Samedi 20 Avril 2024
PATRICE
Jeudi, 20 Janvier 2022
manzanilla20ph
 
Le rap de la manzanilla…
 
Pas besoin d’être rien pour avoir peur du temps.
 Mes catavinos toréent l’instantané.
Seul au milieu du grand chai.
Je dessine des passes creuses en les engloutissant.
 
Jeté en pâture aux cornes des toros.
Graine de fleur ruinée par les impresarios.
Eux, dans la nécropole de leurs crimes indécents.
Et moi perdu dans mes rêves de fer-blanc.
 
« La Guita », toi, ma sœur.
Toi, toujours là.
Manzanilla frangine, bouée à mon malheur.
Dans mon cortijo de gravats.
 
Je peux gueuler dans ce palais d’ermite.
Il faudrait que je crève cette bulle tant que mes artères palpitent.
Pour que j’atteigne mon but qui s’amenuise vite.
Depuis qu’une seule tarde a montré mes limites.
 
Pas de dates, nib, oualou, rien.
Ces mois où privé de toros je vis comme un chien.
Je me répète en vain que ma vie est en l’air.
De ne m’être pas joué les couilles à seize piges et des poussières.
 
« La Guita », toi, ma sœur.
Toi, toujours là.
Manzanilla frangine, bouée à mon malheur.
Dans mon cortijo de gravats.
 
Je fais panne sèche en haut de la pente et je la dévale.
Les copitas défilent et déploient leurs illusions.
C’est pas beau l’attente et je m’y empale.
Je ne suis même pas un souvenir et jamais serai figurón.
 
Scotché sur le mur comme une punaise.
Je crois ni aux promesses ni aux leçons.
De ceux qui un jour aussi expieront.
Dans le montón de la fournaise.
 
« La Guita » ma sœur.
Toi, toujours là.
Manzanilla frangine, bouée à mon malheur.
Dans mon cortijo de gravats.
 
Autour de moi je ne sens que la rancœur.
Il se disait un ami, c’était un voleur.
J’ai aimé une femme mais j’étais fini.
Et elle m’a banni.
 
Des millions de vies 
Et combien de déceptions ?
Je me dis que si j’avais réussi.
J’aurais rehaussé le niveau des exceptions.
 
« La Guita » ma sœur.
Toi, toujours là.
Manzanilla frangine, bouée à mon malheur.
Dans mon cortijo de gravats.
 
Le jour où je serai mort.
Je veux qu’on me donne raison.
De dire que j’ai aimé mon sort
Le temps de mon unique saison.
 
Ma rancune ne me fera jamais clore le bec.
Car ma haine, je ne suis pas né avec.
Ça je le revendique.
Et celui qui dit le contraire, contre le mur, j’le nique.
 
« La Guita » ma sœur.
Toi, toujours là.
Manzanilla frangine, bouée à mon malheur.
Dans mon cortijo de gravats.
 
Patrice Quiot