Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Vendredi, 21 Janvier 2022
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Sotte nostalgie…
 
 « Nous sommes libres de lutter contre le sommeil de la mémoire et du cœur, de vaincre en nous la puissance formidable de l'oubli » François Mauriac, 1939.
 
 
Phares blancs
Et Immatriculations MA, CA, SA ou SE.
 
Paco Camino de novillero et celui de la Bienfaisance de 1970.
Galloso y Manzanares toréant ensemble au capote et le second avec « Clarín » en 1978.
 
Carteles «Laminograf».
Et le portier emplumé de «L’Imperator».
 
Le vieux «Rubio».
Mozo de espadas communiste.
 
Le Viti apodéré par Florentino Díaz Flores.
Avec Chaves Flores de lidiando dans le vent de Palavas.
 
Le boulevard Victor Hugo à double sens.
Et Roger Lacroix qui tenait «La Petite Bourse».
 
Manolo «Gordo», boucher de son état.
Qui avait fait découvrir les pieds paquets à Paquirri.
 
L’Espagne des copitas de tinto à deux ptas.
Et celle des limpia botas infirmes.
 
Le café du Lyon.
Camille le patron et Paulette, sa femme.
 
Les enganes de chez Espelly.
Et Paul Laurent « Le Pape » les lundis de marché au vin.
 
Les lunettes noires de Pepe Cámara.
Et les vertes d’Hemingway.
 
Les courses de nuit.
Et une capea chez Clément où notre fille en pleurs ne voulait pas que je « tore ».
 
Vic de Marcel Garzelli et Jean-Claude Biec.
Eauze de Jean Fitte.
 
Et Manuel Martínez Flamarique.
Partout.
 
Jeannot Fabregoul à la « Petite B », René et sa rabattue de cheveux à la Grande.
Marcel et ses pieds plats au « Parisien ».
 
Pierre et Rosette Pouly.
Pedro Romero à la rue Tour du Fabre, « Le Chato », Gallardo, Mingau et Marotto « le plus bel espagnol d’Europe » sur la place du Forum.
 
Bayonne « L’Amatcho », le chocolat de chez Cazenave.
Et Charlie Forgues, vice consul de Norvège.
 
Mon petit frère renversé par une voiture.
Alors qu’il allait récupérer un pétard éteint sur le Bd Talabot.
 
Un « papier » de Vincent Bourg « Zocato ».
Traduit en chinois.
 
Le 17 mai 1964.
Et Manuel Benítez avec le sobrero de Juan Pedro.
 
Les espontaneadas militantes.
Des toreros français.
 
Un dîner dans le patio de chez Darcq à Dax, Teruel à la table d’à côté.
Et un autre aux « Pyrénées » à Mont de Marsan.
 
Cocteau et Picasso.
En barrera.
 
Les corrales du Bd Natoire, le « Macareno ».
Et l’homme à la pipe à la taquilla de la rue Alexandre Ducros.
 
Masson.
Et Pauline.
 
Les sœurs Ortega, la Milagosa.
Et « La Burgalesa ».
 
L’aïoli de « L’aficion Cheminote »
Le vendredi matin de Feria sur l’Esplanade.
 
Paco Ruiz Miguel, Martín Toro.
Et « El Formidable ».
 
Kader.
Et le Nîmes Olympique de Jean Bouin.
 
Les Gauloises à 90 centimes.
Et La Churascaia de Jean Lafont et de Jeannot Lopez.
 
El Cartagenero qui arrivait aux arènes en parachute.
Il tomba à la mer et fut, dit-on, mangé par un requin.
 
Et puis.
Et puis…
 
Muchos otros.
Beaucoup d’autres.
 
Vieux souvenirs
D’il y a si longtemps.
 
Comme autant de banderilles.
D’une sotte nostalgie.
 
Datos 
 
Étymologiquement, le terme nostalgie provient du grec ancien nóstos (« retour ») et álgos (« douleur ») ; soit, le mal du pays.
 
Le dictionnaire Le Petit Larousse définit la nostalgie comme un « état de langueur causé par l'éloignement du pays natal ».
 
La nostalgie, qui se présente étymologiquement comme le « mal du pays » désigne souvent une mélancolie accompagnée d'un envoûtement par rapport à des souvenirs liés aux lieux de l'enfance, qu'on évoque à travers une jouissance qui est douloureuse.
 
Créé dans un sens à connotation médicale, le terme nostalgie va évoluer sémantiquement dans un sens conventionnel qui désigne ce terme comme une simple émotion.
 
Le mot nostalgie entre dans le dictionnaire de l'Académie française en 1835 avec la définition : « Maladie causée par un désir violent de retourner dans sa patrie. ».
 
Né vers 1522, Joachim du Bellay est un des premiers auteurs à évoquer la nostalgie avec son recueil intitulé Les Regrets, publié en janvier 1558, où il exprime son amour de son pays natal. Le sonnet « Heureux qui, comme Ulysse », qui figure dans ce recueil, est considéré comme l'archétype du texte évoquant la nostalgie.
 
Pour Chateaubriand, vers 1840, il ne s'agit plus d'une maladie, mais d'un regret : « La nostalgie est le regret du pays natal ».
 
Au début du XXe siècle, Marcel Proust a écrit de 1906 à 1922, correspondant à une publication de 1913 à 1927, les sept tomes de « À la recherche du temps perdu ». Cette œuvre aux relents très nostalgiques présente une intense réflexion sur la littérature, sur la mémoire et sur le temps.
 
Au XXIe siècle, Milan Kundera considère L'Odyssée d' Homère et le personnage d' Ulysse comme « l’épopée fondatrice de la nostalgie ».
 
Sous un aspect plus philosophique, Albert Camus définit ce sentiment dans « Le Mythe de Sisyphe » en écrivant « La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie. »
 
Patrice Quiot