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Mardi, 01 Février 2022
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Bayonne : De 1289 à Lachepaillet. (1/3)...
 
« L’origine des jeux taurins à Bayonne se perd dans la nuit des temps.
 
Dans les archives de la Médiathèque, on retrouve un texte daté de 1289, dans lequel les responsables de la ville se plaignent de l’habitude prise par les bayonnais de courir vaches, bœufs et toros dans les rues de la cité pour les conduire jusqu’aux abattoirs, alors situés rue Vieille Boucherie.
 
C’est le texte fondateur de la tauromachie en France.
 
Il établit la preuve formelle, définitive et irréfutable d’une tradition bayonnaise. Et tous ceux qui foulent encore aujourd’hui la Place Paul Bert pendant les Fêtes comprennent vite que cette tradition s’est ancrée solidement dans les gènes de Bayonne.
 
Dès lors, à Bayonne, on organise régulièrement des courses à chaque passage royal ou princier.
 
1674, première course officielle.
 
1701, course pour l’accueil de Philippe V, avec le consentement de son grand-père Louis XIV.
 
1751, course pour la naissance du duc de Bourgogne.
 
Ces courses se donnent alors sur une place soigneusement barricadée et se déroulent sur la place Gramont ou sur la place d’Armes, devenues respectivement place de la Liberté et place De Gaulle.
 
Envers et contre toutes les interdictions, Bayonne poursuit l’organisation régulière de ces spectacles jusqu’au milieu du 19ème siècle.
 
C’est une date historique ! Bayonne offre à la France sa première corrida de l’époque moderne.
 
L’arène en bois, atteignant les 3500 places, est située Place de la Course, à l’actuel emplacement de l’école maternelle Jules Ferry.
 
La première épée est le sévillan Francisco Arjona « Cúchares ».
 
Il est accompagné d’Antonio Sánchez « El Tato », devant des toros andalous et navarrais.
 
Dès la publication des programmes, c’est un engouement extraordinaire. On écrit depuis Paris, Bordeaux et Toulouse pour réserver. Le plein fut vite atteint, et ce pour les trois jours de feria.
 
Théophile Gauthier, envoyé spécial du « Moniteur » et passionné de tauromachie, vint en personne pour relater l’événement
 
L’année suivante, 1854, c’est toute une saison qui est organisée.
 
Pour la course du 5 août, plus un billet.
 
A la Présidence d’honneur, l’Impératrice Eugénie de Montijo et Napoléon III.
 
Ces arènes auront de l’activité jusqu’en 1862, accueillant des aficionados de plus en plus nombreux, grâce à l’arrivée du chemin de fer dès l’hiver 1854.
 
La dernière corrida formelle se donne dans ces arènes le 9 septembre 1862, une nouvelle fois présidée par Napoléon et Eugénie.
 
Le 21 septembre, dernier jour de l’été, le rideau tombe, après une course secondaire avec Domingo Mendivil et le maestro de Deba, Manuel Egaña.
 
Une commission de sécurité, en raison du mauvais état des gradins, ferme définitivement la plaza de Saint-Esprit.
 
Après la fermeture des arènes de Saint-Esprit, plusieurs sites voient l’édification de nouvelles plazas, toujours en bois.
 
Plusieurs courses sont données sur les Glacis de Saint Léon puis aux Allées Marines.
 
Solet, spécialiste du bâtiment, fait construire une petite arène en bois près du carrefour Saint Léon en 1885.
 
Elle se trouve à la sortie de la ville, près du pont-levis de la porte d’Espagne et compte 3800 places. Plusieurs courses hispano-landaises s’y déroulent.
 
L’année suivante (1886), les arènes sont installées dans le jeu de paume des Allées Marines, près de l’usine à gaz. On y recevra en septembre pour la première fois les toreros du Sud-Est de la France, dont Etienne Boudin, le premier « Pouly » de la dynastie, fondateur de la course mixte hispano-provençale.
 
Fin septembre s’organise dans cette plaza des bords d’Adour la première course nocturne, avec l’apparition d’un matériel fort sophistiqué pour l’époque, trois grosses lampes électriques.
 
Malgré les nombreuses coupures, ce fut une première mondiale. De pénibles pannes handicapent la course et le public mécontent provoque une gigantesque émeute. Le spectacle finalement interrompu se poursuivra le lendemain, mais durant l’après-midi.
 
Des courses sont organisées chaque année en ce lieu jusqu’en 1890.
 
En 1892, une nouvelle arène est bâtie aux Glacis, où plusieurs courses se déroulent.
 
Bayonne, au fil des ans, est devenue aficionada convaincue.
 
Il manquait à Bayonne une arène digne de sa tradition.
 
Plusieurs aficionados décident d’ériger, comme un peu partout en Espagne, une arène en dur et à l’extérieur du centre-ville.
 
Le plateau de Maledaille, à l’ouest de la ville et qui surplombe les barthes de l’Adour est choisi.
 
Alors presque désert et à vocation surtout agricole, le plateau deviendra par la suite le quartier très résidentiel de Lachepaillet ou quartier des arènes. »
 
A suivre…
 
Sources : Histoire et tradition - Arènes de Bayonne.
 
Patrice Quiot