Mercredi 24 Avril 2024
RAFI
Jeudi, 05 Mai 2022
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A Sanlúcar, rencontre entre Pierre Vidal qui pour « « corridasi » a recueilli les impressions du Rafi notamment sur sa préparation en vue des prochaines échéances…
 
Rafi Raucoule « El Rafi » est le 69ème matador de toros français depuis le dimanche 6 juin 2021 dans les Arènes d’Arles, des mains de Daniel Luque comme parrain et d’Adrien Salenc comme témoin. Son toro d’alternative, se nommait Huracán, de la ganadería de Pedraza de Yeltes, pesait 580 kilos. El Rafi avait coupé une oreille ce jour-là et effectué une vuelta. Depuis, il a choisi la solitude et la compagnie des toreros sanluqueños. C’est au cours d’un de ses entrainements matinaux au fameux « coso del Pino » que nous l’avons rencontré pour faire le point sur sa jeune carrière et sur ses perspectives.
 
- Pourquoi ce choix de vie à Sanlúcar ?
 
-Parce que c’est un endroit très taurin en Espagne. Cela fait trois ans que j’y vis. Je m’entraine avec mon banderillero quand il est disponible. Et quand il est absent, comme il y a une très grande ambiance taurine, il y a toujours quelqu’un pour s’entraîner avec moi. Et c’est bien de quitter son « chez soi » pour être là où il faut être.
 
- Prochaine échéance pour toi : Nîmes, toros de El Parralejo pour Curro Díaz, Juan Leal et toi-même, le 3 juin, une date importante que tu vois comment ?
 
- Je suis très content d’y être. El Parralejo, c’est une très bonne ganadería qui a eu de bons résultats l’an dernier. J’ai confiance. Je défile avec deux grands toreros qui ont chacun leur concept. La competencia, elle sera là, mas si je viens à Sanlúcar, c’est pour me concentrer sur moi-même, sur ma tauromachie. La bataille est plus envers moi-même qu’envers les autres. La compentencia qu’il y a dans l’arène est importante pour le public et les toreros, mais ce n’est rien par rapport à celle que l’on doit avoir avec soi-même : se surpasser. C’est toujours beaucoup plus difficile.
 
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Justement, quel est ton concept du toreo ? Quel type de torero veux-tu-devenir ?
 
– Avoir un concept ou pas, ce n’est pas l’important pour moi, la base de ma technique est classique. Le toreo qui me fait vibrer, c’est le toreo recto, profond et sans artifice, c’est-à-dire la quête de la pureté. Après, je le fais à ma manière et je n’ai pas forcément de concept. Je n’aime pas ranger les toreros dans une catégorie. Artiste ou tremendiste, ça me dérange un peu. Car chaque torero évolue constamment. Tu me parles de concept, moi ce qui m’intéresse, c’est toréer comme j’ai envie. C’est tout.
 
Patrick Varin est ton apoderado et depuis longtemps ton mentor. Il n’est pas sur place. Quelles relations as-tu avec lui ?
 
- Excellentes. On se téléphone tous les jours. Il va venir bientôt ici. On continue à travailler sur les détails qui sont importants dans ma tauromachie et sur les choses que l’on doit polir pour m’améliorer. On est donc toujours ensemble et il est derrière moi à fond.
 
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Tu viens d’assister à la sortie par la Puerta del Príncipe de Séville d’un jeune torero : Tomás Rufo. Il a mis la barre très haute. Cela donne le moral ou au contraire, c’est intimidant ?
 
- Je suis très heureux pour Tomás Rufo car c’est un très un très bon compañero. On s’entend très bien, on a beaucoup toréé de novilladas ensemble, celle de despedida, c’était avec lui à Cordoue. Ce qu’il fait, c’est très beau. Je lui ai envoyé un message de félicitations. Il y a la compentencia, mais il y a aussi le compañerismo et quand les choses sont bien faites, il faut le reconnaître. J’espère que bientôt je pourrais toréer avec lui.
 
Dans le Sud-ouest, on va te voir à Saint-Sever puis à Riscle. Ce sont des dates qui comptent pour toi ?
 
- Bien sûr, car je ne suis pas rentré dans les « grandes » férias. Saint-Sever et Riscle, ce sera l’occasion de revendiquer ma tauromachie et de montrer que j’ai ma place dans les grandes ferias du Sud-ouest. Je prends ces deux dates avec beaucoup de plaisir, d’autant plus que je serai avec des toreros importants comme Perera à Saint-Sever par exemple. C’est tout ce dont je rêve : Etre à côté de grands toreros et pouvoir m’exprimer auprès d’eux.
 
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Il faut beaucoup de patience pour un jeune torero. Il y a moins de corridas et cette année, les figuras occupent beaucoup de place. Cette situation te cause-t-elle de l’amertume ?
 
- On a tous de l’amertume. Il faut la canaliser avec de la volonté et de l’ambition. Si tu restes avec l’amertume, tu broies du noir et ça n’est pas productif. Il y a beaucoup de grands toreros en ce moment et les places sont moins nombreuses. Mais j’essaie de ne pas être impatient, bien que ce soit mon défaut de temps en temps. C’est une des choses plus dures qu’il soit dans le toreo : rester patient en piste, devant le toro, comme dehors ; c’est pour cela que je suis seul à Sanlúcar pour apprendre la patience et à vivre despacio. Non, je n’ai pas d’impatience : Je sais que j’ai des échéances importantes, c’est ce qui me fait rêver…
 
(Photo J. Hernández)