Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Mardi, 14 Décembre 2021
dents14ph
 
Obituario : «Canina» y «Masticadora»…
 
Le président «Chicote» en blouse blanche fut catégorique.
Et impératif.
 
Rechazadas.
Mouchoir vert.
 
Et matadero.
Du davier.
 
C’est ainsi que «Canina» y «Masticadora» finirent leurs vies.
 
Selon la volonté qu’elles avaient exprimée, elles ont été enfouies en la basura de « Chicote » dans la plus stricte intimité.
 
Ni fleurs, ni couronnes.
Et pasta dental tampoco.
 
Datos
 
Nombres : «Canina» y «Masticadora».
 
Numeros : 33 y 13 (selon classement ANDL : Association Nationale des Dentistes de Lidia)
 
Nées en 09/49.
 
Guarismo : 9.
 
Peso : 1,2g.
 
Capa : Blancas ensabanadas.
 
Encaste : Quiot du Passage avec le croisement De Cargouet de Ranléon rajeuni de sang corse.
 
Ancienneté : 1805.
 
Divisia : Azul y carmesi.
 
Señal : Corona superada de cinco perlas.
 
Fincas : Nîmes y Coux et Bigaroque (24220).
 
Fait unique dans les annales taurines, «Canina»» y «Masticadora» ont toujours actué ensemble.
 
Naissance au pays de Gaston Ghenassia, Enrico « El Macias ».
 
Mais très jeune afincadas en Nîmes (Francia).
 
Présentation en public et en pareja à Nîmes au «Bar de la Bourse» (empresa Roger Lacroix) en 1966, compartiendo cartel avec Jean-Claude Silvant «Grenouille» et Kiki Audoyer, avec des novillos de «Mauresque».
 
Débuts officiels au «Bar National» de Lunel le 12/07/1966 avec Pierre Brun « Le Kalos de Quissac » pour un encierro de « Chips Vico ».
 
Présentation d’aficionadas à Madrid le 4 juin 1970 à l’occasion de l’encerrona de Paco Camino en compagnie de Jean Rossi «El Presidente » et de Jean-Claude Salmeron (+) de la peña «Los de Alain y Simon». Une carie priva «Canina» du triomphe devant les aubergines grillées de la Venta del Buzcón.
 
Alternative commune au « Bar de la Bourse » le 16 mai 1971 ; parrain Michel Gilles (+) ; témoin Claude Argenson « Pastèque » (+) devant un lot de Ricard hijos. Les deux dents sortirent à hombros jusqu’à leur casa du boulevard Talabot.
 
Présentation à Séville à l’occasion de la Feria d’avril 1978 avec « El Rubio » y « El Hermano » devant un encierro de « Pollo Dorado » (calle López de Gómara) qui sortit fatal ; la pareja fut cependant répétée à six occasions dans le rade hispalense. 
Lors de la cinquième comida, un os de mala muerte blessa gravement « Masticadora » à la gencive.
 
Arles, Béziers, Dax, Mt de Marsan, Bayonne, Pampelune et beaucoup d’autres plazas françaises ou espagnoles de moindre réputation connurent les bocaos de ces dents toreras.
 
Proches des milieux littéraires, la pareja quitta provisoirement Nîmes pour la Moselle puis le Nord, sans pour autant perdre leurs attaches gardoises qu’elles retrouvaient à l’occasion des férias et des récatis de Pentecôte et des Vendanges.
 
Depuis 2012 « Canina » et « Masticadora » s’étaient retirées en Dordogne et se consacraient à la compilation de leurs souvenirs.
 
Depuis plusieurs mois, elles étaient fragilisées et ne pouvaient plus croquer les longuets ou les caladons.
 
La décision de « Chicote » a sonné leur glas.
 
Faenas notables.
 
Faena à « Tourdre » de la señora Navel à Nîmes (plaza de la rue Richelieu) en 1967 et répétition le lendemain avec le novillo «Fougasse» du même encaste;
 
Faena à « Café y Zumo » à la cafetería « Donald » de Séville en 1978 ;
 
Faena à « Ribelin » de la ganadería « Calamares » à Nîmes en mai 1981 à la bodega « Paquirri » compartiendo cartel con Jean-Claude Verdier et Michel Paulin ;
 
Faena à Londres con un encierro de « Chablis » en décembre 1982 compartiendo cartel en este festival con « El Rubio », « El Hermano », Frank Johnson, Johnny Hayman y John Tuff ;
 
Oreja de peso en Dax en 1983 à « Magret de Pato » en mano a mano avec Fernando Jardón (+) ;
 
Grande faena à « Cigalou » du vieil encaste « Faï tira Marius » (aujourd’hui disparu) à Nîmes (plaza de la rue St Antoine ; empresa Dan y Cathy) en 1983 à l’issue du mano a mano Paco Ojeda/Emilio Muñoz ;
 
Vuelta triomphale au « Richelieu » de Dax (empresa Daracq padre) en août 1985 après une estocade d’anthologie à « Pantoufle » et deux oreilles coupées à «Pan tomate» de Geneviève au «Méditerranée» (plaza de la rue Roussy ; empresa Marius Rodrigez (+) en septembre de la même année ;
 
Faena à « Chuletón » (mis magnifiquement en suerte par « El Rubio ») à St Avold (Moselle) le 26/04/2008 ;
 
Gran éxito en Valenciennes le 24 mai 2016 compartiendo cartel avec Laurent Regairaz, ex-notaire devenu le comédien Jason Chicandier, devant un lot de Potjevleesch et carbonade flamande.
 
Reacciones :
 
Juan Antonio Ruiz « Espartaco » : « La disparition de « Canina » et « Masticadora » m’attriste beaucoup ; elles n’avaient pas comme moi, été touchées par la fée de las dientes qui m’en en donné trois de plus que la normale et qui a fait que mon sourire m’a un peu aidé à devenir figura du toreo. Elles n’ont pas eu cette chance y lo siento mucho ».
 
Yannick Jadot : « La disparition de ces deux dents ne doit pas faire oublier l’essentiel ; le réchauffement climatique en est la cause incontestable ; ce drame illustre ce que je défendrai pendant la prochaine campagne présidentielle. »
 
Blas Romero « El Platanito de Cádiz » : « Hombre ! Je les ai connues dans les setentas quand je mettais les banderilles avec la bouche. Plusieurs fois, elles m’ont demandé conseil pour le faire comme moi, je le faisais ; mais je n’ai pas voulu leur donner mon secret porque era el mío. Pero te lo digo, tengo un cariño especial pa’ « Canina » et « Masticada Muuu buenas dientes. »
 
Andrés Roca Rey : « Moi aussi j’en ai perdu deux, à Guadalajara (Mexico) en 2015 et le lendemain le télégramme qu’elles m’ont adressé m’a beaucoup touché ».
 
Paul Hermé : « J’ai appris la nouvelle avec beaucoup de tristesse d’autant qu’en la matière, j’en connais un rayon et que le rayon m’a coûté une blinde »
 
Joël Quiot « El hermano » : « Leur goût pour le sucre et en particulier les makrouts de notre pauvre mère leur fut fatal ».
 
Miguel Abellán : « Comme Andrés, mais moi, c’est six que j’ai perdues à Madrid en 2011 y me he pasado malas noches por culpa de los dolores ; «Chicote» a eu raison de faire ce qu’il a fait. »
 
Serge Navel « El Rubio » : « Douze toudres elles avaient croqué, señores, douze ! Respect. »
 
Mazarine Pingeot : « Mon père a connu le même problème avec ses canines ; l’Histoire lui a donné raison ; fuerza ! »
 
Christian Chalvet : « Le dossier est compliqué : « Canina » et « Masticadora » étant décédées “ab intestat ” à défaut d'héritiers connus, la succession des deux dents tombe en déshérence et les biens dépendants seront partagés selon l'ordre prévu par le Code civil (articles 718 et suivants) ».
 
Descanse en paz, « Canina ».
 
Descanse en paz, « Masticadora ».
 
Descansen en paz, amigas.
 
Patrice Quiot