Vendredi 29 Mars 2024
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Samedi, 26 Février 2022
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Vendredi : Tentadero de vaches puis lidia de novillos chez Sepúlveda…
 
CINQUIÈME JOUR : Avant dernier jour du stage de tauromachie.
 
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Les conditions de retour se réorganisent. La dernière tienta sera anticipée, en début de matinée samedi, pour permettre à tout le groupe de repartir en milieu d'après-midi, pour une arrivée dimanche en matinée.
 
Comme le font toutes les cuadrillas professionnelles, le matin, presque toutes les chambres seront libérées, seules deux d’entre elles serviront à la douche après l'entraînement de samedi matin. Le minibus pourra repartir pour 1 100 km, les élèves avec plein de beaux souvenirs en tête.
 
En fait, il règne dans la zone une certaine agitation due au carnaval de Ciudad-Rodrigo, à trois quarts d'heure de route d'ici. Plus aucune chambre n’est disponible à des kilomètres à la ronde. Notre Ana, gérante de l’hôtel, pourra loger des fêtards venus en nombre pour s'amuser avec des taureaux. On attend 40 000 personnes par jour !
 
Aujourd'hui, entraînement chez Don Iñigo Sánchez Urbina Chamorro, de la fameuse ganadería Sepúlveda, dont le campo avoisine celui de Pedraza de Yeltes. Il nous accueille pour tienter 4 vaches et 4 becerros en mise à mort. Vaste programme.
 
Dans le civil, Iñigo est médecin endocrinologue. Depuis plus de 70 ans, sa famille maintient la destinée de cet élevage. Quand son père a quitté ce monde, alors qu’il avait 19 ans, la question ne s'est pas posée, c'était à son tour de reprendre le flambeau.
 
Il a eu, pour des raisons professionnelles, l'occasion de vivre deux ans entre Bordeaux, Béziers et Paris. Il est parfaitement bilingue et se partage entre Salamanca et Madrid et paraît être très heureux de ce rythme de vie.
 
12h, le groupe est fin prêt pour débuter l'entraînement. Ultime point avant la sortie de la première vache.
 
Il est prévu de la pluie, il y a déjà du vent.  
 
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PREMIERE VACHE :
 
Une jolie rousse.
 
Sensation générale, après les avoir suivis tous depuis le début du stage, chacun a indéniablement fait des progrès importants. Les élèves sont transformés, chacun à son niveau.
 
La vache est excellente.
 
Difficile pour Baptiste. Gauthier n'y est pas. Manuel fournit des efforts.
 
La vache est exigeante, il faut être précis, technique, lui présenter beaucoup de pico.
 
Valentin est appelé pour lidier, apprendre à déplacer la vache, afin qu’il ait du recours, quand il sera appelé à toréer en public.
 
Au bout de 20 minutes, on attrape la vache, le mayoral s'approche pour lui couper les poils de la queue, indiquant, par ce petit subterfuge capillicole, qu’elle a été tientée. Puis on compte 1, 2, à 3, on s'écarte d'elle pour la libérer, façon moineaux ayant entendu un coup de feu !
 
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DEUXIEME VACHE :
 
Elle est noire, très mobile, avec du moteur.
 
Clovis a été désigné pour la parer, après quelques passes au capote, il prend la muleta. Il donne de bonnes tandas. Hier, pour avoir réalisé de très bons progrès, Il a été désigné comme gagnant de la muleta.
 
Baptiste fait l'effort, il a vaincu sa crainte, c’est super à voir, il éprouve de belles sensations.
 
Pour Mathieu, c’est un peu plus compliqué. Paolo sort, va-t-il effectuer un pecho quieto? …
 
Oui !!! Bien !!!
 
Sacha aussi, c’est bien !!! On n’en revient pas ! Tout le monde est heureux.
 
Paolo se pique au jeu, il ressort…
 
Clovis nous démontre qu’il a passé un cap, il réalise plusieurs bonnes passes.
 
Sacha doit présenter plus de pico, il est volontaire, la vache le bouscule, roulé-boulé, on accourt, il se relève dans un nuage de poussière… il y retourne !
 
À nouveau, la séance coiffure et la remise en liberté.
 
La vache est tellement bonne que le Maestro VARIN se régale de lui donner quelques passes, l’entrainant jusque dans le clos voisin.
 
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TROISIEME VACHE :
 
Marron, gros moteur, poussière. Le vent est toujours présent, le soleil se lève un peu.
 
Clovis pare plutôt bien. Mathieu pas mal au capote.
 
Nino torée cette vache extraordinaire, qui ne voit que le tissu. Pour Gauthier, la vache lui permet un toreo suave.
 
Manuel se sent bien en confiance et progresse.
 
Clément doit plus charger la suerte, charger la suerte... réduire le compas...
 
Nino est très à l'aise.
 
Coiffeur et sortie.
 
QUATRIEME VACHE :
 
Rousse, très jolie.
 
Valentin pare avec Mathieu.
 
Baptiste a enfin le bon déclic avec cette bonne petite vache. Il semble avoir vraiment passé un cap, désormais, il enchaîne les passes, sans se faire désarmer, c'est super !
 
Coiffeur et sortie.
 
Mais c'est le moment de plaisir où tous les élèves sortent pour jouer avec elle « a Campo abierto », sans limite.
 
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Ils partent au loin comme s'ils voulaient rester dans le campo avec elle pour toujours.
 
Ils reviennent avec « la banane » !
 
A les voir dans cet état de plaisir, je me disais que jamais le monde virtuel ne pourrait égaler l’intensité de cet état éprouvé dans le monde réel. J’attends un métavers qui se situerait dans le monde du toro. Les modestes tentatives qui existent déjà ne sont pas encore bien au point. De plus, on ne peut se mentir, ce qui provoque cette joie si intense c’est d’avoir pu vaincre sa peur, ses blocages : « J’ai peur mais je reste ! ».
 
14h20 : Place aux novillos.
 
Premier novillo pour Clément, noir, fort, le vent forcit.
 
Le ganadero a eu la vive idée d’allumer un feu de cheminée, sur la petite terrasse qui domine l'arène. C’est une merveille. Un grand monsieur, entré au tout début de la tienta, a eu l’immense idée de mener de la charcuterie de son cru, confectionnée avec ses propres cochons noirs, un vrai délice ! Un peu de vin de chez nous, nous sommes prêts à refaire le monde et voir des « noirs ».
 
Peu à peu, le froid aidant, le ganadero appelle tous les hommes qui se trouvent sur le toril. Nous nous retrouvons une dizaine de personnes, y compris le chef « Peluquero » !
 
Manuel et Valentin gèrent le toro lors des banderillas de Clément, qui prend la muleta.
 
C’est un novillo extraordinaire. Clément se régale et nous aussi. Moi, j’ai les deux mains dans la cheminée.
 
Il torée très bien, a bien intégré de basculer le poids de son corps, ce qui rend les gestes plus esthétiques et plus profonds.
 
A ce moment, je me surprends à éprouver, à la fois, une tension dramatique et un plaisir certain, que je n’éprouve plus dans les grandes arènes, tant les cartels sont photocopiés, sans inventivité, ennuyeux, sans aucun mystère. Là, c'est régalant !
 
Clément exulte, il est ravi et nous aussi. Le ganadero est encore plus fier de tout le bétail qui est passé devant nous, depuis bientôt 3 heures.
 
Le novillo est « bueno, bueno » !!!
 
Il le fait passer devant, derrière, sur les 2 côtés...C’est un festival.
 
Une belle épée après un essai infructueux.
 
Puis, tout le groupe se dirige vers le novillo pour comprendre où se trouve le bon endroit pour planter la puntilla.
 
Il a bien mérité une oreille ! Enhorabuena !
 
14h50 : DEUXIEME NOVILLO :
 
Un roux, assez haut pour Gauthier, qui l’accueille au capote.
 
Banderilles de Nino et Manuel. Ce dernier a toujours un temps de retard. Il va devoir y retravailler.
 
À la muleta, le novillo est un peu plus bronco (rustre-violent) que l'autre mais très noble, il répond à toutes les sollicitations. Il faut le conduire plus loin.
 
Clovis intervient pour un quite, il s'en sort très bien. A gauche, c’est plus compliqué. Le vent gène beaucoup…
 
Gauthier est un peu en dessous. Le novillo lui permet cet apprentissage.
 
La mise à mort est à revoir : épées multiples...
 
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TROISIEME BECERRO : 15h20
 
Un colorado violent, mais très noble pour Manuel.
 
Valentin sort pour un quite bien réalisé.
 
Banderilles pour Nino et Manuel, qui passe à la muleta. Elle lui pèse, sa main endolorie en début de stage le gêne. Le novillo est exigeant.
 
Là encore, une vraie tension dramatique, nous ne sommes plus des aficionados blasés.
 
C’est le remède pour retrouver l’envie : Venir voir les novilladas sans picador !
 
Le novillo exige beaucoup, Manuel apprend en direct.
 
Nombreuses tentatives d’épées. On devra retravailler tout cela !
 
Il avait été décidé que le dernier novillo serait offert au meilleur entre Gauthier et Manuel, mais Christian LE SUR décide qu’ils ne le méritent ni l’un ni l’autre, alors il prend une décision sur le champ.  
 
15h45 : QUATRIEME ET DERNIER NOVILLO
 
C’est un très joli petit novillo noir, Clovis apprend qu’il est désigné pour le mettre à mort.
 
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On peut imaginer la pression.
 
À la cape, il fait bien. Il tient à poser une paire de banderilles.
 
Le vent se renforce, il gène la muleta.
 
Il est très bon à droite et, à gauche, il est pas mal non plus. A aucun moment il ne perd les papiers, c’est méritoire car c’est une tension de tous les instants. Il faut être très précis, calme, élégant…
 
Mathieu sort pour une jolie série à droite et une série pas mal à gauche.
 
Clovis est vraiment bien, surprenant. Je me mets à me souvenir qu’il y a exactement 1 an, dans une manade de Caissargues, il avait réussi à vaincre sa peur et était sorti pour « un pecho », dos aux planches, avec un tout petit veau sans corne. Quel chemin en si peu de temps !
 
16h13 : de jolies manoletinas avant la mise à mort a recibir, l’épée est bien placée mais non concluante.
 
Ensuite, d’autres essais s’enchainent, un roulé-boulé, poussière… Clément met la puntilla très efficacement.
 
Il est 16h15, son professeur, le Maestro Christian LE SUR, lui octroie une belle oreille ! Félicitations.
 
Fin de la séance, encore une belle journée au milieu des toros.
 
Quelques instantanés de quelques élèves en plein travail...
 
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Photos : Jean-Luc Jouet