Dimanche 28 Avril 2024
PATRICE
Samedi, 26 Mars 2022
pq26ph
 
Erase una vez : Vicente Hong Chikeen… (1)
 
En 1894, dans la ville de Sunwei (province de Guangdong/ Chine), dans une riche famille de marchands, naît Hong Chikeen.
 
Cette année-là, l’empereur Guangxu règne sur l’empire du Milieu quand débute la première guerre sino-japonaise.
 
Toulouse-Lautrec réalise « La Tauromachie », huile sur carton comme étude préparatoire à la couverture d'un livre regroupant les trente-trois gravures de « La Tauromaquia » de Francisco De Goya.
 
C’est la dernière saison de « Cara Ancha », qui participe à des corridas à Barcelone, Saragosse, Madrid et Séville et qui est légèrement blessé à Madrid le 29 avril ; Pierre Cazenabe « Félix Robert », premier matador français, prend l’alternative à Valencia le 18 novembre face à des toros de Conradi.
 
Et Joselito naîtra un an après.
 
Hong fuit de chez lui à l’âge de neuf ans pour rejoindre un groupe théâtral.
 
Toute sa vie, il a voulu être un artiste, mais son destin est celui d’un révolutionnaire.
 
Tout jeune, il est recherché par la police de Canton pour avoir rejoint et combattu les chefs de guerre capitalistes. 
 
Pour lui sauver la vie, sa famille immigre en Californie, mais n’y reste pas longtemps.
 
Avec de nombreux autres immigrants chinois, ils sont non seulement victimes de discrimination mais également agressés physiquement par des foules américaines xénophobes.
 
La famille s’enfuit à Mexico où elle ouvre un restaurant et une pension.  
 
Afin de l’’aider à survivre, Hong travaille dans les mines d’or détenues et exploitées par les Yankees, apprend l’espagnol, découvre la tradition hispanique et est contaminé par le veneno del toro.
 
Nous sommes en 1907. 
 
Cette année-là, Pancho Vila a vingt-neuf ans et a déjà commis quatre homicides.
 
Eduardo Miura fait lidier 105 toros.
 
« Machaquito » en tue 22, Fuentes 18, « Bombita » (premier de l’escalafón avec 57 corridas de toros) 13.
 
Bergson publie « L’Évolution créatrice », James Joyce, « Musique de chambre », Apollinaire, « Les onze mille verges » et éclate la « révolte des gueux » des vignerons du Midi.
 
Hong rejoint sa famille dans leur restaurant. 
 
Là, il fréquente une clientèle de banderilleros qui payent souvent en billets de corridas que Hong revend.  
 
Le 25 janvier 1907, le spectacle d'une foule attendant le cadavre du matador Antonio Montes - pris le 13 janvier 1907, dans les arènes de Mexico en estoquant le toro « Matajacas », de la ganadería de Tepeyahualco, et mort de septicémie le 17 du même mois - amène Hong à décider d'assister à une corrida de toros.
 
Ayant gardé un des billets qu’il devait revendre, il se rend à la plaza, en sort enthousiaste et dit : « Je peux le faire ! ».
 
Avec un désir irrépressible de manier capote et muleta, Hong s'inscrit, en 1908, à l'école de tauromachie de José Romero « Frascuelillo », et commence son apprentissage au prix de trente pesos par mois.
 
Mais il fait peu de progrès en raison de son caractère quelque peu « torpe » et est obligé d’abandonner momentanément son projet et d’émigrer en 1909 au Honduras pour travailler dans une mine d'or.
 
De retour au Mexique en 1910, Hong constate que la révolution contre le gouvernement de Porfirio Díaz a éclaté.
 
Dans le au chaos ambiant, il se lie d’amitié avec Pancho Villa et commence à travailler pour lui.
 
Il est en charge de la gestion de l’intendance des troupes de Pancho avec lequel la relation se détériore vite jusqu’à la rupture.
 
Accusé d'être un espion du camp rival, le jeune Chinois est poursuivi par les troupes révolutionnaires.
 
pq26h
 
On perd sa trace jusqu'à ce qu'en 1911 il renoue avec la tauromachie et débute comme novillero dans différents spectacles en terres mexicaines et en particulier dans les arènes de Guadalajara.
 
Hong y triomphe.
 
La nouvelle de ses succès arrive jusqu’en Espagne.
 
Coleta tiene desde su más tierna infancia, y se trae muy hecha una suerte que siempre es de seguro éxito: el pase del Celeste Imperio. Además, los empresarios que quieran engañarle, poco tendrán que esforzarse, dada la nacionalidad del diestro » écrit la presse spécialisée.
 
(El Heraldo de Madrid, mai 1911)
 
A suivre…
 
Patrice Quiot