Vendredi 26 Avril 2024
NIMEÑO (S)
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Parlez-lui de Christian…
 
Le salon nîmois de la biographie s’achève ce soir. 
 
Alain Montcouquiol y était avec ses livres. Ses binocles sont à peine embuées par ce putain de masque qui dissimule son humeur et parfois ses émotions. Françoise est là, soucieuse de voir Alain respecter les gestes barrières au contact de ses lecteurs. Elle veille sur lui comme il le faisait sur son petit frère. 
 
Ces lecteurs, un tantinet gênés, avancent vers la table où sont disposés les quatre opus qui racontent cette fusion entre deux frères. Le dialogue s’instaure. Une anecdote, un souvenir, un après-midi de toros, cette course de Guardiola… tout y passe. Alain griffonne deux ou trois lignes tout au plus. « Merci d’avoir aimé Christian », « à toi et en souvenir de Christian », « « merci de nous avoir suivis »…  La signature à une main est en vérité à deux mains. L’une visible, et l’autre qui plane au-dessus du stylo. 
 
Alain raconte Christian avec talent, émotion et érudition. 
 
Être son voisin de dédicace est un plaisir. 
 
Certes, nos échanges ne se limitent pas à deux après-midis passés lors d’un salon, mais c’est toujours un moment privilégié d’être à ses côtés comme il l’était durant toutes ces années auprès de Christian. 
 
J’ai découvert une photo plutôt rare des deux frères en habit de lumière. Cette photo est assez insolite car Alain n’a quasiment jamais toréé avec Christian de « lumière ». Alain me dit alors : « la première année où Christian s’est produit en novillada, j’ai fait office de troisième. Ça faisait un cachet de moins à payer pour nous et ça me permettait d’être plus proche de lui. Ce costume a une histoire. Denise Vargas, de Céret, mère d’adoption de notre génération, l’avait acheté au Rastro. Il a servi à Simon, à moi, à Lucien et sûrement a d’autres. Si on fait une recherche ADN, on doit y retrouver tous les matadors de l’époque. A sa mort, elle avait laissé comme consigne à sa fille de me le remettre avec le fameux drapeau tricolore de Saint-Sever. Ce costume noir, délabré, usé est une pièce indélébile des souvenirs de l’histoire des toreros français ».
 
Parlez-lui de Christian et Alain vous racontera l’histoire des toreros français, comme il sait le faire quand sa plume glisse sur le papier pour le plus grand bonheur des aficionados…
 
Jean-Charles Roux
 
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Dans ces courts, tirés pour la plupart des jours heureux où, avec son frère, le grand matador Nimeño II, ils bâtissaient une des plus singulières aventures humaines que cet art puisse offrir, Alain Montcouquiol pose un regard plein d’affection sur les hommes, leurs peines, leurs grandeurs et leurs ridicules. Un regard à la bonne distance.
 
Si Alain Montcouquiol n’est pas le frère d’une statue (celle qui se trouve près des arènes à Nîmes), il n’en bâtit pas moins, à travers ces lignes, un monument aux héros oubliés, aux hommes, les humbles, les pauvres, les vaincus qu’il a croisés pendant toutes ces années, et que le rêve anachronique de la corrida sublime et transcende…
 
(Editions Verdier)