Vendredi 03 Mai 2024
PATRICE
Vendredi, 01 Avril 2022
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Divan : Francisco Ruiz Miguel 1984…
 
« Je m'appelle Francisco Ruiz Miguel.
  
J'ai trente-cinq ans. Je suis matador de toros depuis le 27 avril 1969, quand José Fuentes et Miguel Márquez m'ont donné l'alternative à Barcelone face à un toro de Pinto Barreiro nommé « Panadero ».
 
Je suis né à San Fernando, un bourg andalou entre Cadix et Jerez de la Frontera.
 
Je n'ai pas connu ma mère, elle est morte quand j'avais deux ans. Mon père était agriculteur, il est mort dans l'année de mes vingt-deux ans.
 
Chaque fois que je me recueille dans la chapelle avant la corrida, c'est à eux que je pense.
 
Jusqu'ici j'ai dû tuer plus de 1 500 taureaux : cinquante corridas par an depuis quinze ans, plus deux ans de novilladas, 25 la première année, 47 la seconde, sans compter les festivals.
 
Je devais avoir trois ans la première fois que j'ai vu un toro.
 
C'était à San Fernando.
 
Je suis tombé amoureux de ce que j'ai vu et de toute la mise en scène de ce spectacle. J'ai toujours voulu être torero.
 
Et j'ai su que je le serai la première fois que j'ai coupé des oreilles, lors de ma première novillada.
 
C'était à Chiclana.
 
Le toro m'avait coûté 5000 pesetas. 
 
Ce jour-là, avec les deux oreilles dans les mains, j'ai décidé que je voulais être le meilleur torero du monde.
 
Mais tous les toreros sont comme ça, sinon, ils ne pourraient jamais toréer. J'ai pu faire cette novillada parce qu’en 1965, à quatorze ans, j'avais sauté comme espontaneo à Cadix.
 
C'était un festival au bénéfice des enfants déshérités, pour leur offrir des jouets à Noël. 
 
J'ai sauté quand Paquirri toréait et j'ai pu donner trois ou quatre passes.
 
Il y avait Paco Ortega, l'apoderado de Riverita, qui était là.
 
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Il m'a pris avec lui et je ne l'ai jamais quitté jusqu'à ce qu'il meure l'an dernier. Maintenant, je suis avec Pepe Luis Segura. Les apoderados sont nécessaires quoi qu'on en dise.
 
On arrive là-dedans, on est des gosses, complètement immatures. On ne pense à rien d'autre qu'aux toros et il ne faut pas qu'on pense à autre chose. 
 
Un homme plus âgé est nécessaire, il nous construit une vie.
 
Après Chiclana, j'ai toréé à San Fernando, deux fois. Puis à Barcelone avec picador. Ça a tout de suite marché pour moi. 
 
J'étais frêle et courageux. Le public avait l'impression que si on me touchait, j'allais me briser et je tuais des toros énormes. 
 
Je pense que c'est pour cette raison et pour mon courage, que l'on m'a bien aimé tout de suite.
 
Au début de ma carrière je voulais ressembler à Rafael Ortega. J'admirais son courage quand il estoquait son toro.
 
Je l'ai connu ensuite. Il était encore meilleur comme homme que comme torero.
 
Sinon, j'admirais Ordóñez parce qu'on ne peut mieux toréer que lui, Antoñete qui nous a beaucoup appris et Luis Miguel Dominguín parce qu'il était dominateur dans et hors de l'arène d'une façon que personne maintenant ne pourrait avoir.
 
Moi, je crois que le public me voit comme un homme qui aime son métier et qui le fait avec le plus d'honnêteté et de courage possible. 
 
Au fond, c'est l'image la plus traditionnelle de l'homme espagnol, ou du moins de l'homme espagnol tel qu'il aime que l'on se le représente.
 
Image de la raza, de la force et du courage. Un homme qui en a, quoi.
 
En Espagne, quand je suis habillé en torero, on me voit comme un héros et en France comme un séducteur. 
 
Mais quand je quitte mon traje de luces, je sais aussi que je redeviens un homme comme les autres : Normal. J'aime ma famille et ma femme, une fille de ganadero qui comprend mon métier.
 
J'ai deux enfants : une fille de sept ans, María-Jesús, et un garçon qui a neuf mois : Francisco. 
 
Moi, je sais que je suis un matador de toro, un grand professionnel de vingt ans d'expérience et je suis devenu ce que je voulais être, tout en restant un homme tendre qui ne se lie pas facilement, mais gentil je crois.
 
Quand j'ai débuté, je rêvais de devenir ce que je suis maintenant. Mon rêve s'est converti en vie quotidienne. Et tout ce que j'ai réalisé est mon œuvre.
 
Bien sûr, pour réussir, il m'a fallu beaucoup de sacrifices, mais je le savais en commençant et je l'acceptais à l'avance pour construire tout ça.
 
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Il y a des toros qui m'ont impressionné.
 
Soit parce qu'ils m'ont permis de grands succès, comme un qui s'appelait « Gallejo », un Victorino à Vic ou un Miura à Séville en 1971 que j'ai tué a recibir et pendant que le toro mourait, je voyais la plaza se couvrir de mouchoirs blancs.
 
Soit parce que je sentais qu'ils pouvaient me tuer. Il y a eu un Victorino Martín à Madrid, « Pocapena » comme le toro qui tua Granero. Je savais que s'il m'attrapait, je mourrais.
 
Il y a des toros qui te disent ce qu'il faut faire à peine sortis en piste. Ils sortent et boum, ils frappent bien dans un burladero. 
 
Tout au long de la corrida, ils te guident.
 
D'autres non, ils hésitent et toi aussi.
 
Mais c'est peut-être parce qu'ils ne te comprennent pas.
 
Je m'habille toujours avec les mêmes couleurs, mauve et or, bleu profond et or, ou blanc et or. Je ne sais pas pourquoi. 
 
Peut-être parce que ce furent les couleurs de mes premiers costumes et qu'ils m'ont porté chance. 
 
Je ne suis pas superstitieux. J'ai simplement des manies, mais je ne veux pas les dire.
 
Ceux qui ne m'aiment pas pourraient s'en servir !
 
Pour moi, tuer un toro doit être le point culminant d'une faena. Le mieux est de donner une belle mort, lentement, en toute loyauté. 
 
Mais souvent, même si tu le veux, tu n'y arrives pas, parce que le toro a bougé ou parce que ton bras est fatigué. Sinon, donner une très bonne estocade après une grande faena est le mieux qui puisse t'arriver.
 
Ça te donne froid dans tout le corps.
 
J'ai reçu quatorze cornadas sérieuses. La plus grave au Puerto de San Maria en 1975 par un toro, « Maquedo ». Un coup de corne dans l'aine qui avait touché la fémorale.
 
Je me souviens d'un seul rêve que j'ai pu faire à propos des toros. 
 
C'était il y a longtemps. J'étais tout seul dans un stade. Pas une arène, un stade. Il n'y avait personne sur les gradins.
 
Un grand toro tout noir avec de grandes cornes est sorti.
 
Et après plus rien. »
 
Sources : « Le peuple du toro ».
 
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Datos
 
Henry Chapier, né sous le nom de Henri Shapiro le 14 novembre 1933 (ou 1931 selon d'autres sources) à Bucarest (Roumanie) et mort le 26 janvier 2019 dans le 12e arrondissement de Paris, est un journaliste, critique de cinéma, animateur d'émission de télévision et réalisateur français de longs métrages.
 
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Il est notamment connu pour avoir créé et présenté l'émission d'interview de personnalités « Le Divan », sur FR3.
 
Francisco Ruiz Miguel
 
San Fernando (Cádiz), el 4 de marzo de 1949.
 
Debut con picadores: el 17 de abril de 1968 en San Fernando.
 
Alternativa: el 27 de abril de 1969 en la Monumental de Barcelona. Padrino: José Fuentes. Testigo: Manolo Márquez. Toro: « Panadero », de Pinto Barreiros.
 
Confirmación en Las Ventas: el 15 de mayo de 1970. Padrino: Andrés Hernando. Testigo: Juan José García. Ganadería de José Luis Osborne.
 
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Temporada 1971: Su año de confirmación como maestro. El 25 de abril corta un rabo al toro “Gallero” de Miura en la Maestranza, el último que se ha cortado en la plaza sevillana. Iba por delante Fermín Bohórquez que cortó las dos orejas de un toro suyo. Alternó a pie con Andrés Hernando y Florencio Casado “ El Hencho ”. 
 
Curiosamente, Ruiz Miguel entró en esa corrida de Miura el domingo de Feria sustituyendo a Limeño, que se había puesto enfermo. Al año siguiente 10 abril, corta dos orejas en Sevilla a uno de Jódar y Ruchena.
 
Confirmación en México: El 31 de diciembre de 1972 con el toro llamado “Patzín”, de la vacada de San Martín, en la Monumental Plaza México, siendo su padrino Manolo Martínez y el testigo Curro Rivera. Esa misma tarde hizo su presentación el rejoneador andaluz Fermín Bohórquez.
 
Indulto en Acho: 17 de octubre de 1974 indulta en Lima a “Picón” del hierro peruano de “Chuquizongo” al que corta las dos orejas simbólicas en Acho, por lo que gana el Escapulario.
 
Una tarde complicada en Madrid: El 25 de mayo de 1975 mano a mano con Antonio José Galán. Los dos acaban en la enfermería. Se queda sólo el sobresaliente Julián de Mata que resulta herido con una muy grave cornada en el pulmón. El sexto se queda sin matar.
 
La corrida del siglo: 1 junio 1982 corrida del siglo en Madrid salen a hombros Victorino y los tres toreros Ruiz Miguel, Esplá y Palomar.
 
Encerrona: La tarde del 19 de mayo de 1986 lidia seis Victorinos en las Ventas saliendo a hombros por la puerta grande tras cortar dos orejas y dar dos vueltas.
 
El 20 de agosto de 2011, con 62 años, reaparece en Sanlúcar de Barrameda para matar una corrida de Fuente Ymbro junto con Finito de Córdoba y Juan José Padilla.
 
El 18 de julio de 2015, se despidió en su tierra, cortándole la coleta uno de sus hijos..
 
Plus de deux mille toros tués dont 100 corridas de Miura, 89 de Victorino, 50 de Murteira et 36 de Pablo-Romero.
 
10 Puertas Grandes.
 
Patrice Quiot