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Mercredi, 02 Février 2022
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Bayonne : De 1289 à Lachepaillet. (2/3)...
 
« Le jeudi 3 mai 1894, c’est le landais Pierre Cazenabe, surnommé « Felix Robert », qui se présente en novillada. Il deviendra le premier matador de toros français de l’histoire, en prenant l’alternative à Valence le 18 novembre, des mains d’El Gallo.
 
L’année 1908 voit la création de la première association de tauromaches locaux qui décident de fonder le « Taurin Club Bayonnais ». 
 
Félix Broca, commerçant chausseur sur les bords de Nive, figure locale et chanteur émérite en est élu président.
 
Ce club sera pendant de longues années la conscience taurine de la ville, cultivant la bonne humeur, mais avec un grand respect de la doctrine. Il fonda même un journal « La cogida » qui fit son possible pour l’éducation du public des arènes.
 
Le 20 septembre 1908 se présente à Lachepaillet Rafael « El Gallo ».
 
Le 5 septembre 1909, un petit parisien en vacances découvre la tauromachie sur le ciment de la plaza. Le gamin de 13 ans est bouleversé par ce spectacle qui va hanter son œuvre future de grand écrivain : c’est le futur académicien Henri de Montherlant. Il a toujours reconnu que Bayonne avait décidé de sa vocation taurine.
 
La saison 1912 est marquée par les deux corridas triomphales du maestro Vicente Pastor, héroïque à chaque sortie.
 
En 1913, Bayonne fête longuement le premier titre de champion de France de son cher Aviron.
 
Le 7 septembre se présente à Lachepaillet Rodolfo Gaona,
 
La dernière corrida, le 25 septembre est écourtée par le président après le cinquième combat, car la nuit est déjà tombée. C’est la bronca sur les gradins ; elle restera dans les mémoires car hélas l’année suivante la France et l’Europe sombrent dans la barbarie de la guerre.
 
Le 14 septembre 1919, c’est le retour des courses après le cauchemar et 5 ans sans corridas. 
 
Cette unique corrida de la saison sera historique.
 
On embarque 6 toros portugais de Palha, à Villafranca de Xira dès le 2 septembre, afin qu’ils puissent se reposer du long voyage à l’arrivée. 
 
Malheureusement, le convoi est longtemps bloqué sur la frontière hispano-portugaise ; puis une semaine plus tard à Valladolid en Castille.
 
Ce voyage calvaire voit leur arrivée le matin même de la course à Hendaye. On dépêche à la hâte deux camions. 
 
C’est Félix Broca, président du Taurin Club, qui sera au palco.
 
Le cirque est comble à 17h et l’Harmonie s’époumone pour faire patienter le public, alors que circule la rumeur (justifiée) du retard des camions… à cause d’interminables formalités douanières en ce dimanche. 
 
Le premier véhicule apparaît sur la butte de Maledaille vers 17h30 et le paseo s’élance enfin, avec une heure de retard.
 
Mais à 19h, il faut se rendre à l’évidence : le quatrième toro ne sortira pas, le second camion manquant à l’appel. La nuit tombe et la course est arrêtée faute de combattants, sous un vacarme rugissant.
 
La foule frustrée jette en piste banquettes et chaises de loge et un feu protestataire est allumé au centre du ruedo. La colère gronde toujours et, alors que la majorité du public a quitté l’enceinte, quelques retardataires excités projettent le matériel en flamme sur les gradins du haut, en bois.
 
Une demi-heure plus tard, Lachepaillet flambe. 
 
Le lendemain, il reste la base de ciment noircie d’une arène décapitée.
 
L'année 1920 est marquée par la mort de Joselito à Talavera puis d’Eugénie de Montijo  le 11 juillet à Madrid.
 
Bayonne rouvre ses arènes le 5 septembre, réparées à la hâte et sans trop de frais.
 
En 1921, grâce à l'intervention d'Alfred Boulant, patron des casinos de Biarritz, on reconstruit la plaza, plus grande et en ciment jusqu'en haut, lui donnant l'aspect qu'elle conserve encore aujourd'hui et la temporada reprend son chemin, avec la présentation du maestro Juan Belmonte, en manque d'inspiration.
 
En 1922, c'est au tour de Marcial Lalanda de se présenter pour son premier paseo ici.
 
Le 2 septembre 1923, un grave accident marque l'afici6n bayonnaise. Il frappe un jeune Cubain aux racines basques, Carlos Aguirre, qui passe ses vacances au pays. 
 
Il va sur ses 23 ans et s'assoit à la barrera d'ombre n°23. Il voulait voir Chicuelo qui est dans une grande saison et qui fut ce jour admirable. 
 
Avec lui en piste, il y avait Antonio Marquez, qui peine à tuer le cinquième toro, réfugié dans les planches après plusieurs pinchazos. 
 
Le torero tente le descabello avec l'épée ordinaire, sans la garde actuelle près de la pointe (la cruceta).
 
L'acier plie et le frontal du toro fait levier. L'épée jaillit dans les gradins et transperce le cœur de Carlos Aguirre qui s'effondre, tué net.
 
En 1924, Bayonne inaugure son Musée Basque et la tradition bayonnaise lequel, bien sûr, consacre une belle salle à la tauromachie.
 
En 1928, le monde taurin accueille avec résistance l'imposition du caparaçon, le matelas protégeant les chevaux de picadors, le fameux«  peto». Cette innovation capitale va faire entrer la corrida dans la modernité.
 
En juillet 1932 naissent les Fêtes de Bayonne, qui vont immédiatement prendre une incroyable réputation et, après plus d'un demi-siècle d'interruption, Bayonne retrouve son antique tradition de la course de vaches dans les rues, sur la place Saint André, dans le populaire quartier du Petit-Bayonne, confiné entre Nive et Adour. Ce fut d'entrée un succès fou.
 
1934 voit l'Union Tauromachique Bayonnaise prendre discrètement la suite du Taurin Club. La corrida des troisièmes Fêtes est médiocre, mais les Bayonnais en liesse sont trop heureux pour se fâcher : pour la deuxième fois, l'Aviron est champion de France en battant le Biarritz Olympique, voisin et ennemi héréditaire : le comble du bonheur !
 
En 1936, une chape de plomb tombe sur les Fêtes et les toreros ont le regard ailleurs, en pensant à l'Espagne qui plonge dans la guerre civile.
 
1937 voit se livrer une rude bataille pour la direction des Arènes. 
 
Le pharmacien Marcel Dangou s'associe au tout puissant empresario espagnol Eduardo Pagés, achète les arènes et commence à y organiser les spectacles taurins.
 
La corrida de clôture de la saison 1939 est fixée au dimanche 3 septembre, avec Juan Belmonte dans sa nouvelle vocation de rejoneador.
 
Mais à l'heure du paseo, la plaza est déserte, la France et l'Europe basculent dans l'horreur de la seconde guerre mondiale.
 
Le peuple de Bayonne est massé quartier Saint Esprit, devant la gare, pour saluer les hommes qui partent pour le front dans la tristesse. »
 
A suivre…
 
Sources : Histoire et tradition - Arènes de Bayonne