Samedi 20 Avril 2024
PATRICE
Lundi, 20 Décembre 2021
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Ángel, le dandy...
 
«En este país no te reconocen hasta que no te mueres » (Ángel Teruel Peñalver).
 
1950
Calle Ferraz.
Barrio de Embajadores.
Madrid.
 
Ángel Teruel Peñalver.
Y naît.
 
Cette année-là.
Francisco Franco Bahamonde.
A cinquante-huit ans.
Et garrotte l’Espagne.
Depuis onze temporadas.
 
 
Manuel Dos Santos.
Est premier de l’escalafón.
Il a vingt-cinq ans et quatre-vingt corridas de toros.
Dans son esportón portugais.
 
Rafael Ortega.
Agustín Parra  « Parrita »
Et Manolo González.
Eux, ont ouvert la Puerta Grande.
 
Et Barbara Woolworth Hutton.
«Poor little rich girl».
Qui a épousé en quatrièmes noces le prince Igor Troubetzkoy.
Affiche trente-huit balais et des millions de dollars.
 
Ángel.
Qui ne la connaît pas encore.
Grandit.
Beau, intelligent, il devient matador de toros.
 
En treize mois.
 
Entre le 19 mai 1966.
Quand il débute.
Sin caballos.
A Vista Alegre devant un novillo d’Agapito Blanco.
 
Et le 30 juin 1967.
Quand Santiago Martín, celui de Vitigudino.
Lui donne l’alternative.
A Burgos.
 
En lui cédant « Cazuela » de Samuel Flores.
Auquel celui de la calle Ferraz coupe l’oreille.
Avant de trancher les deux et la queue.
Du sixième d’Amelia Pérez Tabernero.
 
Sa préciosité juvénile n’avait pas estimé opportun.
De se présenter préalablement.
A Madrid.
Ou à Séville.
 
Et.
Il avait toréé.
Moins de vingt.
Novilladas piquées.
 
 
Chulo.
Guapo.
Listo.
Ainsi va Ángel.
 
Un dandy.
 
Du capote.
Des banderilles.
Un Lord Byron.
De la muleta.
 
Une façon à lui.
Une tournure de prince.
Un George Bryan Brummell.
En blanc ou en rose habillé de lumières
 
« El toreo
Andando.
Eso es.
Torear. ».
 
Le toreo.
Presque comme une belle promenade.
Avec l’urbanité hautaine.
D’un marquis égaré dans le siècle.
 
Madrid.
Quatre Puertas Grandes.
Trente-quatre tardes.
Et dix-neuf oreilles.
 
Séville.
Trente paseos.
Sans ouvrir la Príncipe.
Mais en y trouvant la gloire.
 
Et ce jour d’avril où.
Sur les berges du Guadalquivir aux étoiles.
La Hutton lui jeta un foulard de soie.
Ceint d’une bague en diamant.
 
Triomphateur des Fallas.
Meilleure faena de la Feria de Burgos.
Les deux oreilles et le rabo d’Almería.
L’année où Jacques Derrida organise les « États généraux de la philosophie » à la Sorbonne.
 
Un dandy.
Du Pérou des deux « Escapularios de Oro ».
Et de Lima quand cet après-midi.
De soixante-douze.
 
Il étrenna deux trajes différents.
Pour tuer six toros mexicains.
Le second costume.
Blanc et noir dessiné par Picasso.
 
Mais aussi.
Un dandy.
Avec les couilles.
Du M. Félix de Frédéric Dard.
 
Les Miura.
Les Guardiola.
Les Cuadri et les Victorino
Goûtèrent avec lui ce qu’est la soie servie à des brutes.
 
Les cornadas de Burgos.
Et celle « d’extrema gravedad ».
De Mont de Marsan.
En soixante-dix-sept quand disparaît Vladimir Nabokov.
 
Celle d’Aranda de Duero la même année.
Celle de Ségovie qui lui sectionna la saphène en quatre-vingt et un.
Et celles de quatre-vingt-quatre.
L’une dans les reins à Madrid, l’autre dans la bouche à Plasencia.
 
Confirmèrent.
Que dans le toreo.
L’élégance naturelle.
Doit aller avec l’héroïsme.
 
Palamède de Guermantes, baron de Charlus.
Avec Rodrigo Díaz de Vivar « El Cid Campeador »
Le Tintoret.
Avec Banksy.
 
L’azulejo de 2017 dans le patio de caballos de Las Ventas.
 
Dit.
 
« Ángel Teruel, en el 50 aniversario de su alternativa.
Torero de Madrid, que paseó por los ruedos del mundo su clase, temple y poderío ».
 
La plaque dit juste.
 
Même si.
 
Vieux dandy.
Au visage déformé par le toro de la route.
Et abandonné.
Par la grâce ancienne.
 
Ne pouvant plus.
Respirer la commune.
Et triviale compagnie.
De soixante-douze printemps.
 
Ángel l’élégant.
Est mort presque seul.
Le 17/12/2021.
A l’UVI de l’hosto de Cáceres.
 
Patrice Quiot