Dimanche 28 Avril 2024
PATRICE
Vendredi, 04 Février 2022
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Ousmane…
 
Enfant
Sculptant.
Les pierres de l’Atlantique.
 
Becerrista.
Du campo abierto.
De la mer.
 
Adulte.
Modeleur du plâtre.
Des patients de son cabinet de kiné.
 
Comme un maçon.
A mains nues, il malaxe.
Pour respirer.
 
Comme un torero.
Mains por delante, il œuvre.
Pour aller.
 
Et dire.
En toute liberté.
 
Des déchets.
De colle altérée.
Mélangés à des produits.
 
Pour créer un onctueux souple.
 
Tanteo.
Et réglages.
En muletazos d’approche.
 
Pour préparer ceux du fondamental.
 
Armature en fer à béton.
Et paille imperméable.
Recouverte de toile de jute.
 
Pour inscrire le relief musculaire.
 
Lidia.
Et brega.
En main droite ou gauche.
 
Pour donner forme à une outrance.
 
Tissu.
Et enfin argile.
Presque inutile, mais là pour accrocher la lumière.
 
Et éviter le lisse.
 
Faena
De main droite.
Presque vaine, mais là pour donner envie.
 
Et préparer la gauche qui devient bronze.
 
Celui de l'Oba du Bénin. 
Qui faisait fondre en bronze.
Les têtes des ennemis décapités.
 
Pour les envoyer.
A leurs fils.
En guise de menace.
 
Bronze, réplique d'un original vivant.
Bronze, métal vrai de la naturelle.
 
Bronze issu de la chair.
Pour faire vivre.
Et rendre hommage.
 
Aux Noubas.
Aux Masaïs, aux Zoulous.
Et aux Peuls.
 
Hommes libres.
Et toujours.
En lutte.
 
Aguirre.
Miura.
Et Victorino du genre humain.
 
Et au-delà du charco.
A Little Big Horn.
Et aux Indiens d’Amérique.
 
Héros.
Rejetés.
Par le monde du futile.
 
Valientes
Qui debout.
Eux aussi se jouent la vie.
 
Matadores.
De grandeur.
Et de liberté.
 
Tous nomades.
Tous guerriers.
D’un même soleil.
 
D’une chabola.
De pisé.
A la Maestranza des musées de cortijo.
 
De Reubeuss.
Barrio de Dakar.
A l’éxito du Pont des Arts de Paris.
 
Des figurines en glaise.
De l’enfance.
Au Victor Hugo de trois mètres de haut.
 
Immense.
Torero de la beauté, de la grandeur et de la négritude.
Ousmane Sow.
 
Datos 
 
Ousmane Sow, né le 10 octobre 1935 à Dakar et mort le 1er décembre 2016 dans la même ville, est un artiste sculpteur sénégalais.
 
Ousmane Sow naît à Dakar, d’une mère saint-louisienne et d’un père dakarois de trente ans son aîné. Il grandit à Reubeuss, un des quartiers les plus difficiles de Dakar, où il reçoit une éducation extrêmement stricte au cours de laquelle son père le responsabilise très jeune. Il hérite de son père la rigueur, le sens du devoir et un esprit libre. À la mort de celui-ci, il décide de partir pour Paris, sans un sou en poche. Tout en pratiquant divers petits métiers, et après avoir renoncé à suivre l’enseignement de l’école des Beaux-Arts, il passe un diplôme de kinésithérapeute.
 
Bien que sculptant depuis l’enfance, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’il fit de la sculpture son métier à part entière. 
 
Mais la kinésithérapie qu’il exerça jusque-là n’est sans doute pas étrangère au magnifique sens de l’anatomie que l’on trouve dans son œuvre.
 
Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Cassel en Allemagne. Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise.
 
Son exposition sur le pont des Arts au printemps 1999 attira plus de trois millions de visiteurs. Depuis, son œuvre a été exposée dans une vingtaine de lieux, dont le Whitney Museum, en 2003, à New York pour une partie de la série sur la bataille de Little Big Horn.
 
C’est en 1984, inspiré par les photos de Leni Riefenstahl représentant les Nouba du Sud-Soudan, qu’il commence à travailler sur les lutteurs de cette ethnie et réalise sa première série de sculptures : Les Nouba. En 1988, naîtront Les Masaï, en 1991 Les Zoulou, et enfin, en 1993, Les Peul.
 
Durant l’été 2002, il réalise, à la demande de Médecins du Monde, une sculpture de Victor Hugo pour la Journée du refus de la misère.
 
En 2004, il entreprend la réalisation d'une série de petites sculptures Nouba, aboutissement de la série des grandes sculptures Nouba réalisées en 1984, série à laquelle il ajoute de nouveaux thèmes.
 
En 2008, le maire de Genève lui commande une œuvre destinée à son combat pour la régularisation des sans-papiers. Cette œuvre, intitulée L’Immigré, a été installée au cœur de Genève.
 
En 2010, le Museum of African Art de la Smithsonian Institution à Washington acquiert aux enchères une œuvre qu'il réalisa en 1989 pour la célébration du bicentenaire de la Révolution française, Toussaint Louverture et la vieille esclave. Cette pièce fait partie d’un groupe de sculptures incluant Marianne et les révolutionnaires. 
 
Pour son installation, le Museum of African Art dédie une salle spéciale à Ousmane Sow.
 
En 2013, reprenant le thème développé dans Toussaint Louverture et la vieille esclave, l’artiste répond à une commande de la ville de La Rochelle et réalise une nouvelle effigie de Toussaint Louverture pour le Musée du Nouveau Monde.
 
Patrice Quiot