Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Jeudi, 02 Décembre 2021
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Visage réinventé…
 
Cheveux hirsutes.
Ceux de Palomo ou de Manuel.
Une attente vorace.
 
Fronts et sourcils à demi enfouis.
Qui ignorent le miroir.
Au moment où, pour eux tous, tout commence.  
 
Yeux à jamais crevés.
Ceux de Lucio et de Juan-José.
Exposés aux regards.
 
Joues grises.
Celles de Manuel Laureano et de Santiago.
Celles de l’abstinence.
 
Nez de dépouille.
Celui de Dámaso.
Dans la déchirure du geste.
 
Oreilles pour entendre.
Le silence terrible.
Et les lazzis des méchants.
 
Rides de ruine.
Celles des sans nom.
Celles des exclus.
 
Barbe malhabilement rasée.
Devant la glace écaillée.
Des pensions à l’étage.
 
Bouches ouvertes.
Celles de Lazaro et de celui de Mola del Cuervo.
Le symptôme du malaise.
 
Lèvres grises
De Rafael, Curro et José-Antonio.
La mise en veille du débordement.
 
Dents de faim.
De Juan Antonio Ruiz.
Avant le Manolo González de Séville
 
Menton prognathe.
Celui de Juan.
Le manque d’amour.
 
Mais aussi.
 
Cheveux décoiffés par les mains du triomphe.
Front brillant sous l’arc électrique de la Puerta Grande.
Yeux écarquillés à l’heure où on commence à apercevoir la lune.
 
Joues gonflées des oreilles coupées.
Nez rempli d’odeurs inconnues.
Oreilles pleines de musique et rides effacées dans les plis de la muleta.
 
Barbe de la veille.
En lisant la presse courtisane.
Dans la chambre du « Wellington ».
 
Bouche qui a peine à parler.
Lèvres pour des baisers au ciel.
Dents pour croquer la nouvelle vie qui commence.
 
Et menton d’empereur romain imposant le silence au Sénat.
 
Visage d’ombre.
Visage de lumière.
 
Visage réinventé.
Visage de torero.
 
Patrice Quiot