Oreille méritée et blessure pour Julien Miletto…

 On dit souvent que la corrida est synonyme de soleil, eh bien, à St-Martin, on a été particulièrement bien servis !!! Avec deux tiers d’entrée dans la bouillotte, des « toros de France » des frères Tardieu très bien présentés, aux armures effilées, mais au comportement aussi inégal que parfois décevant dans la continuité de leur lidia, cette corrida a été quelque peu plombée, s’animant surtout sur la fin. Pourtant, malgré les complications, il y avait parfois de quoi - mieux- toréer, du moins avec certains.

Javier Castaño toucha d’abord un superbe exemplaire qui alla trois fois au cheval, avec lequel il construisit une faena droitière certes proprette, mais sans engagement excessif, pas plus que de transmission. Il faut dire que son opposant eut du mal à tenir la distance. Silence avec applaudissements à l'arrastre.

Avec le quatrième, pour lequel le palco exigea on ne sait trop pourquoi une troisième rencontre… aussi inutile que désordonnée, la faena manquera de relief et comme elle a été de surcroît mal rematée avec les aciers, un nouveau silence a accompagné son retour au burladero.

 Julien Miletto toucha d’abord un adversaire compliqué et peligroso qui ne l’aida guère. On n’a pas senti le Nîmois très à l’aise, d’autant plus qu’à gauche, il prit coup sur coup deux cartons jaunes qui ont freiné ses ardeurs.

En revanche, Julien passa la surmultipliée avec le quinto, un castaño bien roulé de 535 kilos qu’il finit par obliger de s’employer au capote avant de prendre deux piques, rectifiée la première, et afficha avec la flanelle autant de volonté que de maestría. Allant a más, son labeur déclencha la musique et Julien se relâcha de plus en plus, y compris à gauche où il traça quelques naturelles ajustées. Las, le Tardieu se rebiffa en l’accrochant par l’aisselle et Julien mit toute son énergie dans la bataille pour aller chercher une oreille légitime, faisant fi de la douleur alors que le sang perlait sous son bras, pour placer une entière puis un descabello, écoutant au passage un avis.

On saura plus tard qu’il a en fait subi deux cornadas d’une dizaine de centimètres dans l’aisselle droite et qu’il a été ensuite dirigé vers une clinique nîmoise pour subir une intervention. Mais incontestablement, malgré cet accident, Julien a marqué des points aujourd’hui. Et on lui souhaite bien sûr un prompt rétablissement en vue de ses futurs contrats.

 Egrenée de gestes méritoires, la première faena d’Iván Fandiño n’a jamais totalement décollé. Doté d’un sens artistique non négligeable, on lui saura gré d’avoir esquissé par bribes des figures bien tracées, mais une demie tendida n’a rien fait pour rehausser la barre. Saluts.

Avec l’ultime, Fandiño se lança dans un trasteo irrégulier qui comporta encore quelques louables arabesques, mais sans grande régularité dans la qualité. Terminant par une lame habile dans un essai que son puntillero eut quelque peine à transformer, le palco ne se laissa pas convaincre par une pétition qui se transforma en un nouveau salut.

PRIMAVERA

Une chaleur accablante pour un après-midi sur une piste délimitée en zones d’activités, ou dans des recoins explorés pour satisfaire toutes les curiosités…

Quelque chose comme un inventaire à la Prévert… avec du toreo de salon, du carretón, l’habillage d’un cheval de picador par la cavalerie Heyral, l’alguazil, une démo de rejón par Julie Donzala, la présidence, l’infirmerie, les chiqueros, la chapelle, des lectures, du ciné, une expo, l’organisation d’un sorteo virtuel, des écoles taurines… ainsi qu’un stand aussi très visité… la buvette !!!

Pardon à tous ceux que j’oublie… Reste que sous cette canicule, stationner en piste n’était pas une sinécure et que tous ces bénévoles ont eu bien du mérite !

Le public ? Plutôt clairsemé, la météo n’expliquant peut-être pas tout car on ne peut occulter le boycott de la plupart des clubs taurins exilés à Saint-Gilles il y a peu pour monter à peu près la même formule, pas plus que la corrida de Saint-Martin-de-Crau au même moment, avec un torero nîmois au cartel...

Aujourd’hui, avec la tienta à 11h puis la classe pratique l’après-midi, espérons que les étagères soient convenablement garnies, mais compte tenu des prévisions météo, la concurrence des piscines, de la mer ou des Cévennes risque encore de frapper…

Pourtant, ces jeunes qui fourbissent leurs premières armes en public méritent d’être soutenus et encouragés. Leurs profs aussi, quels qu’ils soient…

MAUGUIO

La corrida de la Romería aura lieu le dimanche 19 juin. Bétail de Sotillo Gutiérrez. Cartel complet annoncé ultérieurement.

BELLAS ARTES

Photo Las Ventas

Le Conseil des Ministres espagnol a attribué la Médaille des Beaux-Arts à Joselito et à titre posthume, à Pepín Martín Vázquez (voir chronique).