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PATRICE
Mardi, 26 Avril 2022
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Quelques repères sur la course landaise : Un clin d’œil aux amis du Sud-ouest… (fin)
 
« La course landaise est une discipline sportive régie par le ministère de la Jeunesse et des Sports depuis 1973, ce qui implique donc la présence d’un jury. Ce corps arbitral siège à la pitrangla, tribune située le plus souvent au-dessus des loges dans l’axe de la piste. 
 
Pour une course de compétition, le corps arbitral est composé de deux jurés, d’un délégué comptable et d’un délégué sportif.
 
Ils ont tous un rôle spécifique : Les jurés doivent noter le travail de l’écarteur ou du sauteur, figure par figure, et attribuer une note à chaque vache en fonction de critères établis par la commission sportive. 
 
Le délégué comptable a pour rôle de saisir les notes et de faire annoncer les différents résultats. 
 
Quant au délégué sportif, il est le représentant de la FFCL et doit s’assurer du bon fonctionnement de la course dans tous ses aspects (suivi du règlement sportif, qualité de la piste, sécurité…).
 
La cuadrilla désigne l’équipe qui se compose généralement d’un teneur de corde, de deux entraîneurs, de deux sauteurs, et au minimum de cinq écarteurs.
 
À sa tête se trouve celui que l’on nomme le chef de cuadrilla, qui aura en charge de mener ses hommes. Il devra les placer sur le bon terrain, les conseiller, les encourager, décider de la meilleure stratégie à employer pour les mener à la victoire. Il s’agit d’un écarteur d’expérience, un meneur d’hommes, qui connaît autant la pratique de ce sport que les coursières.
 
Les entraîneurs ont à charge d’amener à tour de rôle la coursière au refuge, et la placer dans l’axe d’attaque. 
 
Pour cela, ils s’emparent de la corde et tentent d’attirer la vache jusqu’au refuge en bout de piste. La force est une qualité indéniable, mais elle n’est pas centrale, puisqu’il s’agira davantage de convaincre la coursière par la ruse. 
 
Qui plus est, il arrive qu’une vache joueuse ou récalcitrante tourne plusieurs fois sur elle-même, emmêlant la corde dans ses pattes. 
 
C’est alors à l’entraîneur d’œuvrer pour démêler la situation sans blesser la vache, ni faire de nœud à la corde.
 
Une fois arrivé à destination, l’entraîneur doit choisir l’un des deux refuges, généralement en fonction de la bête qu’il place ou du travail que voudra réaliser l’écarteur. Il s’agit ensuite de déterminer de quel côté du refuge la vache doit partir. On parle de « lâcher intérieur » ou de « lâcher extérieur », en fonction de l’endroit où se trouve le cordier. Le « lâcher extérieur » est celui qui offre le meilleur départ, dans le sens où la coursière ne voit pas le cordier et ne fait donc ni un faux départ, ni un changement de trajectoire. Pour autant, le placement ne dépend pas de ce seul facteur, puisque l’entraîneur doit aussi tenir compte de la patte forte de la coursière pour en optimiser le départ. Il a aussi à charge de mettre correctement en place la têtière, le nœud devant être positionné du côté du cordier pour faciliter son travail. Il existe ici quelques subtilités que l’entraîneur doit maîtriser : choisir de placer la corde par-dessus la corne ou la laisser plus ou moins tête libre, choix fait en fonction de la coursière, pour optimiser ses qualités. Lorsqu’un écarteur décide de feinter la coursière à la sortie des loges, l’entraîneur doit placer la corde et la têtière correctement, le tout par l’entrebâillement au-dessus de la porte de la loge, la coursière étant encore à l’intérieur.
 
Ce travail demande de la dextérité et de la vivacité car l’espace pour la manœuvre est relativement restreint. 
 
L’entraîneur intervient également dans d’autres cas, ayant à charge de retenir une coursière qui revient sur l’écarteur après un choc, une tumada. 
 
Dans le cas d’une vache nouvelle sans corde, il peut aussi être chargé de faire le second. Il se place alors derrière l’écarteur, pour permettre à la coursière de « battre la piste », c’est-à-dire d’aller d’un bout à l’autre de l’axe d’attaque.
 
Le cordier est « l’ange gardien » de la formation. Homme d’expérience, il se tient sur un côté de la piste, corde en main, pour pouvoir, à l’arrivée de la coursière sur l’écarteur, contrôler la tête de la vache, afin que l’animal passe au plus près de l’écarteur. C’est le poste le plus délicat de la cuadrilla, qui exige sang-froid, rigueur et expérience. Il peut contribuer à magnifier une figure ou, en cas d’erreur, il ne pourra pas éviter la tumada. Plusieurs techniques existent dans cet exercice : certains se placent directement face à l’écarteur, alors que d’autres se mettent plus en avant et font quelques pas, calqués sur ceux de la coursière pour pouvoir donner le coup de corde au moment opportun. La force nécessaire au cordier est dépendante de la coursière : certaines sont facilement contrôlables, alors que d’autres sont plus dures, connaissent le jeu et anticipent le travail du cordier en mettant la tête à l’opposé. Un cordier doit tenir compte de plusieurs paramètres pour pouvoir exercer sa fonction. 
Il doit commencer par se placer, corde presque tendue, mais pas trop, pour pouvoir anticiper le ramassage de la corde. Il doit surveiller le placement de l’écarteur pour anticiper sa figure, savoir s’il se place pour tourner à l’extérieur, ce qui nécessitera son intervention, ou si, au contraire, il se place pour tourner à l’intérieur, figure pour laquelle le cordier ne devra pas intervenir, ce qui ne lui évite pas pour autant de relâcher son attention, puisque l’écarteur peut changer d’avis à tout moment. 
 
Ainsi, le cordier doit sans cesse observer la trajectoire de la coursière pour anticiper le point d’impact et donner le coup de corde au moment opportun. 
 
D’autre part, l’intervention du cordier, bien que nécessaire sur les vaches d’expérience, doit être imperceptible. En effet, il est supposé sortir l’armure de la bête et la relâcher aussitôt, sans que ce mouvement soit réellement perçu par le public. 
 
Pour autant, ce rôle est particulièrement compliqué, physique et subtil, qui doit tenir compte à la fois de chaque coursière mais aussi de chaque écarteur et de la figure qu’il veut réaliser.
 
Les hommes en blanc, qu’ils soient entraîneurs, cordiers ou seconds sont les chevilles ouvrières de la course landaise, sans qui rien ne pourrait se réaliser. 
 
Longtemps définis comme les hommes de l’ombre, ils sont pourtant omniprésents. Discrets mais incontournables, les acteurs comme le public ne s’y trompent pas : sans eux, rien ne serait possible. Ainsi pour qu’un écart ou un saut soit réalisable, il est nécessaire que la coursière prenne le bon départ et ne se retourne pas sur l’écarteur, que la têtière soit bien placée.
 
Le second est celui qui va encourager l’écarteur au centre de la piste ou, au contraire, le laisser à sa concentration. Il est le dernier conseil avant la figure et le lien entre le chef de cuadrilla et l’écarteur. Il se place derrière l’écarteur, en milieu de piste, pour attirer la coursière pendant toute sa charge tout en se faisant discret lors de la réalisation de la figure. Le but est ici de faire venir la coursière sur l’homme en piste, mais surtout de la maintenir dans sa course après l’écart ou le saut pour qu’elle ne se retourne pas. Il est arrivé que des cuadrillas aient un homme dévolu uniquement à ce rôle, mais il est généralement endossé par les sauteurs et quelques fois d’autres écarteurs. Il est évident que le second doit avoir une très bonne pointe de vitesse et une grande endurance. Le second, outre son rôle salvateur pour l’écarteur, peut aussi magnifier un écart, savoir-faire loin d’être anodin. Le placement du second dépend de la figure que voudra réaliser l’écarteur : s’il s’agit d’un écart intérieur, le second se place à l’opposé du cordier afin d’optimiser le terrain d’attaque et vice-versa pour un écart extérieur. Dans le cas où l’écarteur ne sait pas quelle figure il va réaliser, le second reste neutre et derrière lui. Son rôle est d’appeler la vache à grand renfort de sifflets, de cris et de geste avec son mouchoir, pour ensuite partir dans une course circulaire. Ce choix de trajectoire permet d’être invisible, caché par l’écarteur lors de la réalisation de la figure, puis d’être le point de mire une fois la figure terminée.
 
Cette fin de course en arc de cercle permet à la vache de s’enrouler dans le creux des reins de l’écarteur. Bien que d’apparence anodin, ce rôle reste difficile par les qualités physiques qu’il sollicite mais aussi par le savoir-faire »
 
Sources : Fiche d’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel. La Course landaise… 
 
Patrice Quiot