Samedi 20 Avril 2024
ORTHEZ
Lundi, 25 Juillet 2022
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Retour sur la journée taurine d’Orthez avec notamment le triomphe de Solalito avec les Miura…
 
Matin. Cinquante ans des arènes du Pesqué d’Orthez. Novillada. 2/3 d’arène, chaleur suffocante.
 
4 novillos de Miura, deuxième, troisième et quatrième ovationnés à l’arrastre.
 
Juan Carlos Carballo: silence après avis et une oreille.
 
Solalito: vuelta et deux oreilles.
 
Prix du meilleur picador à Espartaco pour son tiers au second novillo.
 
Sobresaliente : Víctor Manuel Rodado.
 
Très bon lot de Miuras, très bien présentés, dans le type, longs, sérieux de tête. Le premier, l’exception d’une journée formidable notamment pour la qualité de la présentation; le garbanzo negro. Les second, troisième et quatrième offrirent un jeu passionnant, solides sur leurs boulets, se livrant au cheval, puis se livrant avec noblesse mais sans mièvrerie par la suite. La prime ira au second, noble, qui transmettait. Le premier donc, una alimaña. Le troisième avec moins de transmission, mais de la classe dans ses charges. Le quatrième plus exigeant.
 
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Juan Carlos Carballo se débarrassa comme il put de son premier opposant. On ne lui en tint pas rigueur compte tenu de la malignité de l’animal. Il brilla lors de son second passage à la muleta dans des séries courtes, mais instrumentées avec goût dans un bon tempo.
 
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Un accrochage fit trembler les tendidos, mais se reprit sans mollir. Faena élégante et profonde, avec de bons moments, même si elle manqua de cohérence, conclue en deux temps qui lui permit de couper un trophée qui a son poids.
 
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Très belle prestation de Solalito venu très concentré et désormais préparé avec talent par Luisito. Avec beaucoup d’assurance, le jeune homme brilla à la cape dans des quites allurés par chicuelinas très serrées notamment. Sa prestation aux banderilles déçut, mais il bâtit son succès sur l’essentiel : c’est-à-dire la faena de muleta. A ses deux passages, il construisit des travaux qui allèrent à más, exécutés des deux bords, dans un rythme excellent, par le bas sans chercher des effets faciles. Le goût des choses bien faites, la rigueur, une technique déjà solide s’appuient chez Solal sur un vrai désir de réussir. C’était patent lors de cette rencontre essentielle pour lui. Son échec à la mort l’empêcha de couper un premier trophée, mais la vuelta très fêtée l’avait montré: il a la côte avec le public, qualité essentielle car elle montre qu’il peut « fonctionner ». La suite renforça ce sentiment, le Pesqué, parfois sur la réserve, soutint ses efforts face au quatrième de la matinale. Une bonne épée lui permit une sortie triomphale et son sourire en disait long sur son bonheur… Habemus torero ! comme on le dit dans d’autres chapelles plus huppées. La valeur montante de la tauromachie française s’est nettement affirmée à Orthez ! Solal, le studieux, a passé la dure épreuve des Miuras avec mention et félicitations du jury.
 
Tarde. Corrida du 50ème anniversaire des arènes du Pesqué. ¾ d’arène. Chaleur saharienne.
 
Trois toros de Monteviejo 1, 2 et 5ème applaudis à l’arrastre et trois de Dolores Aguirre, le sixième, « Carafea » n° 23, vuelta al ruedo.
 
Octavio Chacón : oreille et ovation
 
Sergio Flores : ovation et vuelta al ruedo.
 
Francisco Montero qui prenait l’alternative : saluts et oreille.
 
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Montero pris aux banderilles est passé à l’infirmerie puis il est revenu pour tuer le dernier toro.
 
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Le toro d’alternative s’appelait « Cedrón », il appartenait à l’élevage de Montealto, n°31, de 565 kilos.
 
Les mayorals des deux élevages ont salué à la fin de la corrida.
 
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Le prix au meilleur picador est allé à Gabin Rehabi, monté sur « UDA »
 
Le prix du meilleur geste taurin à Sergio Flores
 
Le prix de la meilleure estocade à Francisco Montero.
 
Le Pesqué a pour ses cinquante ans vécu une tarde qui restera dans les annales. On peut dire que la réussite est totale : présentation, engagement des toreros et émotion du public - à vrai dire l’essentiel.
 
Les six toros étaient donc impeccablement présentés dans des styles très différents. Les Monteviejo, berrendos, ramassés, cornivueltos et bas de châssis, les Dolores Aguirre hauts, armés pointus, imposants de trapío. Les premiers auront surpris les spécialistes car ce deuxième fer de Victorino (présent dans les tribunes) pourrait concurrencer le premier : beaucoup de classe dans la charge, du temple, une grande capacité à humilier et en même temps exigeants car ne pardonnant rien. Le meilleur, le cinquième, un grand toro. Les Dolores Aguirre: brillants à la pique ; le quatrième vite arrêté dans la muleta, le sixième qui fit la vuelta : un tigre…
 
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On a retrouvé Octavio Chacón que l’on disait en difficulté et qui visiblement se plaît dans ces arènes du Pesqué. Sa prestation a été marquée par le sérieux, l’oficio et la capacité de résoudre les problèmes. Il coupa une première oreille après une faena où il profita de la charge loyale de son adversaire (Monteviejo). Une entière au second voyage. Il ne put rien face à son adversaire de Dolores vite arrêté après avoir subi un sévère tiers de piques. Il eut le bon goût de ne pas insister et de l’occire d’une entière. Il fut par ailleurs un chef de lidia impeccable, attentif, serein et prêt à toutes les éventualités.
 
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Grande prestation du torero mexicain Sergio Flores qui fit une démonstration de toreo remarquable face au toro de Monteviejo (5ème). Ce fut le meilleur d’une tarde pourtant riche en événements. Nous vîmes alors l’excellence du toreo mexicain : la lenteur, la fluidité, la profondeur et une certaine lascivité, un abandon total dans ces séries légères, mais en réalité autoritaires imposées à l’animal. Il y avait là une sorte de perfection d’autant plus rare qu’elle s’exerçait sur un animal de respect. Une entière suivie d’une succession de descabellos empêchèrent une récompense espérée, mais la vuelta fut enthousiaste. Sergio avait montré son oficio face au dur Aguirre qui lui échut.
 
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Enfin, Montero, l’impétrant, fut égal à sa réputation : animé d’une soif de succès admirable qui tint le public en haleine après un premier passage, face au Montealto, un peu terne. Il se jeta donc corps et âme dans la guerre face à l’imposant Aguirre clôturant le cycle. Avec un culot monstre, il le passa avec brio à la cape et tenta les banderilles. C’est alors qu’il se fit saisir par l’animal et suspendu par les cornes, jeté à terre, il fut repris par le toro. Instants dramatiques. Forte émotion. Attente angoissée. Montero revint après de longues minutes, le costume déchiré, des gestes de douleurs. Il profita de la charge spectaculaire du toro pour administrer trois séries supportant l’agressivité brutale de l’animal et la douleur qui le taraudait. Tant de courage bouleversa les spectateurs. Une entière au troisième essai et une oreille unanimement demandée.
 
Grand moment donc que cette corrida qui aura donné beaucoup d’émotions, justifiant ainsi la beauté de ce spectacle unique bêtement menacé par des ignorants. Félicitations à Nicolas Pétriat et à toute son équipe de la commission taurine.
 
(Pierre Vidal- corridasi - Photos : Roland Costedoat)
 
Le point de vue de Jean-François Nevière (président de Mexico Aztecas y Toros) reçu ce lundi matin…
 
ORTHEZ : Des Toros et des hommes…
 
D’abord ce fut le matin, une novillada très animée, quatre novillos de Miura dont un très laid, le premier, sorte de grotesque mi-âne mi-toro, hocheur de tête, vilain à souhait. Ensuite, trois novillos dont Carballo tira parti au point que sans pétition aucune la présidence lui octroya assez justement une oreille du second et, après pétition majoritaire ou presque, les deux oreilles du dernier pour Solalito qui a la planta torera et une allure incontestable pour envisager une carrière de torero.
 
L’après-midi, tarde de tous les dangers : deux élevages durs de durs, Monteviejo (2ème fer de Victorino Martín) et Dolores Aguirre redoutables et redoutés. N’y allons pas par quatre chemins, cette tarde d’Orthez est à garder dans nos souvenirs comme un trésor, d’équilibre, de courage, d’émotion et de toros toros parfaitement toréables, et à ce titre, je veux bien me déclarer torista ! Même les redoutables et justement redoutés Dolores Aguirre ont « permis », vendant cher leur peau et risquant de prendre la vie de l’impétrant et désormais matador Francisco Montero.
 
Octavio Chacón a été un bon chef de lidia, un peu « en dedans »,  et Sergio Flores a été sans conteste l’homme du jour, sa vuelta triomphale à son deuxième toro, le Monteviejo, valait toutes les oreilles.  Leçon de sitio immédiatement perçu par le matador mexicain, compas ouvert, pivotant sur un pied, sans bouger d’un poil avec face à lui un animal qui ne cessait de charger.
 
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Sergio Flores a gagné en maturité et poder, muleta autoritaire, sans brailler pour toréer à la voix, planté au centre de l’arène et faisant évoluer ses deux adversaires dans un espace réduit. Classe, élégance, originalité, c’est sans doute ce que le public d’Orthez a perçu pour fêter si bien l’art de Sergio Flores.
 
On souhaite à Francisco Montero tous les courages (il en a) de la chance (pour le moment, il n’en a pas trop eu) et un apoderado pour lui décrocher quelques contrats. On aimerait avoir vite de ses nouvelles ; on l’a cru très grièvement touché lorsqu’on l’a emmené à l’infirmerie.
 
Une fois de plus, et sans jamais céder au pessimisme ambiant : vivan los toros !