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Vendredi, 18 Février 2022
nim17ph
 
Les courses de taureaux à Nîmes de 1804 à 1820 (2)...
 
"… Le baron Rolland, « considérant, que le projet du sieur Branchu procurera aux habitants de la ville de Nîmes, ainsi qu'à ceux des communes circonvoisines, un amusement pour lequel ils ont eu dans tous les temps le goût le plus décidé, et qu'en lui permettant aux conditions ci-après énoncées d'établir des courses de taureaux et autres spectacles publics dans les Arènes, cette mesure sera à la fois utile à la restauration du monument et à l'intérêt des pauvres », lui accorda par arrêté du 20 avril, l'autorisation de donner, du 1er mai au 30 septembre, dans l'intérieur des Arènes, des courses de taureaux et autres spectacles, tels que danse de corde, manège, voltige, luttes, ascensions de ballons. 
 
En revanche, Branchu s'engageait à payer le droit des pauvres, et à solder sur le produit, des recettes les frais de divers travaux de restauration et d'entretien, parmi lesquels la couverture de « l'aqueduc circulaire intérieur », et l'achèvement, des dix-huit grilles destinées à fermer les portiques du côté du midi. 
 
Branchu s'associa immédiatement avec Bastide fils et Paulhan fils. La première réunion dans les Arènes eut lieu le dimanche 23 mai 1813, après une publicité soignée, 300 affiches avaient été placées dans les localités voisines, la veille et le matin de la réunion, quatorze joueurs de tambourins et de galoubets, instruments que le rédacteur du Journal du Gard appelle en style noble « hautbois champêtres et petits tambours », avaient, selon la coutume, parcouru la ville. 
 
Les taureaux provenaient de la manade Boissier, au mas d'Anglas. Il y eut une course au mannequin et plusieurs courses de cocarde. Le succès fut très vif, on compta environ 8000 spectateurs, et la recette atteignit le chiffre, considérable pour l'époque, de 5600frs pour moins de 2000frs de frais. 
 
Branchu donna vingt réunions, jusqu'en octobre 1813. Ses programmes comprenaient, outre les courses de taureaux, des luttes, des exercices d'équitation, le jeu des trois sauts, et celui du saut sur l'outre ou peau de bouc. 
 
Le 11 juillet 1813, un Espagnol figura dans la course « à la manière des tauréadors » ; il est regrettable que nous n'ayons pu trouver de plus amples détails sur cet ancêtre des « toreros » modernes. Le 18, on put encore admirer « les tours de l'Espagnol et le jeu du mannequin sur pied » : le 15 août, la course d'un « buffle » (sic). 
 
Le jour de la fête de l'Empereur, la course de taureaux fut donnée gratis devant 20000 spectateurs. M. le comte Pelet, conseiller d'État, en mission dans les départements méridionaux, y assista, et fut paraît-il, très satisfait de la beauté du coup d’œil et de l’ordre qui régnait dans cette immense assemblée. 
 
La saison de 1813 fut donc, particulièrement brillante, et le public nîmois put se déclarer heureux ; les pauvres et les hospices avaient touché pour leur part, 7200frs. 
 
Branchu quitta Nîmes cette même année pour aller prendre la direction du 36e arrondissement théâtral (Landes, Basses et Hautes-Pyrénées), il fut, remplacé dans le Gard par le sieur Juclié, qui obtint, le 23 septembre 1813, le privilège des Arènes pour l'année 1814, moyennant un loyer de 12000frs et le versement de 20000frs pour le droit des pauvres. Mais les événements du début de l'année, l'invasion, la chute de Napoléon, le firent renoncer à son traité en avril 1814. Daniel Mourier lui succéda dans ses droits, le 14 mai, pour une période s'étendant jusqu'au 31 octobre. Le chiffre de la location était maintenu à 12000frs, mais le droit des pauvres réduit à 4000. 
 
Les courses de taureaux recommencèrent le dimanche 22 mai 1814. En juin, l'ordonnance rendue le 7 pour l'observation rigoureuse des dimanches et fêtes vint contrarier l'organisation, le préfet obtint cependant de Paris de faire donner les courses à partir de midi. 
 
Le 25 août, jour de la Saint Louis, fête du Roi, l'entrée fut gratuite, et le spectacle attira 20000 personnes. Mais les bénéfices généraux furent très inférieurs à ceux que la direction Branchu avait réalisés en 1813. 
 
Mourier se vit obligé de suspendre les réunions, il put obtenir une diminution du chiffre de ses redevances, le prix du loyer fut ramené de 12000 à 8000frs, et le droit, des pauvres de 4.000 à 3000.
 
En fin de saison, Monsieur, frère du Roi le futur Charles X, honora de sa visite auguste la bonne ville de Nîmes. On réquisitionna en toute hâte maçons, charpentiers, menuisiers et serruriers pour la toilette des Arènes, et le 11 octobre, à trois heures de l'après-midi, Monsieur assista à une ferrade donnée en son honneur dans le célèbre monument. 
 
En 1815, les circonstances furent encore moins favorables aux divertissements publics. Pendant les Cent Jours, le 28 mai, François Bastide et Alexandre Paulhan proposèrent de louer les Arènes ; ils offraient d'habiller et d'équiper cinquante gardes nationaux, mais demandaient que le droit des pauvres fût réduit à 50frs par réunion, le bureau de bienfaisance consulté, réclama 250frs, on ne put s'entendre. Samary jeune donna quelques courses de taureaux en août et septembre, le 5 de ce dernier mois, les officiers de la troupe de ligne et de la garde nationale offrirent ce spectacle au général et aux officiers des troupes autrichiennes d'occupation. 
 
Ainsi donc, en dépit des événements, les courses de taureaux avaient reconquis droit de cité à Nîmes. On en donna encore en 1816, puis en août et septembre 1817, et en 1818, sous la direction d'Alexis Sinbre. En 1817, le prix d'entrée était fixé à 0,50fr ! 
 
En 1818, on vit le 23 août une grande ferrade avec taureaux du Sauvage ; le jour de la Saint Louis, la course eut lieu au bénéfice des pauvres, avec six taureaux du Sauvage, le 6 septembre, on put assister encore à une ferrade de dix-huit bêtes. Cette même année 1818, il fut question de construire à Beaucaire un amphithéâtre en maçonnerie (1). 
 
 Le dimanche 22 août 1819, pendant la course libre, un jeune taureau poursuivi parvint à monter sur les premiers gradins de l'amphithéâtre, causant une véritable panique, qui se termina sans accident grave, une telle surprise est impossible depuis les travaux de restauration. 
 
Dans la période qui suivit, il semble bien que le goût de la population nîmoise pour les courses de taureaux diminua légèrement. Sans doute, on en donna encore chaque année, le 9 mai 1823, par exemple Madame, Duchesse d'Angoulême, de passage à Nîmes, vit aux Arènes une ferrade que précédèrent des danses du pays. En 1824, un arrêté du Maire de Nîmes réglementa, le 17 mai, les courses de taureaux et autres spectacles des Arènes. Mais une certaine hostilité, dont on retrouve la trace dans le Journal du Gard du 8 octobre 1823 et du 28 juillet 1827, se manifesta contre ce divertissement, celui-ci manqua aux fêtes du Roi célébrées de 1820 à 1823 ; on alla jusqu'à l'interdire un moment à l'automne de cette même année 1823. 
 
Surtout, et de plus en plus, d'autres spectacles firent, dans les Arènes, une rude concurrence aux courses de taureaux. En 1820, après la foire de Beaucaire, le célèbre Franconi et sa troupe y donnèrent trois représentations ; en juin 1821, l'écuyer anglais Ducrow y parut à son tour. En 1828, sous la direction du sieur Belfort, un théâtre d'été, le Théâtre Olympique, consacré spécialement à la pantomime chevaleresque et militaire, y fut dressé, où le public put admirer des pièces à grand spectacle telles que la Mort de Poniatowski, La Forêt noire, Sancho aux noces de Gamache, etc... 
 
Si nous voulions rappeler des souvenirs plus proches de l'époque contemporaine nous arriverions à l'interdiction totale des courses de taureaux en 1841 puis à leur reprise en 1853, année où les Nîmois virent pour la première fois une mise à mort à l'espagnole. Ce fut enfin, en 1863, la venue d'El Tato, qui ouvre la période moderne."
 
Sources :
 
Nemausensis. 
 
Nimes/Diaporama/Arenes/spectacles/OrigineSpectaclesS
 
 
DE VIAJE A NÎMES ET CANNES.
 
PAUSE DANS LES LIVRAISONS HASTA LA SECONDE SEMAINE DE MARS…