Samedi 27 Avril 2024
PATRICE
Dimanche, 13 Mars 2022
pq13ph
 
Azabache terre et mer…
 
Daurades.
Et sardines.
 
Citrons.
Ail et artichauts.
 
Mer.
Et terre.
 
Animal.
Et végétal.
 
Cabanons.
Et plage.
 
Mazets.
Et collines.
 
Filets rapiécés.
De pêcheurs.
 
Et mains calleuses.
De jardiniers.
 
Mar.
Y campo.
 
José Luis Feria « Galloso ».
Et José Ruiz Baos « Calatraveño »
 
Le Puerto.
Et la Manche.
 
José Luis Parada.
Et Dámaso González Carrasco.
 
Sanlúcar.
Et Albacete.
 
Cheminées de Valdemorillo.
Et thons de Zahara.
 
Deux mondes.
Jadis unis.
 
Dans l’insouciance.
Du soleil de Le Clezio.
 
Du sable.
Qui brûle les pieds nus.
 
Et des paseos.
Sous les mimosas.
 
Au mitan de cet encanto du Sud.
Une déchirure.
 
De voie rapide.
Entre Vallauris et Golfe Juan.
 
Entaille droite et dure.
Qui maintenant sépare deux mondes
 
Pescadores.
Y obreros.
 
Figuras.
Y secundones.
 
Barrera.
Y andanada.
 
Espejo.
De la différence.
 
Immonde.
Cicatrice.
 
Tache d’enrobé.
Sur le capote noir de Joselito.
 
Vomissure de contredanse.
Dans la muleta de Rafael.
 
Déjection de ligne jaune.
Sur une toile de Soulage.
 
Sanie de radar caché.
Dans le noir de Mark Rothko.
 
Cancer de joint de culasse.
Dans la gorge de Manuel Torre.
 
Asphalte.
Au lieu de jasmin.
 
Goudron.
Contraire de mouettes.
 
Bitume.
Antonyme des vagues.
 
Macadam.
Opposé à romarin.
 
Hénin-Beaumont.
Al revés de Chiclana.
 
Pour crier.
L’horreur de la cornada.
 
De béton.
Et de barrières métalliques.
 
De fumées de gasoil.
A l’odeur d’éther.
 
Et de coches.
Vides de cuadrillas.
 
Un jaleo.
Un cri.
 
Une céramique.
En azabache.
 
D’Eric Andreatta.
Matador de l’éclectique.
 
Des poissons.
Moulés comme des vivants.
 
Dans un traje de luces.
De deuil.
 
Des légumes.
Saisis au vol.
 
Dans la chaleur.
De l’arène d’un four.
 
Des fruits.
Qu’on dirait dérobés par des furtivos.
 
Et momifiés.
Dans un quite à leur éternité.
 
Par un embaumeur de Toutankhamon.
Soudain devenu torero.
 
Des plazas de marisquería.
Y d’hortaleza.
 
Pour estoquer avec élégance.
La mansedumbre des boulevards de la banalité.
 
Faena immense.
Et sombre.
 
D’un espontaneo de la matière.
A la gourmandise sauvage.
 
Qui dit.
Que c’est aussi du noir.
 
Que vient la lumière.
De la révolte.
 
 Datos 
 
Eric Andreatta :
 
Né à Grenoble en 1958, Éric Andreatta ne revendique d’appartenance à aucun courant artistique. 
 
Il n’a pas non plus de matière de prédilection : La seule qui l’intéresse comme il aime le dire, est la matière grise.
 
Les matériaux, il les assemble et les transforme avec une énergie poétique sans cesse en mouvement.
 
Comme l’eau, qui en devenant vapeur, laisse une trace indélébile sur des poutrelles d’acier chaud (MAMAC Nice, 1993, carte blanche à Jacques Lepage). L’eau encore avec cette installation à la chapelle de la miséricorde à Vallauris où 2500 verres d’eau plongeaient le spectateur dans un état hallucinatoire.
 
Le bois, le verre, le métal, l’image... il ne s’interdit rien, pourvu qu’à cet instant cela fasse sens.
 
Provocateur, il côtoie le monde, et le transforme à sa façon à la recherche de l’essence poétique de la réalité, en donnant à son art sans artifice, le sens qu’il donne à sa vie.
 
(Performance-art.fr/fr/biographie)
 
Œuvre présentée sur la photo : « Terre et mer » (collection particulière).
 
Patrice Quiot