Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Dimanche, 17 Juillet 2022
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Plumaçon…
 
Dès le 17ème siècle, Mont de Marsan organise des courses de taureaux dans les rues de la cité.
 
À cette époque, à la sortie de la messe solennelle du Saint-Esprit, la jeunesse montoise élit deux organisateurs, des “tenanciers” (l'un dans la ville, l'autre dans les faubourgs), chargés d'assurer l'organisation, la sécurité et tous les frais des lâchers de taureaux et de bœufs dans les rues de la ville.
 
C'est ainsi que, pendant de nombreuses décennies, les rues montoises voient passer nombre de bœufs sauvages et autres vaches rustiques.
 
Dangereuses, ces courses de rues sont interdites à la suite d'accidents.
 
De peur que les villes landaises outrepassent cette interdiction, Louis XV fait publier en 1757 une ordonnance prévoyant que " les villes de Mont de Marsan, Dax, Tartas et Saint-Sever auraient à construire chacune un cirque entouré de barrières élevées et solides, environné de gradins pour les spectateurs".
 
La place Saint-Roch, entourée de charrettes et de sommaires barrières, accueille alors les premières "arènes" de la cité. Devant l'affluence des spectateurs dans ces arènes de construction anarchique, la municipalité doit intervenir pour imposer des normes. Vers la fin du 18ème siècle, elle installe un amphithéâtre en bois sur le côté est de la place.
 
Vers le milieu du 19ème siècle, Mont de Marsan se dote d'une véritable structure capable d'accueillir à la fois des spectacles taurins de premier ordre et un public nombreux. Construites en 1852 par la municipalité grâce à une souscription lancée auprès des Montois, les nouvelles arènes symbolisent l'attachement de la ville à une tradition taurine séculaire. Montées chaque année place Saint-Roch, elles ont la forme d'un amphithéâtre carré d'une capacité d'environ 2000 places.
 
En 1862 a lieu la première course hispano-landaise avec mise à mort d'un taureau. Cette époque marque la fusion entre les traditions de la course landaise et les règles de la course espagnole, récemment importée.
 
La place Saint-Roch est le haut lieu de la tauromachie à Mont de Marsan jusqu'au 19 juillet 1878, veille des fêtes de la Madeleine où les arènes sont la proie des flammes.
 
La population pense à un acte criminel et en est émue. De là, mûrit l'idée d'une construction en dur, moins vulnérable.
 
La municipalité souhaite alors doter la ville d'arènes de 4000 places construites en dur à l'image de celles de San Sebastián.
 
Cette initiative survient en pleine contestation nationale de la tauromachie, mais les élus montois persistent et, au grand désarroi des habitants de la place Saint-Roch, choisissent d'élever les nouvelles arènes sur l'emplacement des vignes de la métairie du Plumaçon.
 
 Œuvre de Jules Dupouy, architecte de la ville, les dessins du nouveau projet des arènes sont au départ très critiqués : piste trop petite (40 m contre 49 m place Saint-Roch), nombre de places démesuré dans les gradins, terrain du Plumaçon instable ne pouvant pas supporter les structures en béton… Malgré tous ces reproches, la municipalité valide les plans de l'architecte municipal et, en janvier 1889, les travaux commencent.
 
Cinq mois plus tard, Mont de Marsan a ses nouvelles arènes.
 
Appelées arènes du Plumaçon, elles sont inaugurées le 21 juillet 1889 par Eugène Etienne (sous-secrétaire d'Etat des colonies) en présence de Frédéric Mascle (préfet des Landes), Michel Arnaudin (maire de Mont de Marsan), du Général Lucas, des sénateurs et députés des Landes.
 
Au programme des fêtes inaugurales et donc exceptionnelles de la Madeleine 1889, deux courses hispano-landaises se déroulent le dimanche 21 (sans mise à mort) et le lundi 22 juillet (avec mise à mort), avec au cartel le matador José Rodriguez “Pepete”, les meilleurs écarteurs et sauteurs de la région : Kroumir, Marin, Belloc, d'Artagnan, Casino, Barrère, Daverat…
 
 Pour la course hispano-landaise et provençale du mardi 23 juillet, la Commission des fêtes s'est assuré le concours de Pouly, l'un des premiers "toréadors" français. Le bétail choisi est espagnol.
 
Pendant la Première Guerre Mondiale, les fêtes sont suspendues. Les arènes montoises servent un temps de lieu de détention pour des soldats allemands faits prisonniers.
 
De 1889 à 1932, 77 spectacles taurins y ont lieu.
 
Au fil du temps, avec leurs 4000 places, les arènes deviennent trop exiguës pour accueillir des corridas “de prestige”. De plus, le bâtiment est en assez mauvais état : toiture qui tombe, gradins en bois pourris, nombreuses fissures…
 
C'est pourquoi, en 1933, la Ville décide d'effectuer d'importants travaux qui prévoient à la fois restauration et agrandissement du Plumaçon.
 
Le chantier est confié à l'architecte Franck Bonnefous.
 
Celui-ci propose une extension de 3000 places grâce à une disposition en encorbellement des gradins supplémentaires. Il choisit une architecture de style espagnol dans le genre des plazas andalouses qu'il a étudiées au début des années 1930.
 
Dans ce dessein, les arènes du Plumaçon sont presque entièrement détruites pour être reconstruites sous la forme qu'on leur connaît aujourd'hui.
 
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L'inauguration a lieu le 16 juillet de la même année, marquée par de fastueuses fêtes de la Madeleine : une novillada, une corrida avec un cartel de luxe (Chicuelo, Marcial Lalanda, Vicente Barrera), une course landaise, mais aussi de nombreuses animations (concert de la Garde Républicaine, courses de chevaux, passage du tour de France, retraite aux flambeaux, concours de tirs, bals, fête foraine…).
 
Fleuron du patrimoine montois, les arènes sont régulièrement l'objet d'aménagements esthétiques, fonctionnels ou sécuritaires.
 
Dès 1933, les toreros se plaignent de l'absence d'un lieu de recueillement dans les arènes montoises. En 1956, “sur la demande instante des matadors”, est envisagé l'aménagement d'un lieu de culte dans l'ancienne infirmerie. Mais le projet est budgétairement différé et la chapelle n'est finalement réalisée qu'en 1962.
 
Si les arènes sont avant tout un espace à vocation taurine, elles se transforment aussi de temps en temps en lieu de vie.
 
Les arènes du Plumaçon sont ainsi le cadre de spectacles de music-hall, de combats de boxe, d'exhibitions sportives, de meetings politiques, de comices agricoles, de jeux télévisés (Intervilles) et, fait marquant, elles ont­ accueilli, en 1976 puis en 1977, le premier festival punk français.
 
Pour afficher tant son côté taurin que celui de ville de sculptures, la municipalité aménage au fur et à mesure les alentours des arènes.
 
Depuis le 14 juillet 1990, face aux arènes, la place Stanislas-Baron réaménagée, accueille " La Force ". Une œuvre majeure du sculpteur Raoul Lamourdedieu qui symbolise l'affrontement de l'homme et de l'animal, thème évocateur des jeux tauromachiques.
 
Le 17 juillet 1992 est inaugurée devant l'entrée principale la statue " Torero ", œuvre réalisée la même année par le sculpteur Mauro Corda. Le 19 juillet 1992, deux jours plus tard, cette même entrée principale est rebaptisée "Nimeño II" en hommage au matador français décédé quelques mois plus tôt.
 
Si les arènes sont régulièrement entretenues, elles connaissent aussi de vastes travaux. Signalons par exemple les réhabilitations qui ont duré de 1996 à 1998, ainsi que les derniers travaux qui ont eu lieu en 2007.
 
Le 15 mars 2007, la qualité architecturale des arènes du Plumaçon a été récompensée par le Label Patrimoine du XXème siècle.
 
Sources :
 
 
Datos  
 
Technique
 
7129 places dans les gradins
 
69 m de diamètre maximal et 40,20 m de diamètre au niveau de la piste
 
12,10 m de haut
 
8 portes, de A à G, pour l'entrée des spectateurs
 
5 corrales
 
Les arènes montoises sont classées en 1ère catégorie en France
 
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Les cartels de la Madeleine 2022 :
 
Mercredi 20 juillet : 6 toros de Victoriano del Río pour Antonio Ferrera, Diego Urdiales, Daniel Luque.
 
Jeudi 21 juillet :                     
 
11h : Erales de Alma Serena, La Espera, Camino de Santiago, Astarac pour Juanito, Tristán Barroso, Cristiano Torres, Manuel Román.
 
18h : 6 toros de García Jiménez pour Morante de la Puebla, Juan Ortega, Tomás Rufo.
 
Vendredi 22 juillet : 
 
18h : 6 toros de Cuadri pour Rafaelillo, Octavio Chacón, Damián Castaño.
 
Samedi 23 juillet
                  
11h : 6 novillos de Cuillé pour Yon Lamothe, Álvaro Alarcón, Christian Parejo.
 
18h : 6 toros de La Quinta pour Antonio Ferrera, Ángel Téllez (qui remplace Emilio de Justo), Ginés Marín.
 
Dimanche 24 juillet : 
 
18h : 6 toros de Pedraza de Yeltes pour Domingo López Chaves, Alberto Lamelas, Thomas Dufau.
 
Patrice Quiot