Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Samedi, 15 Janvier 2022
cerv15ph
 
Et voilà… Pet au casque !
 
La vache l’avait à peine bousculé.
Et il était tombé.
 
En se relevant.
Il se sentit tout drôle.
 
Quelque chose.
Avait changé.
 
Il tira la langue.
A la becerra.
 
Et pissa.
Au milieu du ruedo.
 
Son apoderado.
Lui en fit l’observation.
 
Il l’envoya chier.
Et quitta le tentadero sans saluer le ganadero.
 
En rentrant chez lui.
Il décrocha les têtes de toros naturalisées accrochées au mur du salon.
 
Vida.
La penderie des trajes de luces.
 
Mit le tout.
Au grenier.
 
Et jeta au feu
Les revues taurines.
 
Il passa le lendemain et les jours suivants
A lire les aventures de « Babar ».
 
Et à manger.
Des « Choco Pops ».
 
Pas d’entraînement.
Pas de campo.
Nada.
 
Inquiète, sa femme et l’apoderado.
Appelèrent le docteur qui ordonna une radio.
 
Les spécialistes diagnostiquèrent.
Une perte.
De la mémoire de tout ce qui concerne les toros.
 
Un pet au casque, ça s’appelait !
 
Il avait tout oublié des usages
Qui régissent ce monde.
 
Le dimanche suivant.
Il s’habilla de lumières en vêtement de papier crépon.
 
Fit le paseo en marche arrière.
Et torea de dos.
 
Il tua ses deux toros.
De deux estoconazos dans l’œil.
 
L’originalité de cette pratique.
Lui fit armer un gros taco.
 
On le répéta.
Six fois.
 
Et six fois.
Il fit pareil.
 
La commotion de la chose.
Ebranla le mundillo.
 
On le comparait.
A Belmonte qui se serait fait Charlot.
 
La presse spécialisée s’en fit l’écho.
La télé le fit venir sur les plateaux.
 
Il s’y rendait habillé de papier crépon.
Et y lisait les aventures de « Babar ».
 
Il devint célèbre.
Et partit en Afrique.
 
Dans un pueblo à côté de Bamako.
Il s’éprit d’une guenon bonobo.
 
Un soir de dispute domestique au sujet d’un encierro de bananes.
Elle lui jeta à la tête une noix de coco.
 
Il tomba.
Au sol.
 
En se relevant.
Il se sentit tout drôle.
 
Quelque chose.
Avait changé.
 
Il abandonna le singe et l’Afrique.
Rentra dans son village.
 
Ressortit les trajes de luces.
Et les têtes de toros naturalisées du grenier.
 
Acheta.
De nouvelles revues taurines.
 
Et reprit.
La routine d’un entraînement quotidien.
 
Il ne lisait plus les aventures de « Babar ».
Et ne mangeait plus de « Chocó Pops ».
 
Sa femme et l’apoderado.
Estimèrent qu’il n’y avait pas nécessité.
 
A aller consulter…
 
Patrice Quiot