Jeudi 25 Avril 2024
PATRICE
Dimanche, 24 Juillet 2022
jv24ph
 
Un brindis à toi, compère…
 
De « La Petite Bourse » de nos vingt ans.
 
A la Puebla del Río où maintenant il vivait.
 
 
De l’anis et du skaï des férias.
 
Au tinto de verano partagé sur la terrasse de son «chalet».
 
 
Qu’il louait à Juan Carlos.
 
Le mozo d’espadas de Morante.
 
 
Quand un mois de juillet.
 
De 42 degrés à l’ombre.
 
 
Pour le rejoindre.
 
Je traversais le Guadalquivir.
 
 
Par le bac.
 
Qui mène à Coria del Río.
 
 
Avant de déjeuner ensemble.
 
A « Las Lozas ».
 
 
De sardines.
 
Juste grillées.
 
 
De vin blanc.
 
Et de pain.
 
 
De Nîmes.
 
A l’Afrique de Jacques Brunet « Jaquito ».
 
 
D’Antonin Artaud.
 
A Claude Bruguier.
 
 
De Claude Argenson «Pastèque».
 
A Louis Ferdinand Céline.
 
 
De Jean- Marcel Bouguereau et Gérard Dupuy.
 
A Michel Gilles.
 
 
Du Cordobés de mai 1964.
 
A Léa triomphante sur Bético, Gazela ou Jazmín.
 
 
De la garrigue.
 
Au sable.
 
 
Des cigalons des mazets.
 
A l’infini du ciel.
 
 
De Nîmes.
 
Al mundo entero.
 
 
Une vie.
 
Comme elle se doit d’être.
 
 
Une vie.
 
D’aventure.
 
 
Une vie.
 
De plaisir.
 
 
Une vie.
 
Absolue.
 
 
Une vie.
 
De quiebros à la vie.
 
 
Ridée.
 
Du bel excès.
 
 
Des ravissements.
 
Pris là où ils se trouvent.
 
 
Sans concession.
 
Et sans remord.
 
 
Une vie de parole libre.
 
Détachée des convenances.
 
 
Un langage.
 
Al compás.
 
 
Qui racontait.
 
Des aventures.
 
 
Gitanes sous le soleil.
 
Des cailloux du Grand Erg.
 
 
Sous les sabots.
 
Des toros et des dromadaires.
 
 
Sur la selle.
 
Des chevaux andalous.
 
 
Dans la fumée.
 
Des cigarettes roulées.
 
 
Sur les banquettes.
 
Des coches de la nuit.
 
 
Dans les pages cornées.
 
Des beaux livres.
 
 
Dans l’affection.
 
De ses amis.
 
 
Et celle immense de Dominique.
 
Léa, Antoine et Emmanuelle.
 
 
Et un visage.
 
Qui, jeune, rappelait celui de Pierre Clémenti.
 
 
Rongé.
 
Par l’immensité du monde.
 
 
Il y a quelques mois.
 
Il fut hospitalisé.
 
 
Pour conjurer le diabète.
 
Qui l’a, entre autres, emporté.
 
 
Il devint.
 
Magnifique d’exigence.
 
 
Et n’acceptait de se nourrir.
 
Que de chocolats.
 
 
Il aurait eu 74 ans.
 
Le 31 juillet.
 
 
Jacques Vicens.
 
Etait son nom.
 
 
Françoise et son sourire, partie il y a neuf mois.
 
Était sa sœur.
 
 
Et nous nous connaissions.
 
Depuis plus de cinquante ans.
 
 
Un brindis céleste.
 
A toi, compère.
 
Patrice Quiot