Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Mercredi, 25 Mai 2022
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Vestido : Sastrería Fermín… (3 et fin)
 
- Pour vous, quel est le torero le plus élégant ?
 
« En général, ceux qui dépensent le plus d'argent !
 
Mais ça ne marche pas toujours comme ça. 
 
À l'époque, j'aurais dit José Ortega Cano. Et aujourd'hui, Sebastíán Castella, pour plein de raisons. 
 
Premièrement, il a le corps pour ça. Peut-être que d'autres toreros dépensent plus d'argent que lui, mais « rien ne pousse dans les terres trop arides » ! Puis il y a d'autres toreros qui ne sont pas spécialement beaux dans un traje de luces, mais leur dévotion et leur bravoure les embellissent. 
 
Il y a quelques trucs à savoir. 
 
Savoir mesurer ses pas, par exemple. Ou faire attention à ce que l'on dit. Les toreros n'ont pas tendance à beaucoup communiquer. 
 
Tout ça pour dire qu'il y a des hommes qui ont l'art en eux, et d'autres qui ne l'ont pas. 
 
En tauromachie comme dans toute autre discipline, il y a les artistes et ceux qui ne font que combattre le toro. »
 
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 Salon d'essayage
 
- Et Fermín les habille tous…
 
« Tous. Je ne peux pas révéler qui a commandé ceci ou cela parce que, parfois, la pièce n'est pas destinée à un professionnel et finit comme n'importe quel autre châle au fin fond d'un tiroir.
 
On parle bien d'une pièce sur laquelle nous avons passé plus d'un an ! 
 
Une fois, un mexicain qui faisait partie de la sécurité rapprochée de Bill Clinton m'a commandé une cape. 
 
Et il n'y a que deux endroits où un homme se révèle : dans un bar ou au pieu !
 
Bien entendu, je n'allais pas l'emmener au lit, j'ai donc préféré parler avec lui dans un bar du coin !
 
Il m'a raconté qu'il était entré aux États-Unis illégalement et qu'il se souvenait des corridas qu'il allait voir avec son grand-père à Tijuana quand il était enfant. 
 
En Amérique, il avait marié une femme qui ne supportait pas la corrida, mais il tenait à s'acheter une cape avec une Vierge de Guadalupe brodée dessus. » 
 
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- Je me demandais si vous seriez capable de reconnaître une cape de votre confection en regardant une corrida. Il ne s'agit pas seulement d'un bout de tissu après tout - c'est presque aussi lourd qu'une pièce d'ingénierie.
 
« Oui, bien sûr. Il y a quelques années, la cape était circulaire, comme une roue, et c'est pour cette raison qu'à l'époque le torero tenait sa cape de travers. 
 
À cause de ça, les toreros nous ont demandé de réduire le radius des capes. Tu vois, très peu de toreros modernes seraient capables de supporter ces vielles capes en soie naturelle. 
 
Elles pouvaient presque tenir toutes seules ; il faut avoir une sacrée patience et un bon poignet pour pouvoir s'en servir. Le style a changé quand Manolete s'est mis à pratiquer une corrida à la « verticale », dans laquelle le toro passe plus près du matador.
 
C'est exactement ce que fait José Tomás aujourd'hui. »
 
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- Pensez-vous que quelque chose puisse être comparée à la corrida ? Existe-t-il quelque chose d'aussi important pour vous ?
 
« Non. Il n'existe rien de tel en ce monde. »
 
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Source : Interview Rubén Lardín pour « Numero mode 2010 »
 
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Datos 
 
Sastrería de Toreros Fermín/Calle de la Aduana, 23, 28013 Madrid.
 
La sastrería de Toreros Fermín fue fundada por Fermín López Fuentes en 1963.
 
Fermín, que comenzó con un equipo de únicamente cuatro personas en un pequeño cuarto piso de la Calle Aduana de Madrid fue con el paso del tiempo convirtiéndose en uno de los mejores sastres taurinos que hoy en día existen.
 
A Fermín desde muy pequeño le llamó la atención esta hermosa profesión del mundo del toro, lo que provocó en él el deseo de querer ser de mayor sastre taurino. 
 
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En un principió comenzó trabajando como aprendiz y con el paso del tiempo se hizo cortador y estudió corte y confección.
 
Tras finalizar sus estudios, Fermín se graduó en la antigua sastrería de toreros Ripolles de Madrid.
 
Cuando el hermano de Fermín dejó la sastrería taurina, él se incorporó para que la tradición no llegase a perderse.
 
Uno de los diseños que considera más especiales podría ser el de Jose Tomás de la Plaza de Toros de Nîmes.
 
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L'habit de lumières que portent les toreros puise ses origines dans le “majismo”, mouvement né au XVIIIe siècle dans les quartiers populaires de Madrid. 
 
En réaction à la mode vestimentaire française qui envahit l'Espagne, le “majo” s'habille de couleurs vives, force boutons, pompons et épaulette. 
 
Le “majismo” est alors très lié à la corrida, symbole de l'Espagne. 
 
C'est à cette époque, vers 1830, que «El Paquiro » (Francisco Montes Reina dit « Paquiro », né à Chiclana de la Frontera le 13 janvier 1805, mort à Chiclana de la Frontera le 4 avril 1851) codifie le costume : gilet court, culotte serrée, ballerine. 
 
Depuis, il n'a connu aucune modification essentielle.
 
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Parmi les 48 couleurs de la gamme proposée chez Fermin, pas de jaune. 
 
Et pour cause : c'est la couleur porte-malheur des toreros.  
 
Pourquoi ? Les explications sont nombreuses. 
 
Certains expliquent que cette superstition est née dans les années 30 quand le matador Faustino Barajas a trouvé la mort dans les arènes de Madrid un jour où il arborait un costume jaune.
 
D'autres prétendent que cela vient de la couleur jaune de l'habit que portait Molière lorsqu'il est mort sur scène.
 
D'autres parlent de la couleur du drapeau que devaient dresser les villes touchées par une épidémie au Moyen Âge, ou de la couleur de la chemise des condamnées à mort dans l'Espagne d'autrefois. Quelle qu'en soit l'origine, les toreros y attachent une réelle importance…        
 
Patrice Quiot