Mardi 16 Avril 2024
ÉGLISE ET TAUROMACHIE
Samedi, 04 Décembre 2021
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Toros et religion…
 
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Nous avons rencontré, avec Evelyne, Luis Fernando Valiente Clemente pour la Feria de Otoño ; ecclésiaste et práctico.
 
Il avait pris ses fonctions comme curé de la paroisse Aliseda y Herreruela en 2013, dix ans après les vœux comme une confirmation d'alternative.
 
Nous avons passé une journée sur ses terres, hors du temps. D'où l'idée de ce papier intitulé « Église et Tauromachie ».
 
J'ai terminé le texte le 28 novembre 2021, un dimanche, Jour du Seigneur- Jour de Toro.
 
Le maestro Luis Fernando a effectué son premier paseo céleste ce jour-là.
 
Vaya con Dios, Hermano...
 
Jacques Lanfranchi
 
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C'est un doux euphémisme que nier les liens entre la Tauromachie espagnole et l'église catholique, apostolique et romaine. Le Toro est cité 385 fois dans la Bible !
 
L'appellation de certaines couleurs pour les costumes de lumières est éminemment symbolique : rouge corinthien (souvenir de l’épitre de l’apôtre Paul à Corinthe), Bleu céleste ou violet nazareño.
 
La Vierge ou le Christ sont très souvent représentés sur les capotes de paseo.
 
Le torero prenant l'alternative est appelé « toricantano », le prêtre pour sa première messe : misacantano.
 
Les deux partagent le blanc, symbole de la pureté, de l'adoubement et l'or (couleur de Dieu) ; sans oublier pour ce rite du passage, le cérémonial de l'habillage.
 
La présence d'une chapelle dans l’enceinte des arènes permet la prière et l’isolement.
 
A Santa Cruz de Mudela (Ciudad Real), une porte d'entrée est commune à la plaza et à l'ermitage de Nuestra Señora de las Virtudes.
 
A Soria, le coso dit San Benito est édifié sur le lieu sacré Nuestra Señora de la Blanca.
 
Le signe de la croix et sa représentation tracée dans le sable, débute tout paseo accompagné par « Que Dios reparte suerte ».
 
La première passe est souvent la Véronique en souvenir du geste de la Sainte, épongeant le visage du Christ pendant le Calvaire.
 
Les passes de muleta, du reclinatorio (Prie Dieu), du Relicario (reliquaire), voire la Sanjuanera (Saint Jean) sont des réminiscences religieuses.
 
« Hacer la cruz », figure géométrique entre la muleta et l'épée au moment de l'estocade...
 
Les gauchers (1) furent longtemps empêchés de tuer avec cette main, car c'était la main du Diable.
 
Le torero, en manque d'inspiration, est souvent qualifié de desangelado.
 
Le Cossío, ou la légende dorée (2), consacre une hagiographie richissime, des rencontres de saints avec les toros.
 
Par ordre d'ancienneté : Luc, l’évangéliste rédige une partie du Nouveau Testament, et souvent représenté avec un taureau.
 
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Saint Marcel, évêque de Paris (oui !) avait une solide réputation de thaumaturge (faiseur de miracles).
 
Il arrêta notamment un taureau échappé des abattoirs de la capitale.
 
San Pedro Regalado fit de même avec un toro de « Raso de Portillo » échappé d'une capea.
 
San Pedro, patron de Valladolid, a sa feria éponyme et ses prix taurins : meilleur torero, piquero...
 
L'un devient le saint patron des toreros français, l'autre de leurs homologues espagnols.
 
Le toro donne tout ou prend tout : il devient Destin.
 
Le martyre de Sainte Blandine à Lyon ou celui de Saint Saturnin (3), évêque de Toulouse et premier évangélisateur de Pamplona, nous le rappelle.
 
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Les miracles ou les martyrs sont représentés amplement dans les lieux de culte : statues, bas-reliefs, ex-votos.
 
In saecula, saecularum...
 
Fin du premier épisode
 
Jeudi 2 décembre 2021
 
Jacques Lanfranchi « El Kallista »
 
(1)Chez les français : Pierre Schull, Frédéric Pascal, Maxime Solera.
 
(2)La légende dorée, Jacques de Voragine (1230- 1298) Anthologie de la Vie et Morts des saints chrétiens.
 
(3) Appelé saint Sernin, d'où la basilique éponyme.