
Quand sonne.
L’heure à la pendule du texte.

Je torée le vent.
Je torée la pluie.
Je torée les fleurs.

Ainsi.
Se créent.
Mes histoires.

Ainsi.
Vont
Les choses.

Ainsi.
Voy.
Yo.

Ecrire de toros
M’est indispensable.

J’y puise.
L’énergie.
De ma pelea avec le monde.

J’y bois.
L’eau fraiche du botijo.
Qui me désaltère.

J’y retrouve.
Le plaisir.
De faenas anciennes.

Faute.
De moins le trouver.
Dans les nouvelles.

Je m’essaye à y donner.
Les vibrations.
De l’estocade la vie qui passe.

Nostalgie de barbon.
Sentimentalisme d’un autre âge.
Propos de ringard.

Sin duda.

Mais.
Ainsi.
Je vais.

Y con su permiso.
Seguiré.
Yendo.

Ne serait-ce.
Que pour me prémunir.
De la sécheresse accablante de l’étiolement du monde que j’aime.

Patrice Quiot