El Fundi coupe l’unique oreille au cours d’une tarde entretenue…

On a tout lu et entendu sur les Miura et à chaque fois, on attend monts et merveilles des toros de Zahariche, qui trainent une légende noire sur laquelle repose une bonne partie de leur réputation. Dotés de carcasses hors du commun, reconnaissables entre mille, ces toros n’affichent plus guère d’intentions criminelles, et tant mieux… Reste qu’il faut se les appuyer, et que la forteresse n’est pas des plus faciles à prendre d’assaut ! La grande taille des uns et la petite des autres, rendant le contexte encore plus saisissant…

1/ Fragata, 595 kilos. Le premier client du Fundi ne brilla guère par sa puissance, ses forces limitées altérèrent quelque peu son fonds de noblesse et El Fundi, qui ne banderille plus, lui administra une faena sans grande histoire, composée toutefois de muletazos méritoires, le tout allant a más, sans dépasser le stade des applaudissements polis. Au passage, le diestro se fit une belle frayeur en trébuchant et se retrouvant au sol à la merci d’un fauve… sans réaction !

2/ Estopeño, 550 kilos. Sans grands défauts, mais sans grandes qualités non plus, ce Miura ne restera guère dans les mémoires, si ce n’est que d’être tombé qu’après le délai imparti. Car si trois avis sonnèrent, ce fut à cause des difficultés rencontrées par Alberto Aguilar à manier les aciers. Après son triomphe d’Aignan la veille, le petit Madrilène eut bien du mal à dominer la situation.

3/ Hurón, 580 kilos. Un Miura… comme ils en voudraient tous ! Sa propension à obéir au leurre sans contrarier celui qui le maniait autorisait le triomphe. Mehdi Savalli, au demeurant très entreprenant, y compris au second tercio, laissa passer à cause de la rapière une belle occasion de remplir son esportón.

4/ Cañelito, 630 kilos. Autre Miura qui permettait le triomphe et El Fundi fit ce qu’il fallait pour s’en sortir avec les honneurs, à savoir une faena d’où ressortit son expérience, une certaine maîtrise et un poil de malice. Oreille légitime, mais discutée par une partie du conclave (voir chronique).

5/ Madroñero, 610 kilos. Lui aussi permettait mieux que ce qu’a affiché Alberto, qui visiblement n’était pas dans son assiette, alors que le succès lui tendait les bras. Encore long à la mort (deux avis) après une faena décousue.

6/ Mallorquín, 660 kilos. L’hippopotame de la bande sortit au moment où une averse incita une partie de l’auditoire à gagner les abris… ou la sortie ! Dans ce contexte particulier, qu’on dit propice aux grandes faenas, il fit basculer Jacques Monnier puis s’engagea sur les cites de Mehdi au second tercio.

Ensuite, dans un   décor dantesque où la lumière fit subitement défaut après extinction des lampadaires, Mehdi Savalli s’évertua à chauffer l’assistance par un trasteo enlevé, hélas terni une nouvelle fois par une conclusion trop laborieuse pour espérer meilleure récompense qu’une ultime ovation.