Jeudi 28 Mars 2024
VIC
Dimanche, 05 Juin 2022
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La torería de Domingo López Cháves…
 
Samedi soir. Deuxième corrida de la feria du toro. Trois quarts d’arène. Pluie au sixième toro.
 
Six toros de Valdellán.
 
Mano à mano :  
 
Antonio Ferrera : sifflets, sifflets et sifflets.
 
Domingo López Chávez : salut au centre, vuelta après pétition minoritaire et salut au tiers.
 
Sobresaliente : Miguel Ángel Sánchez Pascual.
 
Correctement présenté, sans excès, peu homogène dans son ensemble, plus ou moins défendu - le sixième étant le mieux pourvu - le lot de Valdellán n’a pas eu le rendement attendu. Souvent réservés, ils eurent du mal à rompre ; les trois plus de 5 ans surtout. Le quatrième fut noble et humilia avec qualité : un bon toro qui manqua de transmission. Il fut applaudi à l’arrastre. Plus de vibrations chez le sixième qui malgré ses réticences a cédé à l’autorité du torero salmantino.
 
Antonio Ferrera a ce dimanche un rendez-vous essentiel à Las Ventas avec les toros de Victorino Martín qu’il combattra en solo, c’est ce qui explique, peut-être, qu’il en garda sous la semelle toute la tarde. Jamais Antonio ne fit preuve de cette générosité qui fait sa popularité. Il fut hors du coup, sans jamais avancer la jambe, anodin, sans imagination et à la peine. Même si le lot dont il échut permettait apparemment peu, il ne fit pas l’effort nécessaire qui permet de se faire un jugement définitif sur l’animal. Ainsi, le cinquième semblait donner des possibilités que l’extremeño n’exploita pas. Il tua lamentablement, ce qui est peu excusable pour un professionnel de ce niveau. Mais Antonio est un astre singulier dans la galaxie taurine : des conclusions définitives seraient imprudentes, il peut revenir à tout moment. Mais ce fut un jour sans, les fans de Ferrera ne pourront le contester.
 
Une nouvelle fois à Vic, à l’inverse d’Antonio, Domingo López Cháves a montré l’ampleur de son talent. Il semble que le ruedo gersois inspire le torero du Campo Charro. Ses trois faenas furent marquées du sceau de l’entrega, la détermination, du savoir, mais aussi et surtout de la profondeur. C’est une élégance suave qui émane de son toreo ferme, mais jamais brutal. Il exprima le mieux cette dimension esthétique si poignante face au quatrième toro le noble « Marmojeo » applaudi à l’arrastre. L’animal un poil juste de force, Domingo commença son trasteo à mi-hauteur prenant son temps entre chaque série. Le toro, en confiance, plongeait dans la muleta conduite sur un tempo très lent. Grand moment d’enthousiasme gâché cependant par un vilain bajonazo précédé d’un pinchazo. Il séduisit encore au dernier, plus retors, retenant malgré la douche céleste, le public sur les tendidos.
 
Domingo López Cháves reviendra lundi face aux Escolar Gil en remplacement de Gómez del Pilar. Une invitation gersoise bien méritée.
 
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Samedi matin, premier spectacle de la « feria du toro », novillada. Une demie- arène. 6 Raso del Portillo. Le sixième « Palestita » n° 33, negro entrepelado, vuelta al ruedo.
 
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Cristian Perez : deux avis et silence et saluts au tiers.
 
 
Diego Peseiro : deux avis et pitos et saluts au tiers.
 
Jorge Rojo : un avis et silence et saluts au tiers.
 
Salut du banderillero David Adalid (4ème).
 
Salut du picador Luis Miguel Dios Santos de Palha (5ème).
 
Débuts austères et un tantinet longuet de la féria du toro. Peut-être faudrait-il revenir à la formule quatre toros en guise d’apéritif. Mais bon, abondance de biens ne nuit pas non-plus ! Le lot du Raso del Portillo dans le type, harmonieux, aux défenses aigues mais ouvertes (playeras parfois) comme le veut cet élevage mythique, aux racines de la tauromachie espagnole. Le second a été protesté par une partie du public en raison de la discrétion de ses défenses. Les premiers et cinquièmes applaudis à l’arrastre.
 
Un lot qui aura eu un jeu vibrant, encasté, sans casser la barque non plus. A la pique, le sixième s’est distingué en partant de loin et avant lui tous sont allés trois fois au cheval en poussant sans excès. On peut donc parler d’ensemble montrant une bonne dose de bravoure. Par la suite, ils se sont livrés, avec plus ou moins d’ardeur, sous les leurres approximatifs de jeunes gens trop inexpérimentés. Il y avait pourtant des oreilles à couper, ceux  qui se sont fait porter pâle ont eu tort.
 
Limité, le trio du jour qui s’y est collé ne pouvait prétendre au succès. Cristian Perez a la volonté de bien faire et comme ses camarades il s’est appliqué dans les mises en suerte. Son manque d’engagement et son abus du pico ainsi que ses carences à la mort déçurent les tendidos.
 
De l’entrega chez le jeune portugais Diego Peisero qui a un côté très novillero : son enthousiasme se combinant avec des manières brouillonnes qui nuisirent à ses fins. On retiendra ses deux bons tiers de banderilles et ses largas de rodillas, la seconde, à puerta gayola se terminant par une correction sans frais qui aurait pu être tragique.
 
De la classe à la cape chez José Rojo, excessivement prudent toute l’après-midi toréant de la pointe de l’estaquillador sans jamais se croiser véritablement ce qui limita l’effet de ses belles manières. Maladroit à l’épée lui aussi, il aura montré cependant les qualités du sixième, qui du coup fit la vuelta, et cela fut salué par le public le plus averti.
 
(Pierre Vidal – corridasi – Photos Bertrand Caritey)