Vendredi 26 Avril 2024
PATRICE
Jeudi, 19 Mai 2022
nim19ph
 
A la Font de Nîmes…
 
« A la font de Nimes, i a un ametlier
Que fai de flors blancas coma de papier. »
 
Ainsi ce sera.
 
Chemise blanche flottant sur pantalon blanc, petite boutonnière d’œillets verts et rouges de chez Pichon sur la poche de poitrine, veste d’ébéniste en moleskine noire et pochette laissant entrapercevoir le logo «Ricard», entradas por la plaza, pañuelo blanc, tabaco y « parné » en la bolsa, canne por delante, souliers cirés, lunettes de soleil, eau de toilette «Habit Rouge» de Guerlain.
 
Ainsi j’irai.
 
Gente de partout, embrassades de puta madre avec les amis de toute la vie, apéro au soleil, des numéros de téléphone échangés et des clés perdues.
 
La «Pégoulade» des mazets des cigalons.
 
«Le Prolé» lleno.
 
Et la rouille de «Chez Nicolas» en majesté.
 
Ainsi ce sera.
 
«Les Peillasses» déguisées sur la Place du Marché.
 
Feuilles de micocouliers sur le sol du Victor dans l’odeur des paellas et des chichis.
 
Dans les rues, bleues, vertes ou rouges, passeront les peñas, les fanfares et les cliques.
 
Sur le Bd Amiral Courbet, devant le musée du Vieux Nîmes, des enfants feront voler leurs ballons d’azote et mangeront de grosses pommes d’amour.
 
Foulard Ricard sur les épaules nues, les mamans tiendront tendrement les papas par la main.
 
Sur l’Esplanade, des Incas en plumes de condor souffleront dans la kena andine pour convoquer leur terre Tahuantinsuyu et leur ancêtre Manco Capac.
 
Sur le trottoir, des vieilles en cheveu reviendront du marché le cabas plein de cèbes.
 
Et chez Teissier, des livres en signature.
 
Ainsi ce sera.
 
Arènes pleines ; no hay billetes et Rudy Nazy stylo en main pour diriger la banda rouge et blanche.
 
Forts ou flojos, bravos o mansos, negros zainos, negros mulato, jaboneros o colorados ojo de perdiz, de los encastes buenos, de cortijo o de matadero.
 
Ainsi ils viendront.
 
De categoría o de tentadero, con o sin pellizco, con o sin garbo, con valor, gracia y entrega o sin n’a.
 
Ainsi ils se battront.
 
Bien ou mal, bons ou mauvais peu importe dans la mesure où, au « 4 » à deux heures du mat’, on en parlera encore.
 
Le temps passera vite.
 
Une dernière copita, une fougassette que l’on croquera debout, les gobelets en plastique al suelo et le camion des poubelles quand on rentrera.
 
Sur la place de la Couronne d’Apollinaire, assis sur un banc, un pébron chantera «A la font de Nîmes».
 
Et pour le lendemain, la blonde du poste annoncera du soleil et 31 degrés.
 
Dans quinze jours.
Pour la Feria de Nîmes.
Ainsi ce sera.
 
Patrice Quiot
 
NDLR : A la fontaine de Nîmes il y a un amandier
qui fait des fleurs blanches comme du papier.