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Lundi, 25 Juillet 2022
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Pablo Celis Cuevas, «El Bombero Torero»…
 
Le 15 septembre 2017 à Almodóvar del Campo (Ciudad Real), «El Bombero Torero» donnait sa dernière représentation.
 
Si le toreo comique a existé dès le XIXe siècle et même avant, c’est au début du XXe, qu’il commence peu à peu à gagner les faveurs du public.
 
Des personnages comme Tancredo López «Don Tancredo» (1862/1924), Rafael Dutrús «Llapisera», (1892/1960), Carmelo Tusquellas «Charlot» (1898/1967) ou des formations comme la banda de « El Empastre », marquèrent toute une époque.
 
Mais aussi le torero Francisco Gabriel Pericás (Saragosse 1951- Palma de Majorque 2014), le petit-fils de Gabriel Pericás “Marino Charlot” qui fit les délices des enfants à la fin du XIXe siècle.
 
Et Blas Romero “El Platanito”, né à Castuera (Badajoz) en 1945, qui connut son heure de gloire dans les années soixante après être passé par un établissement correctionnel. C’est à l’âge de 15 ans, quittant sa famille, qu’il part tenter sa chance. Il abandonne les ruedos en 1975 et se convertit en vendeur de loterie dans la rue et dans la périphérie de la plaza de Las Ventas.
 
Ou encore El Toronto, El Gran Kiki, El Gran Tato, Don Canuto, El Chino torero… 
 
Mais la figura emblématique du toreo comique demeure Pablo Celis Cuevas.
 
Né dans la ville cantabrique d'El Teso en 1900, Pablo Celis Cuevas a commencé à travailler à l'âge de 13 ans comme machiniste dans les théâtres de Madrid, ville dans laquelle son père avait émigré sur recommandation du marquis de Comillas, qui l'avait placé comme employé de la Kingdom Association.
Pablo débute dans le monde de la tauromachie en participant à des capeas.*
 
Très vite il commence à actuer dans le toreo comique imitant “Charlot”, qui à l'époque, était à la mode. A 18 ans, Pablo fait ses débuts de toreo comique à Madrid lors d'un festival au profit des enfants russes réfugiés en Espagne en raison de la Première Guerre mondiale.
 
Le « Bombero torero »  voit le jour en 1926.
 
Au Teatro Novedades, l'un de ses lieux de travail, Pablo Celis avait rencontré un pompier de service avec qui il s’était lie d'amitié et dont il s’est inspiré en copiant ses vêtements et sa longue moustache droite.
 
Inventeur de nombreuses suertes, dont celle des banderiller assis par terre ou sautant par-dessus le novillo, il se présente à la Maestranza le 18 juillet 1930, avec grand succès.
 
Il est répété cinq jours plus tard avec un cartel de « No hay billetes». 
 
L'année suivante, le spectacle de Pablo se produit 118 fois.
 
Pendant la guerre civile, il torée en France, où il est annoncé comme Pablo Celis.
 
En 1938, Pablo retourne en Espagne où il retrouve le rôle qui l'a rendu célèbre.
 
En 1952, ses fils Eugenio et Manolín intègrent son spectacle, ainsi que le torero comique Laurelito.
 
En 1953, le nouveau spectacle du «  Bombero Torero » incorporant huit nains qui jusque-là avaient joué au Price Circus, voit le jour. 
 
Le « Bombero Torero » version 2 fit ses débuts avec peu de succès à Oran (Algérie). Mais le spectacle prit de l'ampleur, triomphant en dehors des circuits taurins habituels, comme la Chine où il se produisit 15 fois ou le Liban.
 
Le « Bombero Torero », qui dépassait les 100 représentations annuelles, qui avait à son crédit de nombreux “no hay billetes”, qui, dans de nombreuses ferias, était le sauveteur des insuffisances de taquilla des spectacles plus traditionnels, permit aussi l’apprentissage de nombreux toreros (Antonio Chenel « Antoñete », Paco Ojeda, José María Manzanares, Juan Antonio Ruiz «Espartaco», José Ortega Cano, Dámaso González, Emilio Muñoz…),
 
Les aficionados se souviendront de ce music band, dirigé par Pablo Celis, suivi d'Eugenio – également habillé en pompier –, Manolín avec le grand M sur sa chemise – les deux fils de Pablo –, le célèbre Arévalo avec son costume de Charlot et à d'autres moments, de Cantinflas et enfin la bande de nains dirigée par Miguelín, qui agissait comme matador.
 
Après 43 saisons actives, Pablo Celis prend sa retraite en 1961 à Bogotá, puis ouvre un supermarché à Valence, son lieu de résidence habituel où il décède en 1969.
 
Le spectacle a continué entre les mains de ses fils Eugenio et Manuel.
 
A partir de 2002, ce sont les petits-fils de Pablo, Rafael et Carlos qui ont poursuivi la tradition.
 
Jusqu'au 15 septembre 2017, mettant fin à 91 années d’histoire taurine.
 
Patrice Quiot