Jeudi 25 Avril 2024
PATRICE
Vendredi, 13 Mai 2022
pq13ph
 
Papa…
 
Il aimait les mathématiques.
Dont il appréciait la rigueur.
 
Qui correspondait à sa manière.
De voir le monde.
 
Il était plus «Viti».
Que «Cordobés».
 
A la maison.
Il s’occupait des «papiers».
 
Tout devait être dans la règle.
Et la loi.
 
Plus Domingo Ortega.
Que «Cagancho».
 
Et la porte d’entrée.
Était toujours bien fermée.
 
Il était né.
Par défaut.
 
Aux pieds des Pyrénées.
A Tarbes.
 
Sept jours.
Avant le début de la guerre.
 
L’année où mourait Mistral.
Et où naissait Morenito de Valencia.
 
Que tua à Guayaquil.
Un toro de Lorenzo Tous.
 
Il avait passé.
Une grande partie de sa vie.
 
En Algérie.
Dans l’administration coloniale.
 
Il aimait l’anisette.
De la marque «Gras».
 
Et les gâteaux arabes.
A la semoule et au miel.
 
A la préfecture de Nîmes.
Où il finit sa carrière.
 
Papa était ami.
Avec M. Picard.
 
Qui le faisait bénéficier.
Des invitations.
 
Que lui donnait.
Ferdinand Aymé.
 
Les entradas.
Etaient bien rangées.
 
Dans le sous-main.
De son bureau.
 
Attachées.
Par un trombone.
 
Avec Papa.
Nous allions aux arènes.
 
Il aimait.
Le toreo de Camino.
 
Et en sortant.
On allait boire.
 
Une menthe à l’eau.
Au «Café de la Bourse».
 
Un soir nous y vîmes.
Ernest Hemingway et Cristóbal Becerra.
 
L’américain.
Portait des lunettes fumées vertes.
 
Et l’espagnol.
Un costume rayé et des chaussures bicolores.
 
L’américain buvait du vin blanc.
Et l’espagnol arborait un œillet rouge à la boutonnière.
 
Avec Papa, l’hiver, nous allions
A Jean Bouin.
 
Il aimait le jeu.
D’Hassan Akesbi.
 
Et regretta la défaite de Nîmes contre Sedan.
En finale de la Coupe de France.
 
Nous rentrions à pied.
En longeant les ponts de Talabot.
 
Papa conduisait doucement.
Une traction avant 11CV.
 
Elle était noire.
Et avait trois vitesses.
 
Avec elle, les dimanches d’été.
Nous partions au Grau du Roi.
 
En passant par la route.
De la Tour Carbonnière.
 
Avec elle.
Papa nous emmenait.
 
Voir les toros.
Aux corrales du Bd Natoire.
 
Avec elle.
Je fis mes débuts.
Derrière les pistes.
De Courbessac.
 
A la maison.
En fumant des «Gitanes» filtre.
 
Papa lisait le journal.
Pour connaître «les nouvelles».
 
Il portait.
Presque tout le temps.
 
La cravate.
Et un gilet en laine grise.
 
Il était doux.
Et gentil.
 
Il découpait pour les conserver.
Mes premiers articles sur les toros.
 
Et les rares fois.
Où il s’énervait.
 
Son visage.
Rougissait.
 
A sa façon à lui.
Il soutenait les toreros français.
 
Il fut heureux.
De l’alternative de Lucien.
 
Et de sa confirmation.
En 1982.
 
Et respectait.
Simon.
 
Un hiver.
Papa se mit à tousser.
 
Et s’essoufflait.
Rapidement.
 
En juillet.
Il fut hospitalisé à l’hôpital de la rue Hoche.
 
Papa mourut le 15 août.
De l’année 1983.
 
A l’heure.
Où à Béziers.
 
Christian, Richard et Victor.
Tous les trois.
 
Habillés de rouge.
Finissaient de tuer les Miura.
 
Patrice Quiot