La Corrida |
Mercredi, 20 Octobre 2010 |
Expliquer la corrida n’est pas chose facile. Beaucoup s’y sont essayé, mais on touche tellement à un sujet subjectif que chacun peut raconter la sienne car en fin de compte, il y a presque autant de perceptions possibles qu’il y a d’aficionados sur les gradins d’une arène… A Torofiesta, il n’est pas question de faire valoir un quelconque point de vue, notre initiative se limitant à expliquer aux néophytes ce qu’ils doivent s’attendre à voir lorsque pour la première fois ils pénètrent dans une enceinte taurine… Les autres, les aficionados, savent déjà tout ça par cœur et n’apprendront rien de ce qu’ils savent déjà. Ce qui va suivre ne fait que reprendre le déroulement d’une corrida de A à Z, étant bien entendu qu’il n’y en a pas deux les mêmes car tout dépend de mille paramètres qui ne sont jamais formatés à l’avance. C’est d’ailleurs cette incertitude qui en fait son charme, mais bon, c’est toujours mieux d’en connaître le déroulement, ses règles, ses ambiances, ses petits secrets…
Comme aurait dit si bien La Palice, une corrida commence par le début, tout dépend où l’on place ce moment car pour un néophyte ou un aficionado, les choses ne se voient pas de la même façon. En effet, une corrida peut commencer à l’heure du paseo comme pas mal de temps auparavant, dès l’annonce du cartel… Vous allez peut-être penser que je divague ou que j’extrapole, mais dites-vous bien que ce n’est pas pour rien que certains aficionados n’hésitent pas à parcourir des centaines, voire des milliers, de kilomètres pour assister à une feria ou une corrida ! Ça s’appelle la passion, l’aficion, comme d’autres vont à Bayreuth, à Hockenheim, au Rocío, à Fatima ou à Lourdes… Ce n’est à ce prix que l’on peut comprendre et admettre ce que la corrida représente pour les passionnés, autant qu’elle peut en indisposer d’autres, sans pour cela qu’ils se sentent obligés d’en faire tout un flan…
Le troisième tercio est consacré à la faena de muleta puis à la mort, le matador ayant dix minutes avant que ne tombe le premier avis, puis trois pour le deuxième et deux pour le troisième, ce qui signifie qu’il doit se retirer alors à la barrière sans avoir la possibilité de tuer son adversaire, lequel est redirigé vers le toril, cas assez rare mais qui se produit de temps à autres. Au terme de sa faena, par une pétition plus ou moins fournie de mouchoirs blancs, le public pourra demander une oreille pour récompenser le torero, la présidence pouvant à son tour en ajouter une deuxième, et même la queue, si elle le juge opportun eu égard à la valeur de la faena réalisée par le matador. Sans aller jusqu’à obtenir d’oreilles, le matador peut de son propre gré saluer et même faire un tour de piste (vuelta). Quant au toro, dans le cas d’un excellent comportement, la présidence peut décider de lui accorder une vuelta al ruedo posthume (mouchoir bleu) et cas plus rare, de le grâcier (mouchoir orange).
Revenons sur le déroulement des tercios… Dès que le toro entre en piste, il est fréquent qu’il fasse un ou plusieurs tours de reconnaissance, histoire de prendre ses marques dans un cadre restreint qui ne lui est pas familier. Il est ensuite paré par les banderilleros avant que le matador ne s’avance pour lui donner quelques passes de cape : largas (parfois à genoux), véroniques, chicuelinas… Ce mode de réception est le plus fréquent, mais pour prouver sa détermination et son courage, le matador peut décider d’accueillir son toro en allant s’agenouiller face au toril, "a portagayola". C’est un moment de grande émotion car très risqué, le torero n’ayant pas la moindre idée de la manière dont le toro va sortir. Alors qu’il se prépare pour lui donner une larga ou un farol, la manière dont le toro va foncer va être déterminante dans la réussite de cette réception…
Cette suerte est très importante car outre les effets physiques sur la résistance du toro, la pique permet de jauger la bravoure de l’animal, à savoir son instinct combatif, son inclinaison à foncer vers le cheval. Le nombre de piques est variable, mais dans les arènes importantes, un minimum de deux rencontres est souhaité, ce qui semble logique mais qui est parfois sujet à contestation ou incompréhension, tous les toros ne pouvant supporter le même traitement…
Arrive ensuite le troisième tercio, celui de la faena de muleta qui se terminera par la mise à mort du toro. Exécutées uniquement avec la muleta, les passes sont nombreuses et variées : doblones, derechazos, naturelles, pechos, redondos, cambios, statuaires, trincheras… et bien d’autres encore, compte tenu de la main qui officie ou de la position du corps et du mouvement imprimé.
Malgré ma volonté de clarification et de simplification, tout cela pourra peut-être passer pour du charabia aux yeux d’un néophyte, tout au plus le terrain a été débroussaillé, mille autres subtilités techniques et artistiques entrant en ligne de compte dans la réussite d’une faena. Pour se faire une idée plus précise, rien de mieux que d’y aller voir de plus près en se rendant aux arènes… ou en lisant quelques traités de tauromachie en vente dans toutes les bonnes librairies ! |