Vendredi 19 Avril 2024
CFT
Mardi, 22 Février 2022
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Stage du Centre Français de Tauromachie : le lundi chez Valdefresno…
 
Premier jour, premier exercice pratique : savoir commander son petit déjeuner en espagnol ! C'est déjà une chose, mais comprendre ce que dit Ana, derrière son comptoir, c'est autre chose !
 
Volontairement, nous les laissons se débrouiller. Il faut se jeter dans le bain le plus rapidement pour apprendre le plus possible. Voyager forme la jeunesse, la vieillesse aussi d'ailleurs !
 
Ce matin, les parebrises sont gelés, ici, rien d'étonnant. On débutera soft avec un « sightseeing » tour de Salamanca, incontournable.
 
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Pour cela, pas de minibus car les petites rues étroites de la vieille ville et le plafond bas du parking central auraient raison de notre beau minibus. Nous nous répartissons donc dans trois voitures façon sardines et hop, on y va. Pendant ce temps, nos copines brebis, très en verve ce matin, sortent pour une ballade bucolique. Ça bêle de partout, ça se bouscule, ça couine, bref, comme un lundi....
 
Arrivés à Salamanca, nous effectuons la visite du centre touristique : la Plaza Mayor, d'organisation identique à celle de Madrid, quoique plus petite en dimension, les différents bâtiments d'université où le jeu des touristes consiste à trouver la petite grenouille sur la tête de mort, la Casa de las Conchas, la cathédrale où il est de bon ton de trouver où se situe le cosmonaute, rajouté, il y a quelques années, lors d'une rénovation de la porte principale et surtout les bâtiments historiques où l'on apprécie la manière si particulière d'écrire certaines lettres les unes imbriquées dans les autres, dans un souci  d'économie de place pour le peintre ou le sculpteur. La pierre de construction est de couleur ocre, cela confère une ambiance chaude, malgré le froid habituel des hivers salmantins.
 
Certes, Salamanca est une ville de tradition historique étudiante, mais il est amusant de constater que certains groupes de touristes venus en ce jour ensoleillé mais froid sont constitués de papys et de mamies. L'Espagne a eu l'intelligence, depuis longtemps, d'organiser des visites touristiques dans tout le pays, pour les anciens. Ces escapades de quelques jours leur sont proposées, pour un prix modique. Ils peuvent, par conséquent, visiter leur pays, ne restent donc pas enfermés tous seuls dans leur coin et, dans le même temps, ça relance la machine économique :  ils consomment, achètent des souvenirs, font travailler des guides, des hôtels, des chauffeurs de bus, etc... On devrait prendre exemple sur eux et y réfléchir, nous qui avons plutôt tendance à laisser nos aînés croupir dans des hospices ou des EHPAD, dont les conditions de "vie" laissant vraiment à désirer.
 
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Au fur et à mesure de notre déambulation dans les rues de cette belle ville, nous prenons conscience que les plus jeunes de nos élèves n'ont pas vraiment de notions claires d'espagnol et cela n'est pas acceptable. Aussi, dès notre retour à l'hôtel, décision est prise de leur faire réviser l'ensemble du vocabulaire taurin, ce sera au moins cela d'appris. Assis à la table ronde de la salle à manger, un cours sur les termes taurins employés dans les ruedos est donné dans une ambiance studieuse car désormais, durant les entrainements, les professeurs ne parleront qu'en espagnol. Celui qui ne comprendra pas les instructions sera immédiatement écarté pour un autre de ses camarades. Un peu de pression n'a jamais nui à l'apprentissage.
 
Premier entraînement cet après-midi, à 16h30, dans la ganadería renommée de Valdefresno. L'horaire peut paraître un peu tardif, mais il s'explique car les filles du ganadero ont cours jusqu'à 15h30 et elles s'impliquent dans l'organisation du tentadero.  
 
Une omelette française rapidement avalée, après le cours d'espagnol, chacun se change. Il faut prendre de quoi ne pas avoir froid ce soir, car il risque de faire frais. On s'y rend en convoi. C'est à quelques kilomètres.
 
16h20, première vache.
 
Très technique, avec beaucoup de caractère, Nino la torée très bien, suivent ensuite les élèves que nous n'avons pas encore vus devant du bétail : Rémy, Baptiste, Mathieu. Ça paraît beaucoup plus difficile pour eux, mais ils s'accrochent.
 
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2ème vache, plus docile, excellente au cheval, Clément la torée à la cape et à la muleta. Il donne l'exemple et suivent Gauthier, Mathieu, Valentin et Clovis.
 
Après chaque vache, un point est fait avec les professeurs, au centre du ruedo, pour donner des corrections techniques.
 
Tous les élèves sont très concentrés durant l'entraînement.
 
Le ganadero et ses filles dirigent les opérations avec autorité. Il intervient beaucoup, sait ce qu'il attend de cette séance de travail. Les élèves ne déméritent pas, même si certains sont encore très " verts ".
 
Durant toute la séance, Jean-Luc mitraille avec son appareil photo tous les élèves. Tous les soirs, il sera assailli par les jeunes qui vont vouloir se revoir dans leurs évolutions.
 
Certains sont plus proches de l'écarteur landais que du torero. Il faudra que les pieds restent bien plus fixes au sol à l'avenir.
 
3ème vache, supérieurement bonne.
 
Nino débute et donne l'exemple... Mathieu y retourne. Il s'accroche tout en écoutant les recommandations des Maestros. Ça porte ses fruits. Clovis ressort, les passes sont maladroites, il lui faudra encore beaucoup travailler.
 
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4ème vache pour Gauthier "Finito de Nîmes", Manuel, pour la mise en suerte... la vache est bonne et Gauthier torée bien. C'est au tour de Paolo. Désemparé, il ne peut faire une série complète, ce qu'attend le ganadero pour vérifier quelque chose qui déterminera son choix de garder ou rejeter la vache. Il retourne au burladero. Alors, c'est au tour de Manuel. Il trouve la distance et torée plusieurs séries.
 
Puis vient le tour de Rémy. Il se défend mais ne reste pas assez quieto.
 
Sacha sort, nous savons qu'il est complètement novice, cependant, il est volontaire, il reste quieto même si les passes sont un peu gauches, et que pour l'instant c'est encore un peu compliqué. Il s'accroche, c'est très bien.
 
Toutes ces jolies petites vaches ont pris chacune des dizaines de passes sans sourciller. Chacune est toréée 30 minutes !
 
La 5ème vache sera pour Manuel.
 
Quand on annonce son nom, l'épouse du ganadero dit : "Mais c'est un nom espagnol, d'où es-tu ?" "De Sevilla" répond fièrement Manuel, ce qui fait bien rire ses camarades, car il est né… à Nîmes !
 
La vache sort, elle semble, dans un premier temps, éviter le cheval, puis finalement elle s'y emploie. Nino ressort. Elève depuis 10 ans du CFT, il fait montre de beaucoup d'assurance et de compétences. Il se balade. Cette vache sera celle de Manuel. C'est un peu difficile au début, puis, sur les conseils des professeurs, en la toréant à sa hauteur, ça passe mieux. À droite, puis à gauche, peu à peu, ça le fait. Il se régale et nous aussi.
 
Valentin ressort, la vache est excellente, va "a más" et Valentin n'est pas mal non plus ! Il se régale, ça se voit, c'est super, bien campé sur les reins, il fait preuve de beaucoup d'autorité.
 
¡ Bien torero, bien !
 
Cela fait presque 2 heures et demie que nous sommes là, la 6ème vache va sortir. On n'a pas vu passer le temps.
 
Ultimes conseils et rapide débriefing.
 
¡ Puerta !
 
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Cette sixième vache est supérieure elle aussi, difficile à fixer au cheval, mais comme la rouge précédente, finalement, elle s'y jette dessus et pousse. C'est Clément qui va officier. Placement tout en douceur, précis. Ils se partagent cette phase probatoire avec Nino. Clément est très doux, torée de façon suave, le soleil se couche sur le campo, cette dernière petite vache noire vaillante s'emploie magnifiquement. C'est une belle fin d'après-midi. Le vent s'est arrêté, le froid nous surprend et la petite vache continue de tourner dans la muleta de Clément pour notre plus grand plaisir.
 
Mathieu sort ensuite, la petite vache tourne comme une montre suisse, il s'en sort très bien. Baptiste enchaîne, même chose. Séries parfaites que permet cet animal. ¡ Gracias vaquilla !
 
Du coup, Clovis en profite pour une série réussie à droite, le soleil a disparu derrière la petite église de Tabera de Abajo, lieu-dit de 170 âmes et de centaines de toros et de vaches.
 
Sacha, dont le pantalon a été déchiré par la vache précédente ressort, ça le fait, de bonnes sensations, ça aide pour la confiance. Paolo s'enhardit. C'est bien. Rémy termine, les pieds sont enfin bien dans le sol, c'est super, ça fonctionne.
 
¡ Puerta ! Cette dernière vache est un phénomène. Ils s'en souviendront tous.
 
Le ganadero nous confie vouloir garder la 3ème et la 6ème. La sélection est dure, de haut niveau, mais c'est une exigence obligatoire pour garder une lignée de haute qualité.
 
Le froid nous tombe littéralement dessus.
 
Toute la fine équipe regroupe ses trastos, on va rentrer à l'hôtel, il faut nettoyer le matériel, les habits et une douche sera la bienvenue.
 
Ce soir, au menu : Spaghettis, puis coucher tôt car demain, de nouvelles aventures les attendent…
 
(Photos : Jean-Luc Jouet)