Vendredi 19 Avril 2024
PATRICE
Mardi, 21 Décembre 2021
pq21ph
 
Torodelic Xmas tree…
 
Pour y puiser son eau.
Et celle du vieux botijo d’argile.
 
Ses racines.
Iraient.
Jusqu’à la Ronda.
De Pedro le charpentier qui tout réunit.
Et à la Séville.
De Joaquín Rodríguez au nom de julot qui donna celui d’une sainte au plaisir crié d’une passe.
 
Pour le nourrir.
Et donner couleur au sable du piso.
 
Sa terre.
Serait.
Celle des alluvions.
Du Guadalevín au fond du Tajo.
Et du Grand Fleuve.
Qui roule à Hispalis.
 
Noir.
Comme le capote de luto de l’an 1919 quand mourut la seña.
 
Son tronc
Viendrait.
Du Gelves.
De José Gómez Ortega, l’immense.
Et de son frère aîné.
Qui lui aussi toréait bien, buvait du café au lait et fumait le cigare.
 
Majestueuses.
Comme la retombée de l’écriture et l’alangui de la muleta.
 
Ses premières branches.
Auraient connu.
La Cordoue.
De Sénèque.
D’Ibn Rushd qu’on appela Averroès.
Et des Califes.
 
Celles à hauteur de nos yeux.
Illuminés de paillettes de fer.
 
Seraient nées.
Entre le Madrid de Luis Miguel González Lucas.
L’Albacete du Fakir.
Le Salamanque de « L’Enfant ».
Et l’Alicante de José Mari et des pieds-noirs rapatriés.
 
Elles nous rappelleraient nos souvenirs.
De grilles escaladées, de pierres d’amphis et de naissance au-delà de la mer.
 
Ses petites branches du haut.
Annonceraient l’avenir.
 
Celui de Marco du Salamanque de Lazarillo de Tormes.
Celui de Manuel au ventre déjà ouvert.
Celui de Raquel et de Miriam dans la suite, plus de deux siècles après, de Nicolasa Escamilla « La Parueleja ».
Et celui de Solal au visage d’enfant Jésus et à la main ferme.
 
Ayant connu leurs éveils d’infants.
Je suis moins certain d’être encore là pour voir leurs sacres.
 
Ses décorations festives.
Aux reflets de olés.
 
Seraient de boules de toutes les couleurs.
En nombre égal.
A celui des toreros du monde entier.
Et ses guirlandes longues et belles.
Mettraient Hinojos et Torremocha à un lance de capote d’Honolulu.
 
Elles illumineraient le ciel d’Agustín García Díaz « Malla » tué sur les bords du Vidourle.
Et celui des autres aussi.
 
Son étoile au sommet.
De la sierra de Guadarama.
 
Ferait revenir vers lui.
Les rois des légendes oubliées.
Les Gaspard des Andes de Jaime González «El Puno».
Les Melchior de l’Orient de Saïd Kazak Manzor «El Palestino».
Et les Balthasar de l’Afrique en décomposition de Ricardo Chibanga.
 
Elle montrerait à l’univers la grande et magnifique folie du toreo.
Et indiquerait au musicien, au poète et au peintre une dimension de l’âme espagnole.
 
Et son odeur.
Unique.
 
De cigarettes.
De percale rose.
De flanelle rouge.
Et de sang séché.
Qui emplirait l’arène du plaisir.
 
Attirerait les mouches de l’été ou les phares blancs des longues routes de la nuit.
Et ferait fuir les dévots des bénitiers de la complaisance.
 
Comme les glissantes aiguilles de pin tombées au pied.
D’un torodelic Xmas tree…
 
Patrice Quiot