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Jeudi, 23 Décembre 2021
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Pedro Romero : Le Dinosaure… (2)
 
... A Cadix, en 1778, “Pepe-Hillo” et Pedro Romero s’affrontèrent en un duel qui restera l'un des plus célèbres de l'histoire de la tauromachie.
 
Pedro et José ont vingt-quatre ans.
 
Cette année-là :
 
Carlos III avait encore dix ans à régner.
 
Roi de France depuis quatre ans, Louis Capet perdra sa tête quinze ans plus tard.
 
James Cook, lui, avait découvert les îles Sandwich, aujourd’hui Hawaï.
 
Voltaire est mort le 30 mai et Rousseau le 2 juillet.
 
L’objet de ce mano a mano entre le sévillan et le rondeño devant l’aficion gaditana était de déterminer lequel des deux tuerait avec le plus de courage et d'efficacité.
 
Lorsque le moment de vérité arriva, "Pepe-Hillo », jette sa muleta au sol et cite a recibir avec son castoreño qui, à cette époque, servait de montera.
 
Voyant la suerte si admirablement exécutée, Romero arrache sa résille, cite son toro avec le petit peigne qui lui tenait la chevelure et le tue d’un « estoconazo certerísimo ».
 
Au risque que le défi se termine par une blessure grave, l'autorité dut intervenir pour empêcher les deux espadas de continuer à étaler leur témérité.
 
Des faits de cet ordre dessinèrent autour de Pedro Romero une auréole de torero mythique, définitivement consolidée quand, une fois retiré de l'arène, on se rendit compte qu'il n'avait jamais connu de cornada grave.
 
Ce retrait, initialement prévu pour 1794, fut retardé jusqu'en 1799, le torero ne supportant pas de vivre éloigné des ruedos.
 
Pedro avait quarante-cinq ans.
 
En 1830, il sollicita la direction de la nouvelle École de Tauromachie de Séville, l’institution que créa Fernando VII.
 
Cette année-là :
 
« Pepe Hillo » est mort depuis vingt-neuf ans, tué à Madrid par « Barbero ».
 
Fernando VII « le Désiré » ou le « Roi Félon » occupe le poste depuis trois ans.
 
Louis-Philippe, « prince dévoué à la cause de la révolution » devient « roi des Français », rompant ainsi, par ce titre, avec les 68 « rois de France » qui l'ont précédé.
 
Honoré de Balzac a trente et un ans et publie El Verdugo, Étude de femme, Adieu, L'Élixir de longue vie, Gobseck, Une double famille, la Paix du ménage.
 
Le concerto pour piano no 1 de Chopin est créé à Varsovie.
 
Romero obtint le poste qu'il avait demandé et qu’avait occupé dans un premier temps le torero de Chiclana, Jerónimo José Cándido, disciple du maître de Ronda. Sa légende dit que le vieux Pedro Romero aurait conservé son tempérament et son esprit juvéniles jusque dans la vieillesse et qu'il aurait tué un taureau alors qu'il avait soixante-dix ans.
 
Il meurt à Ronda le dix février 1839, deux mois avant Jerónimo José Cándido.
 
Il avait quatre-vingt-cinq ans.
 
Cette année-là : Karl Marx a vingt et un ans et suit ses études d’histoire et de philosophie à l’université Friedrich-Wilhelm de Berlin.
 
Datos
 
Pedro Romero Martínez, né le 19 novembre 1754 à Ronda, mort le 10 février 1839 à Ronda.
 
Pedro Romero appartient à une famille comptant de nombreux matadors parmi ses membres : son père, Juan Romero et son jeune frère José Romero furent eux aussi matadors ; son grand-père, Francisco Romero, est généralement considéré comme « l’inventeur » de la corrida, pour avoir été le premier à utiliser muleta et épée pour mettre à mort le taureau.
 
Il commence sa carrière en 1771 comme « seconde épée » dans la cuadrilla de son père, participant à trois novilladas dans les arènes de Jerez de la Frontera. Il se présente pour la première fois comme matador à Madrid en 1775. Commence alors sa rivalité avec « Costillares » et « Pepe Hillo ». Son talent dans le maniement de l’épée le fait surnommer « El Infalible ».
 
Il se retire en 1799, mais participe encore de manière épisodique à quelques corridas, avant de se retirer définitivement en 1806. Il prend alors la direction de l’Ecole de tauromachie de Séville, à laquelle il est nommé par ordonnance royale.
 
Il y aura notamment pour élève Francisco Montes « Paquiro ».
 
Patrice Quiot