Vendredi 29 Mars 2024
VIC
Lundi, 06 Juin 2022
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Les adieux d’un grand d’Espagne…
 
Vic-Fezensac, dimanche matin. Troisième de la féria du toro. ¾ d’arène.
 
Six toros de Baltasar Ibán. Tous ovationnés à l’arrastre.
 
Rubén Pinar : salut au tiers et silence.
 
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Javier Cortés 2 avis et saluts au tiers et silence.
 
Damián Castaño : un avis et sifflets et un avis et palmas.
 
A l’issue du paseo, une minute d’applaudissements a été respectée à la mémoire d’Auguste Oller, ancien président du Club Taurin Vicois récemment disparu.
 
A la fin de la corrida, le mayoral de Baltasar Ibán a effectué une vuelta très fêtée avant son départ à la retraite.
 
Les « Armagnacs d’Eauze » ont joué durant l’ultime tercio de piques.
 
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Bonne corrida de Baltasar Ibán, très bien présentée, forte et armée ; les trois derniers gagnant le concours de beauté. Le quatrième ovationné à sa sortie. Elle eut un comportement varié : les trois premiers nobles et se livrant avec du piquant sous les leurres. Les cinquièmes et sixièmes sur la défensive après des tiers de piques spectaculaires.  Le cinquième « Estampavivos » fut l’auteur de deux batacazos successifs qui nécessitèrent la sortie d’Alain Bonijol pour reprendre les rênes de ce tercio bien dans la tradition vicoise. Le sixième, bien piqué, fit preuve lui aussi de générosité sous le cavalier et le public demanda la vuelta pour sa dépouille. Elle ne fut pas accordée par la présidence : Il ne faut pas en effet dévaluer cette récompense qui doit rester exceptionnelle. Un ensemble qui a donc donné beaucoup de satisfactions à l’aficionado.
 
Rubén Pinar n’appuya jamais sur l’accélérateur et resta prudent pour l’essentiel, toute la matinée. Son oficio incontestable, sa technique solide firent qu’il parut maître de la situation sans pour autant forcer son talent. On attendait plus de l’Albaceteño que l’on a vu mieux disposé, avec plus d’entrega. Une bonne estocade à mettre à son crédit à son premier passage ; elles sont rares depuis le début de cette féria.
 
Beaucoup de profondeur, de goût et d’émotion dans le toreo de Javier Cortés qui aura procuré les meilleurs moments de la matinée à son premier passage. Devant ce « Santanero » costaud et attentif mais noble, il sut bâtir un travail élégant conduisant l’animal sur les deux bords avec un sens aigu de la cadence. Hélas, il eut du mal à cadrer le toro au moment de la mise à mort et la fin fut laborieuse. Faena courte, réduite aux acquêts, mais courageuse face au cinquième auquel il livra un combat total, intense (il fut touché deux fois) et bref, qu’une fois encore, il gâcha avec l’acier.
 
Damián Castaño eut de bons moments face au troisième qui se laissait faire avec un poil de candeur. Son toreo dirigé souvent vers l’extérieur, habile mais superficiel, ne put convaincre les gradins. On vit cependant qu’il a du recours ; un métier qui lui permet de se sortir des situations difficiles avec une certaine aisance. Ni bien ni mal donc, le benjamin des frères Castaño qui ne laissera pas un souvenir impérissable et qui sua lui aussi, sang et eau avec l’épée.
 
C’est le cœur léger qu’ainsi Guillermo, le mayoral de la prestigieuse demeure, le cortijo « Wellington » sis en l’Escorial, put faire un dernier tour de piste : le devoir accompli. Le précieux sang de Baltasar Ibán, on l’a vu cette fois encore, était maintenu grâce à ses efforts. Enhorabuena Guillermo. C’est un Grand d’Espagne qui nous quitte…
 
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Dimanche soir Vic-Fezensac, 4ème de la féria du toro. ¾ d’arène.
 
Six toros de Cebada Gago.
 
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José Cabrera qui prenait l’alternative : silence et sifflets.
 
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Morenito de Aranda : silence et saluts au centre.
 
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Alberto Lamelas : applaudissements et silence.
 
Ovation au picador d’Antonio Lamelas, David Prados, au cinquième toro.
 
L’équipe médicale des arènes a salué en piste avant le paseo à l’invitation du président du CTV, André Cabanne.
 
Les soirs succèdent aux matins et ne se ressemblent pas ; ainsi va la vie et la tauromachie qui en est une métaphore. La déception causée par les toros de Cebada Gago a donc suivi ce soir les bonheurs donnés par les toros de Baltasar Ibán. Pourtant, le ganadero de Medina Sidonia misait beaucoup sur cette tarde vicoise depuis plusieurs années qui, pour lui, en raison de la pandémie, furent difficiles à traverser. La présentation de sa corrida fut discutée en raison de son inégalité. L’ensemble était bien armé et il y eut des estampes comme le premier. Mais le manque de trapío du sixième fut relevé par une partie du public.
 
Au moral, il y eut de tout: le premier, assez complet, fut applaudi à l’arrastre. Le quatrième s’est livré au dernier tiers. Le cinquième procura un bon tiers de piques où il laissa l’essentiel de ses forces. Le troisième se défendit sur place. Le sixième, très compliqué, posa bien des soucis au jeune Cabrera.
 
José Cabrera aura pris l’alternative dans un dur contexte. L’Almeriense d’Elijido a semblé bien vert pour accéder à cet honneur. Face au toro de la cérémonie il se montra digne, banderillant sans brio, mais avec efficacité. La dernière paire al violín plut. La fanea se limita à quelques séries précaires. Une entière au second essai. Au second passage, l’opposition se compliqua et l’impétrant cala rapidement, prenant l’épée pour conclure laborieusement.
 
De la classe chez Morenito de Aranda qui allie l’autorité, la fermeté face aux toros, à une certaine recherche esthétique. Ces qualités ne portèrent pas sur le public gersois. On lui reprocha une certaine réserve masquée par ses bonnes manières. Cette retenue, ce manque d’investissement l’empêchèrent de passer la rampe ; on mettra à son crédit l’estoconazo porté à son premier passage ; la meilleure épée de la tarde.
 
Enfin, disons-le, Alberto Lamelas aura laissé une bonne impression bien qu’il ait touché un lot âpre. Cette opposition qui demandait beaucoup ne le découragea pas. Dans ses deux passages, il sut arracher les passes qui semblaient improbables grâce à son engagement, à sa générosité. Se plaçant toujours dans les cornes il transforma ses rencontres en combat qu’il aurait gagné lui aussi s’il n’avait échoué avec l’épée. Carence qu’il partage avec l’ensemble des participants à la féria.   
 
Gardons le meilleur pour la fin : l’interprétation du succès de Piaf par les « Armagnacs » : « emportés par la foule »… Oui demain sera un jour meilleur sous le ciel gersois…
 
(Pierre Vidal - Photos B. Caritey)
 
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