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PATRICE
Vendredi, 17 Décembre 2021
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Niña de los Peines…
 
«Péinate tú con mis peines, que mis peines son de azúcar, quien con mis peines se peina, hasta los dedos se chupa.
 
Péinate tú con mis peines, mis peines son de canela, la gachí que se peina con mis peines, canela lleva de veras. ».
 
Un Everest du cante flamenco : Pastora Pavón « La Niña de Los Peines ».
 
Pastora Maria Pavón Cruz, naît le 10 février 1890, dans le quartier sévillan de Puerta Osario.
 
D’autres sources la font naître à Triana, à la Alameda, à San Román ou au 10 de la calle del Valle dans la quartier del Burrón…
 
Peu importe ; Pastora Maria Pavón Cruz est gitana ; gitana del Guadalquivir.
 
Son père, Francisco Pavón Cruz « El Paiti », marié à Pastora Cruz Vargas, est un forgeron gitan d'El Viso del Alcór où « La Niña de Los Peines » grandit avec ses frères, cantaores flamencos.
 
Sa famille étant dans le besoin, Pastora débute comme professionnelle à la « Taberna de Ceferino », à Séville.
 
Elle a huit ans.
 
En 1901, à onze ans, elle se produit dans les cafés cantantes de Madrid : Le « Café de la Marina » et le « Café del Brillante » où elle rencontre le peintre Ignacio Zuloaga qui la convainc de se produire aussi à Bilbao au « Café de las Columnas ».
 
Mais à Bilbao, elle n'est pas autorisée à chanter en public en raison de son jeune âge ; aussi elle pose comme modèle pour les peintres, dont Zuloaga. 
 
C'est dans ces cafés cantantes qu'elle reçut le surnom de « La Niña de Los Peines », surnom qu’elle n’a jamais aimé.
 
De retour en Andalousie, elle participe aux spectacles de plusieurs chanteurs des cafés cantantes à Jerez, Séville, Málaga.
 
En 1910, elle fait ses premiers enregistrements, et en 1920 c'est le ''Teatro Romea'' qui l'engage au salaire le plus élevé pour une artiste selon les normes de l'époque dans ce genre d'établissement.
 
Elle a trente ans.
 
Elle commence une longue série de tournées dans toute l'Espagne, partageant la scène avec les artistes de flamenco les plus fameux de l'époque parmi lesquels les cantaores Manolo Caracol, Pepe Marchena, Manuel Torre et Antonio Chacón, la bailaora Juana la Macarrona, ou les guitaristes Ramón Montoya et Melchor de Marchena.
 
En 1922, à Grenade, elle participe au concours de Cante Jondo célébré en juin à la Plaza de los Aljibes.
 
Festival de musique présidé par Antonio Chacón et en grande partie organisé par Manuel de Falla et Federico García Lorca dans le but de redynamiser l'art du flamenco, et de retrouver sa pureté originelle, ses racines populaires. 
 
Elle y est particulièrement remarquée et alors vraiment reconnue.
 
 Pastora Pavón devient l'amie du compositeur Manuel de Falla, du peintre Julio Romero de Torres, et bien sûr de Federico García Lorca qu'elle avait rencontré chez Encarnación López Júlvez, « La Argentinita »
 
Dans ses écrits, il évoque « La Niña de Los Peines » : 
 
« Jugaba con su voz de sombra, con su voz de estaño fundido, con su voz cubierta de musgo ».
 
Maestra de gemidos, criatura martirizada por la luna o bacante furiosa. Verde máscara gitana a quien el duende pone mejillas temblonas de muchachas recién besadas. La voz de esta mujer es excepcional, rompe los moldes de toda escuela de canto como rompe los moldes de toda música construida ».
 
En 1931, elle épouse le chanteur José Torres Garzón, « Pepe Pinto ». 
 
Après une parenthèse durant la guerre civile espagnole, elle revient à la scène dans le cadre de plusieurs spectacles de flamenco parmi lesquels « Las calles de Cádiz » de Concha Piquer, troupe dans laquelle figurent « La Macarrona », La Malena, La Ignacia, María Albaicín, Mari Paz, Pepe el Limpio, Rafael Ortega, « Pericón de Cádiz » y Melchor de Marchena.
 
Après s’être retirée quelques années, elle revient à nouveau sur scène avec son mari  dans un spectacle intitulé « España y Cantaora » ; elle part en tournée au Québec pour quelques mois avant de se retirer définitivement.
 
En 1961, « La Niña de Los Peines » reçoit un hommage officiel à Cordoue.
 
En 1968, un monument en son honneur est érigé dans le quartier de La Alameda de Hércules à Séville.
 
Au cours des trois dernières années de sa vie, atteinte d'artériosclérose puis de démence sénile, elle n'apparaît plus en public
 
La « Niña de los Peines » décède le 26 novembre 1969 en la calle Calatrava de Séville, un mois et demi après son mari.
 
Elle avait soixante-dix-neuf ans et n'avait jamais appris à lire, ni à écrire.
 
En 1996, lors de la IXème Biennale de Flamenco de Séville, le gouvernement autonome andalou a déclaré la voix de « Niña de los Peines » comme bien d'intérêt culturel.
 
Entre 1910 et 1950, elle a gravé 258 cantes sur disques 78 tours qui ont été réédités en 2004 sous la forme de 13 CD.
 
Patrice Quiot