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Mardi, 11 Janvier 2022
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Calendrier taurin…
 
« En Espagne, la plupart des férias taurines et des « jours de taureaux » coïncide avec la célébration du saint patron de la cité.
 
La San José, le 19 mars, coïncide avec l’une des férias taurines de Valence, également célébrée par des courses de taureaux à Aranjuez, Elda, Ontur, Utiel.
 
La San Juan, le 24 juin, coïncide avec les férias taurines de Badajoz, Soria et Alicante, également célébrée par des courses à Albacete, Éibar, León, Tarragone.
 
La San Jaime ou Santiago, saint Jacques, saint patron de l’Espagne, le 25 juillet, coïncide avec la féria de Santander à laquelle s’ajoutent de nombreuses corridas, à Almadén, Ávila, La Línea de la Concepción, Puerto de Santa María, Tudela, Valence.
 
La liste n’est pas exhaustive.
 
La date la plus féconde en « jours de taureaux » est l’Assomption de la Vierge, le 15 août où sont régulièrement données des courses à Alfaro, Barcelone, Burgo de Osma, Cenicientos, Calatayud, Gijón, Málaga, Puerto de Santa María, Séville, Tafalla.
 
D’autres férias correspondent à des dates religieuses mobiles qui dépendent du jour de Pâques : le mardi gras ou le carnaval, le dimanche des Rameaux, le jeudi de l’Ascension, le dimanche de Pentecôte, le jeudi de la Fête-Dieu (Corpus Christi).
 
Le cycle festif de Pâques est sans doute celui qui met le mieux en valeur un lien substantiel qui aurait survécu entre le calendrier taurin et le calendrier religieux.
 
En 325, le concile de Nicée fixa la fête en mémoire du Christ au dimanche de la résurrection tombant après la pleine lune qui a lieu soit le jour de l’équinoxe de printemps (21 mars), soit aussitôt après cette date, Pâques oscillant ainsi entre le 22 mars et le 25 avril. 
 
On remarquera que le mot « carnaval », emprunté à l’italien carnevalo est composé de carne (viande, chair) et de levare (lever, ôter). Le premier sens du mot a pu être « entrée en carême », puis « veille de l’entrée en carême », temps caractérisé par des fêtes, des ripailles et des divertissements en tout genre. 
 
Cette relation autour de la fête carnavalesque qui établit un lien fort entre la fête, la subversion de la norme et la consommation exceptionnelle de viande, offre un ancrage solide pour enraciner les jeux taurins dans une ancienne ritualité festive.
 
Parmi les férias et les jours de taureaux modernes qui suivent le calendrier du cycle festif de Pâques, citons le cas de Séville (la corrida du dimanche de résurrection et la féria taurine de Pâques), la féria de Castellón au moment du Carnaval, les férias de Tolède et de Grenade pour le Corpus Christi (Fête-Dieu).
 
Certaines dates taurines, en rupture avec le calendrier religieux, correspondent à des fêtes civiles commémoratives, tel que le jour de l’Andalousie à Séville, la très attendue corrida du Dos de Mayo à Madrid, ou encore celles du 12 octobre qui célèbrent el Día de la Hispanidad (autrefois nommé día de la Raza) correspondant à la date anniversaire de la découverte de l’Amérique.
 
D’autres événements taurins s’affranchissent entièrement de la chronologie festive des calendriers civico-religieux. Ce sont, tout d’abord, les courses proposées dans le cadre des arènes dites de temporada (de saison). 
 
Ces arènes élaborent, en marge de leur féria, une programmation hebdomadaire de spectacles comme le font les théâtres et les opéras.
 
Seules Madrid et Séville peuvent s’inscrire véritablement dans cette catégorie même si, dans deux styles différents et géographiquement très éloignés, les arènes de Barcelone et du Puerto de Santa María (Cadix) propos(ai)ent une programmation de ce type.
 
À Barcelone, il existait officiellement une saison taurine qui se réduisait en réalité à 6 ou 7 dates, soit beaucoup plus que de nombreuses férias, mais beaucoup moins qu’une véritable saison de courses de taureaux comme celle de Madrid et de Séville.
 
Au Puerto de Santa María, le cycle des courses est annoncé sous l’appellation de féria, mais elles sont réparties en courses hebdomadaires sur les mois d’été. Ajoutons à cette catégorie la tradition des courses de solidarité, de bienfaisance, offertes pour financer un projet, indemniser des victimes d’une catastrophe, rendre hommage à un torero qui se retire ou renflouer les caisses d’une gloire désargentée.
 
Les plus célèbres de ces manifestations sont, à Madrid, la corrida de la Presse, au bénéfice des journalistes, et la corrida de la Bienfaisance, au bénéfice de diverses œuvres de la Communauté.
 
Les corridas de bienfaisance perpétuent la tradition des spectacles et des jeux qui n’étaient autorisés qu’à condition qu’ils contribuent à une œuvre caritative ou au financement d’un projet pour la cité. Sont à mettre dans cette catégorie ce que la nomenclature taurine nomme « festival », à savoir une course mineure, sans habit de lumière, avec des taureaux aux cornes réglementairement épointées, au cours duquel les professionnels ne sont pas rémunérés.
 
Enfin, certains rendez-vous pourraient être rapprochés du modèle sportif, composé de plusieurs rencontres qui cherchent à créer une émulation au-delà des représentations isolées et indépendantes les unes des autres.
 
C’est le cas pour des courses réservées aux jeunes toreros : le concours de novilladas d’Arnedo qui décerne au meilleur espoir le trophée du Zapato de Oro, les concours de novilladas composés de phases éliminatoires pouvant avoir lieu dans différentes arènes.
 
Cette évolution montre que l’univers de la corrida n’est pas totalement hermétique aux évolutions organisationnelles de type sportif, même si ce modèle est constamment mis à distance pour asseoir la dimension artistique de la tauromachie. »
 
Sources : TERRES DE TAUREAUX/ Jean-Baptiste Maudet / Casa de Velázquez.
 
Patrice Quiot