Samedi 20 Avril 2024
PATRICE
Mercredi, 15 Juin 2022
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Muletas exotiques (Chapitre 3) : Afrique/Russie et Asie…   
Ricardo Chibanga : né en 1942 à Lourenço Marques, devenu Maputo à l’indépendance du Mozambique, en 1975. 
Jeune et pauvre, il se proposait pour lisser le sable des arènes avant les corridas en échange d’un billet pour y assister. 
Plus tard, il travailla comme assistant auprès d’un préparateur de toros. “Fasciné par la corrida, il explorait déjà toutes les possibilités pour entraîner son instinct à la maîtrise des taureaux”, rapporte le quotidien A Verdade. 
Après son service militaire au sein de l’armée portugaise, il s’installe à Golegã, au Portugal et s’initie aux toros sous la supervision de Manuel Dos Santos. 
C’est en 1965, dans les arènes pleines à craquer du Campo Pequenho à Lisbonne, qu’“El Africano” s’est illustré la première fois en costume de lumière emprunté à un autre torero, poursuit A Verdade. “Le même après-midi, il est sorti la tête haute de l’arène, lançant sa prodigieuse carrière qui l’a emmené au Portugal, en Espagne, en France”, mais aussi aux États-Unis et au Mexique.
Antonio Bienvenida lui donne l’alternative à Séville. Vedette des années 1970, il confirme à Madrid en 1974. Sa carrière fut honorable et reconnue, mais des problèmes visuels y mettent fin. Il demeure cependant dans le milieu taurin car il organisa des spectacles dans des arènes portatives au Portugal.
Les corridas l’ont conduit plusieurs fois à l’hôpital. “Une fois, à Séville, un taureau m’a blessé gravement, j’ai passé seize jours dans le coma, c’était dur de récupérer psychologiquement”, confessait-il en 1973 à l’hebdomadaire illustré Tempo, 
Il est décédé le 16 avril 2019, des suites d’un accident vasculaire cérébral.
 
Said Kazak Mansour «El Palestino». 
Né en 1956 à Haïfa, il débute avec picadors en 1983 à Ibiza et prit son alternative le 15 août 1999 à Benalmádena.
Il rêvait de toréer la San Isidro devant Yasser Arafat.
Il est apparu dans la presse écrite et télévisée espagnole ; en 1999, ABC relate son alternative où il a été blessé.
En mars 2005, il fut le principal protagoniste du programme “Gente” de TVE où il toréa un toro a puerta cerrada.
 
Roman Karpujin « Finito de Moscú» : (Kharkov, Ukraine, 1967), connu sous le nom de Finito de Moscou, est un torero ukrainien ; inscrit à l'école de tauromachie de Barcelone, il fit ses débuts comme novillero à la Monumental de Barcelone dans le année 2000.
Roman Karpukhin a émigré avec sa famille d'Ukraine en Russie, s'installant à Moscou. Dans la capitale russe, il est entré dans l'armée de l'air, où il a obtenu son diplôme de capitaine. Dans les années 1990, en raison de la chute de l'URSS et du début de la perestroïka, Karpukhin est entré dans la sécurité fédérale du gouvernement russe au sein de l'organisme antiterroriste, se rendant dans des endroits comme la Tchétchénie.
En 1995, Karpujin décide de voyager en Espagne, s'installe à Albacete et travaille comme entraîneur de danse sportive. C'est à cette époque qu'il noue une relation avec le torero Manuel Amador, qui l'initie au monde de la tauromachie et entre à l'école taurine d'Albacete. Son admiration pour la figure du torero de Sabadell Juan Serrano « Finito de Córdoba » fut ce qui l'a amené à prendre l’apodo de Finito de Moscou.
Ses débuts avec picadores ont eu lieu le 16 avril 2000 aux arènes Monumental de Barcelone avec Raúl Cuadrado, Omar Guerra, López Díaz, Serafín Marín et Juan de Lucía devant des novillos salmantins de Agustiñez. Il était vêtu en bleu et or, clin d'œil à son ancien uniforme militaire. Dernière prestation aux arènes d'Olot (Gérone) devant un eral de Doña Caridad Cobaleda, avec Mariano Jiménez et Manolo Bejarano.
Entre 2001 et 2005, l'année de sa retraite, Karpujin a toréé 7 novilladas et 20 festivals entre l'Espagne, le Mexique et les États-Unis, coupant deux oreilles et une queue.
 
Atsuhiro Shimonaya « El Niño del Sol Naciente »,  né à Tokyo.
Parcours hors du commun de ce garçon danseur et sportif qui, au grand dam de sa famille, vint en Espagne, après avoir vu « Sangre y Arena », pour y apprendre à toréer. Grand admirateur de José Tomás, il essaya de lui expliquer sa théorie du samouraï….
Apodéré par John Futon, il débuta en 1995 à Alcalá de Guadaíra et vint de novillero à Béziers.
Mais….
« El 16 de agosto 1995, El Niño del Sol Naciente era cogido en la plaza abulense de Pedro Bernardo por el novillo «Vergonzoso». Un percance que le paralizó el lado izquierdo de su cuerpo. Le dijeron, en el hospital, que no volvería a torear. Mas él, convencido de los contrario, no cejó en su empeño. En su recuperación para poder volver a andar tuvo mucho que ver quien hoy es su esposa, y con la que tiene un hijo. Ella le ayudó a salir adelante, a volver a incorporarse, a seguir luchando por querer ser torero. »
 
Masashi Yamanaka, « Terremoto de Japón » : né à Mie-Ken (entre Nagoya et Osaka).
« Ingresó en la Escuela Taurina de Salamanca en 1987. En los años 90, intentó saltar a los ruedos y tomar la alternativa con el nombre de “El Terremoto de Japón”. 
En 2004, Il ouvrit un bar de pinchos à Salamanque.
 
En 2009, le 20 septembre à Torremolinos, Tairo NONO, né en 1968, voit son rêve se réaliser après des années d’efforts (il a débuté en 1999), foulant le sable des arènes de Torremolinos pour une novillada piquée.
La seule…
 
Bong Way Wong « Bill » : torero sino-américain, né en 1940 à Canton et afincado aux US à l’âge de cinq ans.
Ingénieur de formation, il vint en Espagne pour apprendre le métier de torero.
Bill débute à San Sebastián de los Reyes. On dit qu’il n’était pas mal à la muleta et très bon au capote. Il voulait triompher, trouver une fiancée ibère et fonder une famille au pays du Caudillo.
Mais les contrats faisant défaut, Bill partit pour le Mexique en 1969.
Cette année-là, le 8 décembre, il fit son dernier paseo à Tenancingo et coupa une oreille à un novillo de Ayala.
Deux jours après, un accident de la route lui fut fatal.
 
Vicente Hong Chikeen. En 1894, dans la ville de Sunwei (province de Guangdong/ Chine), dans une riche famille de marchands, naît Hong Chikeen.
La famille s’enfuit à Mexico où elle ouvre un restaurant et une pension.  Afin d’aider sa famille à survivre, Hong travaille dans les mines d’or détenues et exploitées par les Yankees, apprend l’espagnol, découvre la tradition hispanique et est contaminé par le veneno del toro. Hong rejoint sa famille dans leur restaurant. Là, il fréquente une clientèle de banderilleros qui payent souvent en billets de corridas que Hong revend. Le 25 janvier 1907, le spectacle d'une foule attendant le cadavre du matador Antonio Montes, pris le  13 janvier 1907 dans les arènes de Mexico, amène Hong à décider d'assister à une corrida de toros. Ayant gardé un des billets qu’il devait revendre, il se rend à la plaza, en sort enthousiaste et dit : « Je peux le faire ! » Hong s'inscrit, en 1908, à l'école de tauromachie de José Romero «Frascuelillo», et commence son apprentissage au prix de trente pesos par mois.
Mais il fait peu de progrès en raison de son caractère quelque peu « torpe » et est obligé d’abandonner momentanément son projet et d’émigrer en 1909 au Honduras pour travailler dans une mine d'or.
De retour au Mexique en 1910, Hong constate que la révolution contre le gouvernement de Porfirio Díaz a éclaté. Dans le chaos ambiant, il se lie d’amitié avec Pancho Villa et commence à travailler pour lui. On perd sa trace jusqu'à ce qu'en 1911 il renoue avec la tauromachie et débute comme novillero dans différents spectacles en terres mexicaines et en particulier dans les arènes de Guadalajara. Hong y triomphe. La nouvelle de ses succès arrive jusqu’en Espagne.
On sait qu'il reçut une cornada qui faillit lui coûter la vie à Aguascalientes, qu'il quitta provisoirement le monde de la tauromachie et obtint un poste de consul chinois au Mexique….
A la fin de 1923, il réapparaît dans deux novilladas au Guatemala et, un an plus tard, fait ses débuts à Acho, où il acquiert une renommée qui lui vaut d’être programmé lors des férias suivantes
Le 10 juillet 1926, Hong s'embarque pour la Colombie et le Venezuela accompagné de son apoderado Juan Leppiani avec l'intention de triompher définitivement lors de la saison 1927 pour s’ouvrir les portes de l’Espagne. Mais malgré sa faconde, son exotisme et son rêve de réussir et de retourner en Chine pour populariser la tauromachie, Hong ne parvint à toréer en Espagne qu'à partir de la temporada 1930.
Premier paseo à Gérone le 1er juin, puis Barcelone le 19 du même mois, Palma de Majorque, Ségovie. Il se présente de novillero à Madrid le 9 juillet. Son actuación lui assure une autre novillada avec le même bétail à El Escorial et des débuts à Saragosse le 24 août. D'autres contrats, dont Zamora et Jerez de la Frontera, lui permettent d’atteindre un total de onze novilladas, la dernière le cinq octobre à Cuenca.
Mais sa carrière allait être courte.
Déçu parce qu'en Amérique il encaissait plus de 40 000 pesetas, contre les rares 3 000 qu'il touche en Espagne et parce que le public y était moins exigeant (ce sont les meilleures années de Marcial Lalanda), Hong disparaît soudain et à jamais des radars taurins à la fin de 1930.
 
Sources : « Toro libre », « Yankees in the afternoon », « Portaltaurino net » ; « la mayor wiki taurina » ; Muriel Feiner «La mujer en el mundo del toro» et autres…
Patrice Quiot