Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Lundi, 18 Juillet 2022
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Il y a 14610 jours…
 
Un mois et dix-huit jours avant.
 
Le 1er juin 1982.
 
 
A Madrid.
 
Dans l’arène la plus importante au monde.
 
 
Avait eu lieu.
 
La « corrida du siècle ».
 
 
Avec six toros de Victorino Martín.
 
Dont quatre furent exceptionnels.
 
 
Ruiz Miguel, deux oreilles, Esplá, deux oreilles.
 
Et Palomar, deux oreilles.
 
 
Etaient sortis en triomphe.
 
Victorino Martín aussi.
 
  
Debout, le public de Las Ventas avait crié :
 
« ¡ Esto es la fiesta ! ».
 
 
Et la corrida avait été retransmise en direct.
 
Sur la première chaîne de Televisión Española. 
 
 
A Madrid, Victorino.
 
A la cote.
 
Le 19 juillet 1982.
 
Tombe un lundi.
 
Et à Madrid
 
Se donne la Corrida de la Presse.
 
 
Une tradition.
 
Depuis le 12 juin 1900.
 
 
Au cartel, deux andalous.
 
Manolo Cortés, José Antonio Campuzano.
 
 
Et José Ortega Cano, 29 ans, ce torero de Cartagena.
 
Qui commence à faire parler de lui après des années d'oubli.
 
 
Corrida de la Presse en un concours de ganaderías.
 
Six toros des élevages les moins aimables du pays.
 
 
Hernández Plá,
Fermín Bohórquez,
 
Victorino Martín.
 
Salvador Guardiola.
 
Celestino Cuadri.
 
Et Miura.
 
 
Il fait chaud.
 
Très chaud
 
 
Le thermomètre.
 
Affiche 40,3 degrés.
 
 
L'arène est comble.
 
Les gens sont d'excellente humeur.
 
 
Le troisième toro, le Victorino, s'appelle “Velador”.
 
N° 121, 520 kilos, il est né en janvier 1978. 
 
 
Victorino Martin avait annoncé son toro ainsi : «Je m'appelle Velador, j'appartiens à l'élevage de Victorino Martín et je viens à la corrida-concours pour l'emporter sur tous les toros, et plus spécialement sur celui des Miura, pour en finir une fois pour toutes avec cette légende de terreur des Miura.»
 
 
“Velador” prend une formidable première pique.
 
Dans le terrain du 4.
 
 
Il s'élance avant même que le picador ait fini de se placer.
 
Et renverse le cheval.
 
 
L'arène jubile.
 
Une deuxième pique.
 
 
Le président ordonne.
 
Le changement de tiers.
 
 
Le public proteste.
 
Il aurait voulu en voir une troisième.
 
 
La faena commence.
 
Cano est prudent.
 
 
Mais les gens s'en fichent.
 
Ils n'ont d'yeux que pour “Velador”.
 
 
Qui charge en rythme.
 
Et avec une merveilleuse noblesse.
 
 
Dès le milieu de la faena, ils demandent la grâce.
Et l’obtiennent.
 
 
Le Président.
 
Sort l’orange.
 
 
Et Cano.
 
Simule l’estocade avec une banderille.
 
velador18h
 
Mais “Velador” se trouve bien où il est.
 
Mayoral, toreros, cabestros, rien n’y fait.
 
 
“Velador”.
 
Reste tanqué au milieu du ruedo.
 
 
Dépêché en dernier recours, un chien de troupeau,
 
Manque y perdre la vie.
 
 
Le Président demande.
 
Que “Velador” soit estoqué en piste.
 
 
Mais Mari de las Mercedes.
 
N’est pas d’accord.
 
 
De sa loge royale, María de las Mercedes de Borbón y Orleans, devenue par son mariage Comtesse de Barcelone, épouse du prétendant Juan de Borbón et mère du roi Juan Carlos Ier.
 
 
Fait entendre.
 
Qu’elle n’apprécierait pas du tout que “Velador” soit ainsi exécuté.
 
 
Son avis.
 
Compte.
 
 
Il faut encore batailler.
 
Deux heures.
 
 
Avant que “Velador”
 
Accepte de regagner les corrales.
 
 
Ortega Cano n'a pas coupé la moindre oreille.
 
Fût-elle symbolique, comme on dit dans le jargon.
 
 
Et Victorino.
 
Le ganadero à la dent en or.
 
 
Affirma qu’à cause de “Velador”.
 
« Más de un matrimonio se rompiera ».
 
 
Unique toro gracié à Madrid.
 
“Velador”.
 
 
Est mort en 1989 dans son élevage.
 
Où il servait d'étalon.
 
 
Naturalisé en entier.
 
Il est exposé au Musée Victorino Martín.
 
 
A la finca « Monteviejo »
 
A Moraleja, province de Cáceres.
 
 
C’était à Madrid
 
Le 19 juillet 1982.
 
 
Il y a exactement quarante années.
 
Il y a exactement 14610 jours.
 
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Datos  
 
Victorino Martín Andrés (6 mars 1929, Galapagar, /3 octobre 2017, Moraleja)
 
Entre 1960 et 1965, les frères Martin Andrés, achètent l’élevage des Hermanos Escudero Calvo, héritage le plus prospère de la devise du Marquis d’Albaserrada. 
 
Passionnés par le sang Albaserrada, Santa Coloma à large prédominance Saltillo, les frères Martín Andrés vont s’évertuer à retrouver l’ancienne réputation de la devise. Ils rencontrent le succès à la fin des années 60 à Madrid avec le toro « Baratero » qui est primé d’une vuelta al ruedo. Ils poursuivent leur envol vers les sommets ganaderos dans les années soixante-dix en remportant les prix des ferias les plus prestigieuses comme Madrid et Bilbao.
 
La consécration arrive en 1982 avec l’indulto de « Velador », unique toro gracié à Madrid, et la fameuse « corrida du siècle » où en pleine San Isidro chaque diestro coupa deux oreilles.
 
– Devise : Bleu et Incarnat
– Signal : Hoja de higuera à chaque oreille
– Fincas : « San Marcos » Casas de Don Gómez (Caceres) « Las Tiesas de Santa María » Portezuelo (Cáceres) « El Casita » Garrovillas (Cáceres) « El Agujero » Garrovillas (Cáceres) « Zahurda » Garrovillas (Cáceres) « Monteviejo » Moraleja (Cáceres).
– Ancienneté : 29 Mai 1919
– Origine : Santa Coloma, rame Albaserrada par Escudero Calvo
 
Balompié :
 
Le 11 juillet 1982, à Madrid, au stade Santiago Bernabeu devant 90.000 spectateurs, L’Italie de Dino Zoff avait remporté la XIIème Coupe du Monde de football en battant par 3 buts à 1 l’Allemagne d’Harald Schumacher.
 
Et à Paris ….
 
Dans la nuit du 19 au 20, juillet 1982 deux engins explosent, l'un visant une banque israélienne, l'autre une société spécialisée dans le commerce avec Israël. Il n'y a pas de victimes. Les deux attentats sont revendiqués par des groupes palestiniens.
 
Le 20, un colis piégé explose devant la terrasse d'un café de la place Saint-Michel, blessant légèrement une quinzaine de personnes. Le groupe arménien Orly revendique cet attentat.
 
Le 21, une explosion détruit l'appartement vide de Régis Debray, conseiller du président de la République. Cet attentat aurait été commis par les Brigades révolutionnaires françaises qui avaient revendiqué l'enlèvement de Jean-Edern Hallier.
 
Le 23, Fadl Dani, directeur adjoint du bureau de l'O.L.P. à Paris, meurt carbonisé dans sa voiture, victime d'un engin incendiaire.
 
Le 24, les Arméniens du groupe Orly font exploser une charge dans les toilettes du Pub Saint-Germain, blessant légèrement deux personnes.
 
Patrice Quiot