Samedi 20 Avril 2024
PATRICE
Mardi, 17 Mai 2022
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Jean-Paul Belmondo dans «Un singe en hiver»…
 
« Arrière les Esquimaux ! Je rentre seul. Un matador rentre toujours seul ! Plus il est grand, plus il est seul. Je vous laisse à vos banquises, à vos igloos, à vos pingouins. 
 
Por favor señora ! À quelle heure le train pour Madrid ?... ».
 
Mono de maravilla.
 
Hôtel Stella.
Couloir premier étage.
 
Intérieur nuit. 
Plan en légère plongée, montrant Albert et Gabriel gravissant les dernières marches de l’escalier. 
 
Jean-Paul Belmondo dans le rôle de Gabriel Fouquet.
Jean Gabin dans celui d’Albert Quentin.
 
Dialogue :             
 
GABRIEL FOUQUET : « Ah, mon vieux papa !... Heureusement que je t'ai, hein ? Ça ne t'ennuie pas que je t'appelle papa ? »                  
 
 ALBERT QUENTIN : « Ben non, ça ne m'ennuie pas. »                        
 
GABRIEL FOUQUET : « Je vais inviter la patronne à prendre un verre. »
 
ALBERT QUENTIN : « Elle dort, la patronne. Tout le monde dort. Allez...E »
 
GABRIEL FOUQUET : « Les manières se perdent. On ne s'est jamais couché si tôt à Madrid. J'espère qu'elle me fera tout de même la grâce d'assister à mes débuts aux Arènes Monumentales. »
 
ALBERT QUENTIN : « Je lui ferai part de votre aimable invitation. »
 
GABRIEL FOUQUET : « Y aura du monde.... Luis Miguel attire toujours la foule... Y a longtemps que je rêve de triompher à Madrid... Le public sera exigeant... surtout derrière Miguelito. Je vais être obligé de prendre des risques. »
 
ALBERT QUENTIN : «Eh bien, j'espère que tout se passera bien.E »
 
GABRIEL FOUQUET : « Je mettrai mon costume blanc... celui de mes débuts. Vous vous souvenez de cette novillada de Tolède ? Ce vent froid, ce public affreux et ce taureau qui ne voulait pas mourir. Mais depuis, j'en ai estoqué plus de cent... Je suis le plus grand matador français... Gabriel Fouquet, plus grand que Pierre Schull... Yo soy único !
Ça vous intéresse, papa ? »
 
 ALBERT QUENTIN : « Peut-être... »
 
GABRIEL FOUQUET : « Qu'est-ce qui vous intéresse ?... Le matador, le taureau ou l'Espagne ? »
 
ALBERT QUENTIN : « Le voyage... votre façon de voyager. »
 
GABRIEL FOUQUET : « Ah ! Ça, c'est un secret. »
 
ALBERT QUENTIN : « Oh, la-la ! Le véhicule, je le connais, je l'ai déjà pris. Et ce n’était pas un train de banlieue, vous pouvez me croire. Monsieur Fouquet, moi aussi, il m'est arrivé de boire. Et ça m'envoyait un peu plus loin que l'Espagne. Le Yang-Tsé Kiang, vous avez déjà entendu parler du Yang-Tsé-Kiang ? Ca tient de la place dans une chambre, moi, je vous le dis. »
 
GABRIEL FOUQUET : « Sûr... Et alors ?... Deux Xérès ?... »
 
ALBERT QUENTIN : « Je ne bois plus. Je croque des bonbons. »
 
GABRIEL FOUQUET : « Et ça vous mène loin ? »
 
ALBERT QUENTIN : « En Chine, toujours... mais plus la même. Maintenant, c'est une espèce de Chine d'antiquaire. Quant à descendre le Yang-Tsé-Kiang en une nuit, c'est hors de question. Pfft !... 
Un petit bout par-ci, un petit bout par-là... Et encore, pas tous les soirs .
Les sucreries font bouchon. »
 
ALBERT QUENTIN : « Allez... Bonsoir. »
 
GABRIEL FOUQUET : « Papa ! »
 
ALBERT QUENTIN : « Oui ?... »
 
GABRIEL FOUQUET : « Je crois que j'ai raté mon train pour Madrid ! »
 
ALBERT QUENTIN : « Monsieur Fouquet, quand on a les rêves que vous avez dans la tête, on ne se tourmente pas pour un train raté. 
Savez-vous à qui vous me faites penser ? 
A un de ces singes égarés, comme on en rencontre en Orient au moment des premiers froids... 
Quand ils sont assez nombreux, on chauffe un train pour eux et on les renvoie vers leurs forêts natales. »
 
« Un singe en hiver »   d' Henri Verneuil (1962).
 
Datos 
 
Un singe en hiver est un roman d'Antoine Blondin paru en 1959 aux éditions de la Table Ronde et ayant reçu le prix Interallié la même année.
 
Ce roman est connu du grand public grâce au film d'Henri Verneuil, Un singe en hiver (1962) interprété par Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo.
 
Le jeune Fouquet, père d'une petite fille et divorcé, échoue à Tigreville en Normandie. 
 
Il loge au Stella, un hôtel tenu par M. et Mme Quentin. Une amitié, qui confine à celle qui unit un père et un fils, se noue entre les deux hommes.
 
Tous deux font des rêves d'ailleurs, la Chine pour l'ancien combattant, l'Espagne pour le jeune homme ; mais si Fouquet aime la boisson, Quentin a juré de n'y plus toucher.
 
Dans ce cadre spectral d'une station balnéaire normande, Un singe en hiver narre le rapprochement de ces deux êtres qui, à leur manière, éprouvent bien du mal à vivre dans ce monde, pétri de douleur et de solitude.
 
Ils trouveront le réconfort lors d'une soirée épique, où ayant abjuré, M. Quentin se saoule et entraîne Fouquet dans son délire.
 
Patrice Quiot